[parfois transcrit Tajiri Aigi]

Diplômé en 1920 de l’École supérieure de commerce de Tokyo (Tōkyō kōtō shōgyō gakkō 東京高等商業学校), Tajiri Akiyoshi est engagé cette même année comme enseignant par l’École de commerce n°1 de Kyoto (Kyōto shiritsu daiichi shōgyō gakkō 京都市立第一商業学校). L’année suivante, il réussit le “grand concours” (gaikōkan oyobi ryōjikan shiken 外交官及領事官試験) du ministère des Affaires étrangères (gaimushō 外務省), sans être passé par la voie royale de la faculté de droit de l’Université impériale de Tokyo, contrairement à la grande majorité de sa promotion. Il part ensuite parfaire sa formation dans quatre universités britanniques entre 1922 et 1924. En dépit de ce séjour en Europe qui le destine à représenter son pays dans le monde anglophone – carrière jugée la plus prestigieuse, il décide de se spécialiser dans les affaires chinoises, convaincu que les relations avec la Chine seront déterminantes dans les années à venir. À l’issue de sa formation, Tajiri est nommé en septembre 1925 vice-consul (ryōjikanho 領事館補) de Hankou 漢口. De retour à Tokyo en mai 1928, il travaille au sein de la 2e section du Bureau Asie (Ajiakyoku dai ni ka 亜細亜局第二課) du ministère des Affaires étrangères, avant de repartir en Chine en mars 1930 comme consul de Tianjin. C’est à ce poste qu’il traverse la période mouvementée de l’invasion japonaise en Mandchourie à la fin de l’année 1931. Choisi par l’Armée du Guandong (Kantō-gun 関東軍) pour prendre la tête du futur État mandchou, le dernier empereur Puyi 溥儀 (1906-1967) est exfiltré le 8 novembre 1931 de Tianjin par Doihara Kenji, qui organise et réprime des manifestations chinoises contre la concession japonaise afin de faire diversion. Tajiri se plaint pour la forme auprès de Doihara, mais suit la ligne du Gaimushō qui ne s’oppose pas à l’Armée de terre, espérant encore tirer profit de la situation. Lorsqu’il est interrogé par la commission Lytton, chargée par la Société des Nations d’enquêter sur la situation en Mandchourie, Tajiri rejette la faute de cet épisode sur la partie chinoise.

En mai 1933, il est rappelé à Tokyo pour diriger la 2e section du Bureau Asie, puis, un an plus tard, la 2e section du Bureau Asie de l’Est (Tōakyoku dai ni ka 亜細亜局第二課). En juillet 1935, il devient consul de Qingdao, avant de retrouver, en mai 1936, son poste de consul à Tianjin. Nommé parallèlement Premier secrétaire d’ambassade (taishikan ittō shokikan 大使館一等書記官), il est à Shanghai lorsqu’éclate l’Incident du pont Marco-Polo, le 7 juillet 1937. Comme beaucoup de diplomates spécialistes de la Chine, il est dépité par la déclaration du 16 janvier 1938, par laquelle le premier ministre Konoe Fumimaro annonce rompre toute discussion avec le Gouvernement national chinois. En juillet, il revient au Japon pour prendre la direction de la 5e section de la Division recherche (chōsabu 調査部) du ministère des Affaires étrangères, créée en 1933 afin de doter la diplomatie japonaise d’une politique continentale à long terme, devant lui permettre de rattraper son retard sur l’Armée de terre en la matière. Il prend alors connaissance des tractations en cours, menée par Gao Zongwu, qui aboutissent à la défection de Wang Jingwei, le 18 décembre 1938. Le ministre des Affaires étrangères Arita Hachirō 有田八郎 (1884-1965) l’envoie auprès de Kagesa Sadaaki pour apprendre le détail de l’opération. Dans ses mémoires Tajiri écrit lui avoir demandé si “des négociations de paix sont envisagées avec Chongqing” ou bien s’il s’agissait “d’un stratagème destiné à gagner la guerre ?“. Ce à quoi, Kagesa aurait répondu qu’il s’agissait bien d’un “stratagème [bōryaku 謀略]”. À la demande de Gao, qui a noué un lien de confiance avec Tajiri depuis 1936, ce dernier est nommé consul-général (sōryōji 総領事) à Hong Kong le 2 décembre 1938, en vue des négociations qui doivent suivre la défection du numéro deux chinois. La voie terrestre depuis Canton, où fait escale Tajiri, étant coupée, le nouveau consul est contraint d’emprunter une canonnière pour atteindre la colonie britannique, à la grande satisfaction de la Marine japonaise qui n’a plus mouillé dans le “port parfumé” depuis le début de la guerre sino-japonaise. Outre qu’il apprécie peu d’être redevable à l’armée, Tajiri sait que cette entrée remarquée fait mauvaise impression chez ses interlocuteurs britanniques et chinois.

Arrivé le 10 décembre à Hong Kong, Tajiri se montre d’emblée pessimiste quant aux chances de succès de l’ « Opération Wang Jingwei ». Après la publication du yandian 艷電 le télégramme dans lequel Wang Jingwei justifie son choix de quitter Chongqing, Tajiri rédige un rapport qui préconise que le Japon cherche à instiller le doute sur l’implication de Jiang Jieshi aux côtés de Wang, dans le but de fragiliser le Front uni et de diviser le GMD. La rumeur d’une entente secrète entre Jiang et Wang, explique-t-il, amènera les Communistes à redouter une répétition de la purge sanglante de 1927. Malgré son peu d’enthousiasme pour l’« Opération Wang Jingwei », Tajiri défend son maintien face à ceux qui demandent déjà qu’elle soit abandonnée au profit d’un canal plus prometteur, comme celui établi avec l’entourage de Kong Xiangxi. Il défend également une plus grande participation du Gaimushō dans l’opération, dominée par l’Armée de terre. Dans ses mémoires, Tajiri affirme qu’il souhaite, de cette manière, détourner le stratagème des militaires de sa « voie diabolique [jadō 邪道] » pour la réorienter vers la réalisation d’une paix véritable ; une justification donnée a posteriori qui est contredite par les nombreux rapports envoyés durant cette période par le diplomate, dans lesquels il insiste, au contraire, pour exploiter au mieux ce stratagème aux dépens de Chongqing. Tajiri rentre en catastrophe au Japon le 3 février 1939 pour se rendre au chevet de son épouse mourante, avant de repartir pour Hong Kong.

En septembre 1939, Tajiri est posté comme Premier secrétaire d’ambassade à Shanghai, où le groupe de Wang Jingwei négocie les termes de sa collaboration. S’il est le seul diplomate à s’être directement impliqué dans la phase initiale de l'”Opération Wang Jingwei“, il n’a cessé de mettre en garde son ministre Arita contre ce plan et a prévenu Kagesa qu’il ne voulait plus prendre part aux préparatifs du nouveau gouvernement central chinois. En raison de sa proximité avec Kagesa, ses supérieurs espèrent toutefois que Tajiri pourra surveiller les militaires pour le Gaimushō dans les discussions avec le groupe de Wang. Dès son arrivée en octobre, Tajiri comprend vite qu’il n’a aucune prise sur les activités de l’Agence de la prune (ume kikan 梅機関) établie par Kagesa à Shanghai fin août 1939 pour piloter la mise en place du nouveau régime. Si elle comprend quelques diplomates capables – Yano Seiki 矢野征記 (1900-1975) et Shimizu Tōzō, ces derniers ne lui sont d’aucune aide tant ils semblent faire passer les vues de l’armée avant celles de leur corps d’origine. Il parvient néanmoins à suivre les tractations en cours grâce à Inukai Ken, qui partage sa vision des relations sino-japonaise mais pèse lui-même peu dans l’agence de Kagesa. En janvier 1940, Tajiri est rappelé à Tokyo pour prendre la direction de la 1ère section du Bureau Asie de l’Est. Il y contribue notamment à mettre en forme le texte négocié à Shanghai à l’hiver 1939-1940, qui aboutit au “Traité sur les relations fondamentales sino-japonaises” (Zhong-Ri jiben guanxi tiaoyue 中日基本關係條約) signé entre Abe Nobuyuki et Wang Jingwei le 30 novembre 1940. Il décrit ces douze mois consacrés à l’élaboration de cet accord comme les plus pénibles et inutiles de sa carrière.

Cette période est marquée par la formation du second cabinet Konoe, en juillet 1940, et la nomination de Matsuoka Yōsuke 松岡洋右 (1880-1946) aux Affaires étrangères, qui entraîne un large remaniement au sein du ministère. Alors qu’il espérait être muté aux États-Unis, Tajiri est, à sa grande consternation, nommé conseiller (sanjikan 参事官) à l’ambassade de Nankin. Dans les mois qui séparent l’inauguration du gouvernement de Wang Jingwei, le 30 mars 1940, et la signature du “Traité sur les relations fondamentales sino-japonaises”, qui doit s’accompagner de sa reconnaissance officielle par Tokyo, les canaux de discussions avec Chongqing sont réactivés. Convaincu que la victoire éclair de l’Allemagne en Europe de l’Ouest va pousser Jiang Jieshi à revoir sa stratégie, Matsuoka demande qu’un nouvel accord avec Chongqing soit rédigé, qui renonce notamment à la démission du généralissime. De son côté, Jiang laisse planer le doute sur ses intentions, dans l’espoir d’empêcher la reconnaissance du gouvernement rival de Nankin. Cette convergence débouche sur l’ « Opération Sen » (Sen kōsaku 銭工作), du nom de Qian Yongming 錢永銘 (1885-1958), un banquier et homme politique proche de Jiang Jieshi. Après une rencontre liminaire entre Qian et Nishi Yoshiaki, qui transmet à Tokyo les conditions chinoises (fusion de Chongqing et Nankin, retrait complet de l’armée japonaise et traité de défense mutuel sino-japonais), Tajiri est envoyé en octobre 1940 à Hong Kong en compagnie de Funatsu Tatsuichirō. Le 20 novembre, Matsuoka reçoit de Chongqing la demande que la reconnaissance du régime de Wang Jingwei soit repoussée. Le canal Qian-Tajiri est toutefois rapidement mis en échec par une coalition d’intérêts contraires. Prévenue de l’avancée des discussions de Hong Kong par l’interception des télégrammes entre Tajiri et Matsuoka, l’Armée de Chine centrale fait tout pour empêcher qu’elles se concrétisent, consciente que son influence en zone occupée dépend désormais de celle de Wang Jingwei. Envoyés à Tokyo pour faire pression sur Matsuoka, Zhou Fohai et Abe Nobuyuki obtiennent que la reconnaissance diplomatique de Nankin ait finalement lieu le 30 novembre.

En novembre 1941, Tajiri retourne à Tokyo pour prendre la tête de la Division recherche du ministère des Affaires étrangères. Il dit s’être fermement opposé à l’entrée en guerre contre les États-Unis, un mois plus tard, et avoir soumis, en vain, sa démission. En novembre 1942, il est renvoyé en Chine comme ministre plénipotentiaire (tokumei zenken kōshi 特命全権公使), chargé de représenter l’ambassade du Japon à Shanghai. Prenant part aux négociations autour de la rétrocession des concessions étrangères, qui aboutit au cours de l’année 1943, il devient très proche du maire de la ville, Chen Gongbo, dont il loue la retenue et la franchise qu’il juge à l’opposé de Wang Jingwei, connu pour être tactile et beau parleur. En avril 1944, Tajiri est muté aux Philippines, ce qu’il vit comme un bannissement pour avoir tenu tête à ses supérieurs durant son séjour à Shanghai. Il rentre au Japon peu avant la capitulation d’août 1945, pour prendre ses fonctions comme vice-ministre de la Grande Asie orientale (daitōashō jikan 大東亜省次官) en mai 1945.

Il est amené à jouer un rôle important dans la période de transition qui s’ouvre alors. Connu pour être un fin lettré, Tajiri rédige le brouillon du Rescrit impérial sur la fin de la guerre de la Grande Asie orientale (daitōa sensō shūsen no shōsho 大東亜戦争終戦の詔書), qui sert de base à l’allocution radiodiffusée de l’empereur Shōwa le 15 août 1945. L’entourage de l’empereur s’efforce alors de redéfinir l’image publique de Hirohito pour faire de lui le garant de la paix, de crainte qu’il ne soit tenu responsable de la politique expansionniste nippone. Occupant brièvement le poste de vice-ministre des Affaires étrangères durant le mois d’octobre 1945, Tajiri est chargé de faire la liste des charges pouvant être retenues contre l’empereur, ainsi que des arguments permettant de les contrer. Il s’agit, plus largement, de s’entendre à la tête de l’État pour éviter que les querelles entre les différentes factions du gouvernement et de l’administration ne soient exploitées par l’occupant américain dans les procès d’après-guerre.

Ayant démissionné de la fonction publique en janvier 1946, Tajiri travaille par la suite comme conseiller dans des groupes industriels tels que Yodogawa Steel Works (Yodogawa seikōsho 淀川製鋼所) et Iwatani (Iwatani sangyō 岩谷産業). Pour autant, il ne délaisse pas tout à fait la Chine et les idéaux panasiasistes qui l’animaient durant sa carrière de diplomate. À la fin des années 1960, Tajiri est nommé président de la Kazankai 霞山会, une fondation créée au lendemain de la guerre afin de poursuivre l’œuvre de l’Association pour la culture commune d’Asie orientale (Tōadōbunkai 東亜同文会) née en 1898 de la fusion entre l’Association pour l’Asie orientale (Tōakai 東亜会) d’Inukai Tsuyoshi 犬養毅 (1855-1932), père de Inukai Ken, et l’Association pour culture commune (Dōbunkai 同文会), fondée par Konoe Atsumaro 近衛篤麿 (1863-1904), père de Konoe Fumimaro. Il participe ainsi, en février 1967, à l’établissement de l’Institut de recherche sur l’Asie de l’Est (Tōagakuin 東亜学院) destiné à favoriser la compréhension mutuelles entre le Japon et ses voisins, à commencer par la Chine, sur le modèle du Tōa dōbun shoin 東亜同文書院 (Institut de la culture commune est-asiatique) fondé en 1900 à Shanghai, par lequel sont passés un grand nombre de “spécialiste de la Chine” japonais avant-guerre. Tajiri participe également au débat public qui accompagne la normalisation des relations diplomatiques du Japon avec la République populaire de Chine en prenant  la défense du Communiqué commun dans la presse (“Nit-Chū kankei no shōrai 日中関係の将来”, Keizai jidai 経済時代, vol. 38, n°1, janv. 1973, p. 68-76). Il consacre les dernières années de sa vie à la rédaction de ses mémoires qui sont publiées deux ans après sa mort : Tajiri Akiyoshi kaisōroku—hansei o kaketa Chūgoku gaikō no kiroku 田尻愛義回想録:半生を賭けた中国外交の記録 (Les Mémoires de Tajiri Akiyoshi : le pari d’une vie pour moitié consacrée aux relations diplomatiques avec la Chine), Hara shobō, 1977.

Sources : NKJRJ, p. 314-315 ; Wikipedia ; WXM, p. 255-268 ; Brooks 2000, p. 150, 229, 248 ; Lu 2003, p. 178, 180 ; Tobe 2005 ; JACAR B02031743300 ; Barrett, Shyu 2001b, p. 56-58 ; Kushner 2015, p. 47, 336 ; Hoppens 2015, p. 125 ; Hotta Yukihiro 2016.

[zi Baojin 保晉]

Natif de Nankin, Tao Xisan fait des études de droit à l’Université Hōsei 法政大学 (Tokyo), avant de travailler dans l’administration Qing à l’époque des “Nouvelles politiques” (xinzheng 新政), puis sous le gouvernement Beiyang. En 1927, il se retire de la politique et se lance dans les affaires. Parallèlement, ce fervent bouddhiste prend la tête de la branche nankinoise de la Société internationale du svastika rouge (shijie hong wanzi hui 世界紅卍字會).

Au début de l’occupation, cette dernière sert de matrice au Comité de gouvernement autonome de Nankin (Nanjingshi zizhi weiyuanhui 南京市自治委員會), dont Tao est nommé président à sa création, le 1er janvier 1938, dans le contexte du massacre perpétré par les troupes nipponnes dans la capitale. Le 24 janvier, sa demande de démission est rejetée. Cinq jours plus tard, sa maison est mise à sac par des soldats japonais. Après la formation du Gouvernement réformé (weixin zhengfu 維新政府), le 30 mars, Tao obtient une sinécure d’abord comme vice-président de la Daminhui 大民會 (Association du grand peuple) puis, en septembre 1939, comme membre du Yuan législatif (lifayuan 立法院).

Il conserve ce dernier poste sous le gouvernement de Wang Jingwei après sa fondation en mars 1940, tout en continuant à diriger la Société du svastika rouge. En novembre 1942, il est sanctionné pour avoir remis en cause la probité du Comité de gestion des vivres (liangshi guanli weiyuanhui 糧食管理委員會) dirigé par Gu Baoheng, un protégé de Wang Jingwei. Des conseillers du Yuan de contrôle (jianchayuan 監察院), parmi lesquels Lü Yifeng, font alors circuler l’accusation portée contre le Comité. Début décembre, Tao Xisan et ces derniers sont publiquement accusés de comploter avec des spéculateurs pour saper la politique de ravitaillement. D’abord révoqué, Tao est rétabli dans ses fonctions après avoir fait acte de repentance. Il quitte finalement son poste le 24 avril 1944.

Arrêté au lendemain de la guerre pour collaboration avec l’ennemi, Tao est condamné à trois ans de prison en avril 1946. Libéré deux ans plus tard, il décède peu après. Il est, ces dernières années, l’objet d’une tentative de réhabilitation de la part de l’Association de recherche d’outre-mer sur Tao Baojin (Tao Baojin haiwai yanjiuhui 陶保晉海外研究會). Celle-ci met en avant son rôle décrit comme héroïque durant le Massacre de Nankin et sous le gouvernement de Wang Jingwei, qu’il n’aurait pas hésité à défier en dénonçant le scandale du Comité de gestion des vivres en 1942.

Sources : Brook 2005, p. 136, 149, 156 ; MZN, p. 1031, 1041 ; ZG, n°418, p. 1-2 ; Association de recherche d’outre-mer sur Tao Baojin.

[Également transcrit Thung Liang Lee]

Né à Java dans une famille originaire du Fujian (son nom indonésien est Tubagus Pranata Tirtawidjaya), Tang Liangli étudie à Vienne et Londres où il obtient, en 1925, une licence d’économie. En 1928, il rencontre à Paris Wang Jingwei, qui lui fait une profonde impression. L’année suivante, Tang est nommé correspondant du Comité exécutif central du GMD en Europe (zhongyang zhixing weiyuanhui zhu-Ou tongxun zhuren 中央執行委員會駐歐通訊主任). Après plusieurs années passées à Londres, où il publie des ouvrages anti-impérialistes tels que China in Revolt: How a Civilization Became a Nation (1927), Tang s’installe en Chine en 1930. Secrétaire privé de Wang Jingwei, il travaille comme correspondant pour des journaux comme The New York Times, tout en poursuivant une œuvre prolifique d’essayiste comprenant une biographie de Wang (1931), une étude sur la suppression des « bandits communistes » (1934) ou encore sur la nouvelle monnaie chinoise (1936). Tang lance également le bimensuel The People’s Tribune, dans lequel il diffuse ses idées sur la place de la Chine dans l’ordre international. Très critique à l’égard de la Société des Nations, Tang prône une diplomatie chinoise indépendante ; un sentiment renforcé par l’impuissance occidentale après l’invasion japonaise en Mandchourie.

Ces attaques, qui visent en Chine des diplomates comme Wellington Koo (Gu Weijun) 顧維鈞 (1887-1985), s’inscrivent, plus largement, dans une réflexion sur l’impérialisme et la notion de civilisation. L’universalisme prôné par la Société des Nations cache, à ses yeux, la perpétuation d’une hiérarchie raciale reléguant la Chine, mais aussi le Japon, au rang d’inférieurs. En 1933, il est nommé conseiller au ministère de Affaires étrangères (waijiaobu 外交部) par Wang Jingwei qui vient d’en prendre la tête. Son rejet des démocraties occidentales conduit Tang à saluer la rapidité avec laquelle les régimes fascistes ont transformé la société, tout en regrettant la cruauté et la sottise de certaines de leurs mesures. Il laisse ainsi s’exprimer dans sa revue des commentaires favorables au nazisme, qui suggèrent des similitudes entre le socialisme du IIIe Reich et le « bien-être du peuple » de Sun Yat-sen.

Resté à Shanghai au début de la guerre, Tang participe au Mouvement pour la paix de Wang Jingwei en tant que membre du Comité de propagande établi, en mai 1939, sous la direction de Lin Baisheng. Au moment de la formation du nouveau gouvernement en mars 1940, il est désigné chef du bureau international au sein du ministère de la Propagande (xuanchuanbu 宣傳部). Si sa proximité avec Wang lui donne un certain pouvoir, Tang est peu apprécié en raison d’un caractère difficile, mais aussi parce qu’il parle mal le chinois et ne l’écrit pas. Le consul Pierre Salade rapporte ainsi, en janvier 1941, que Tang « semble avoir fait contre sa personne une quasi-unanimité au sein du gouvernement de Nankin » et devrait, pour cette raison, être éloigné sous le prétexte d’une mission de propagande en Europe. Après l’abandon de ce projet, il est nommé au ministère des Affaires étrangères comme vice-ministre chargé des affaires politiques (waijiaobu zhengwu cizhang 外交部政務次長) entre mai et octobre 1941. Salade explique également cette mission par le fait que « les milieux diplomatiques japonais l’auraient choisi comme bouc émissaire et lui reprocheraient d’avoir largement contribué à envenimer localement les rapports nippo-américains ». Fondateur de la Ligue anti-américaine, celui que le Times surnomme en 1940 le « Goebbels chinois » est, de fait, très actif à Shanghai où il tente de recruter dans les milieux étudiants et syndicaux. Il organise de nombreux meetings dénonçant les visées impérialistes des États-Unis en Chine. Ce discours cible plus particulièrement ce que Tang nomme le « judéo-américanisme ».

Avant-guerre déjà, il avait fait des missionnaires protestants les principaux agents de l’impérialisme occidental en liant ceux-ci à la présence juive en Chine. Il développe l’idée que le monde anglo-saxon mène une croisade contre les nations orientales jugées païennes (Chine, Japon, Inde). Ce panasiatisme justifiant la collaboration s’exprime également dans la réédition de textes de Sun Yat-sen sur la fraternité sino-japonaise. Antisémite virulent, Tang fait remonter « l’invasion juive en Chine » à l’installation en 1832 de la famille Sassoon enrichie grâce au trafic de l’opium. Les juifs sont accusés de nourrir le différend sino-japonais en soutenant les « activités terroristes de Chongqing » contre l’harmonie de la « nouvelle sphère de la Grande Asie ». C’est dans cet esprit que, le 8 août 1940, un décret est soumis à Nankin qui vise à contrôler les ressortissants des « pays tiers ». Les réfugiés juifs de Shanghai y sont stigmatisés comme « ennemis de l’Ordre nouveau », espionnant pour le compte de Jiang Jieshi. Entre 1940 et 1943, des opérations sont menées par les autorités japonaises, notamment la spoliation et l’expulsion des juifs du quartier de Hongkou 虹口, en octobre 1940, et l’internement de l’ensemble des juifs de Shanghai dans des camps de concentration début 1943. En mars, Tang est chargé de mettre en place la censure des agences de presse et autres stations radiophoniques des pays neutres, afin de défendre les intérêts du gouvernement collaborateur. Les chancelleries doutent de la capacité de ce dernier à appliquer cette nouvelle réglementation mais s’inquiètent que Tang, « connu pour sa xénophobie », ne fasse du zèle.

Arrêté au lendemain de la guerre, Tang est libéré avant 1949. Il retourne alors en Indonésie où il participe, aux côtés de Liem Koen Hian 林群賢 (1896-1952), à la fondation en mars 1950 du Persatuan Tenaga Indonesia (Union des forces indonésiennes). Ce parti politique défend l’assimilation des Sino-indonésiens et s’oppose au Persatuan Tionghoa (Union chinoise), organisation communautariste favorable aux colons hollandais. Par la suite, Tang travaille au ministère de la Propagande de la jeune République indonésienne. Après le « mouvement du 30 septembre 1965 », qui voit le massacre de milliers de Communistes, il organise avec plusieurs universitaires l’Association d’étude indonésienne sur les affaires internationales et lance, en 1969, une revue sur le sujet. Quelques mois avant sa mort, Tang livre un témoignage, abordant notamment le rôle de Wang Jingwei, à l’historien Tatsuo Yamada 山田辰雄 qui le publie en 1972.

Sources : Xu Youchun 2007, p. 2064 ; Tsuchiya 2012 ; Clinton 2014 ; Scott 2008, p. 255 et passim ; Kirby 1984, p. 166 ; Chiu 2008, p. 107 ; Zhou Xun 2001, p. 147 sqq. ; The People’s Tribune, vol. 29, fév. 1940 ; ADF 327 ; MZN, p. 1076 ; Yang Baoyun 2001, p. 485 ; Suryadinata 1977.

Peu de destins épousent si parfaitement la trajectoire du Japon en Asie orientale, depuis la Chine des années 1930 jusqu’à la jungle laotienne de la Guerre froide. Sans commune mesure avec son rang dans la hiérarchie militaire – il ne dépasse jamais le grade de colonel (taisa 大佐), atteint en 1943, l’influence de Tsuji sur le cours de la guerre est symptomatique du gekokujō 下克上 (domination des subalternes sur leurs supérieurs). Sorti deuxième de l’École supérieure de guerre (rikugun daigakkō 陸軍大学校) en 1931, Tsuji combat à Shanghai en 1932. Il y reçoit la première de ses vingt-sept blessures sur le champ de bataille qui lui valent la réputation d’être immortel. Durant son séjour en Chine, il visite le Xinjiang en compagnie de Zhou Xuechang. De retour à Tokyo, il sert notamment comme instructeur à l’École d’officiers de l’armée de terre (rikugun shikan gakkō 陸軍士官学校). En novembre 1934, ce pilier de la faction de contrôle (tōseiha 統制派) déjoue un projet de coup d’État de la faction de la Voie impériale (kōdōha 皇道派), impliquant plusieurs de ses étudiants. Nommé dans l’Armée du Guandong (Kantō-gun 関東軍) en 1936, Tsuji devient un disciple du charismatique Ishiwara Kanji et participe à la conception de l’Association Concordia (xiehehui 協和會).

Au lendemain de l’incident du 7 juillet 1937, Tsuji prône pourtant la guerre contre la Chine aux côtés de Tōjō Hideki 東條英機 (1884-1948), dont il devient proche. Désireux d’être au plus près de l’action, Tsuji se fait nommer dans l’Armée régionale de Chine du Nord (kita Shina hōmengun 北支那方面軍), lors de sa création le mois suivant. Insolent envers ses supérieurs et autoritaire avec ses soldats, il est rapidement renvoyé dans l’Armée du Guandong. Il ne tarde pas à se faire de nouveau remarquer en jouant un rôle déterminant dans l’escalade qui conduit à la cinglante défaite japonaise contre les Russes à Nomonhan en 1939. Il est alors muté à Taiwan, avant de rentrer au bureau des opérations du Quartier général impérial (daihon.ei 大本営) à Tokyo. Il s’y impose comme l’un des principaux concepteurs de la réorientation méridionale de l’expansion japonaise. On lui prête même un projet d’assassinat du prince Konoe, afin de prévenir tout accord avec les États-Unis.

Envoyé à Nankin auprès de l’état-major de l’Armée expéditionnaire de Chine (Shina hakengun 支那派遣軍) en février 1940, Tsuji s’implique dans la mise en place du gouvernement de Wang Jingwei. Il participe notamment au développement du Mouvement de la Ligue d’Asie orientale (Dongya lianmeng yundong 東亞聯盟運動) voulu par Ishiwara. Si Wang Jingwei y voit un moyen de se débarrasser des organisations de masses rivales en les fusionnant dans la nouvelle organisation – un stratagème suggéré par Tsuji lui-même, Zhou Fohai se montre réticent, considérant que Tsuji ne cherche qu’à renforcer l’emprise japonaise sur la Chine centrale. Tsuji s’oppose également au conseiller économique Aoki Kazuo. En novembre 1940, il est muté au Bureau de recherche de l’Armée de Taiwan (Taiwan-gun kenkyū-bu 台湾軍研究部).

Lorsque la Guerre du Pacifique éclate en décembre 1941, il participe à l’invasion de la Malaisie. Son plan pour la prise réussie de Singapour lui vaut le surnom de « dieu de la stratégie ». Mais le passage de Tsuji dans l’ancienne colonie britannique est surtout marqué par son rôle dans le massacre des Chinois d’outre-mer (sook ching 肅清), entre février et mars 1942. Sa légende noire veut qu’il se soit même livré à des actes d’anthropophagie sur un pilote américain exécuté à Singapour. Muté aux Philippines en avril, il s’illustre dans un autre crime de guerre : la « marche de la mort de Bataan », entre avril et mai 1942, au cours de laquelle plusieurs milliers de prisonniers philippins et des centaines de soldats américains périssent. À cette occasion, il s’oppose à Imai Takeo, qui exige une preuve écrite après que Tsuji a prétendu avoir reçu de Tokyo l’ordre de tuer les prisonniers. Tsuji est ensuite nommé en Nouvelle Guinée puis à Guadalcanal, où son plan de contre-attaque en octobre est un fiasco.

En août 1943, il est muté à Nankin comme chef de la 3e section de l’Armée expéditionnaire de Chine. Selon Yu Yuquan, cette venue traduit la volonté chez Tōjō Hideki de renforcer la discipline en Chine centrale. Tsuji aurait ainsi insisté pour faire exécuter les protagonistes de l’affaire Hou Dachun, en mars 1944. Fidèle à sa réputation de casse-cou, il se dit prêt à se rendre à Chongqing au péril de sa vie si des négociations de paix sont possibles. Ses relations avec Zhou Fohai se dégradent durant ce second séjour à Nankin. Le 26 août 1943, Zhou le décrit encore dans son journal personnel comme « profondément respectueux de l’indépendance et de la liberté de la Chine » et considère que sa venue lui sera très profitable. Le 7 mars 1944, le conseiller en chef de la Banque centrale de réserve, Kimura Masutarō, lui révèle que l’action de Tsuji est extrêmement néfaste pour le régime de Nankin. De fait, Jin Xiongbai rapporte que Tsuji cherche à éliminer physiquement Zhou. Lorsqu’il rencontre le colonel Matsutani Makoto 松谷誠 (1903-1998), qui succède à Tsuji en juillet 1944, Zhou se félicite de son caractère « posé », bien différent du comportement « extravagant et brutal » de son prédécesseur.

Muté en Birmanie, Tsuji brille une nouvelle fois pour son sens tactique et son courage. Sa vie après la défaite japonaise est encore plus rocambolesque, à en croire le long rapport que lui consacrent les services secrets américains en mars 1958. Au lendemain de la capitulation, Tsuji s’enfuit en Thaïlande, avant de retourner en Chine déguisé en moine bouddhiste. Arrêté par les Nationalistes, il est libéré sans procès avec d’autres officiers japonais, formant le « groupe blanc » (baituan 白團), qui se met au service de Jiang Jieshi pour lutter contre les Communistes. Il rentre incognito au Japon en 1948 et, deux ans plus tard, bénéficie d’un abandon des poursuites pour crime de guerre à son encontre. Tsuji fait alors un retour en fanfare sur la scène publique, publiant de nombreux textes à propos de son expérience pendant la guerre.

Héros des cercles d’extrême-droite réhabilités à la faveur de la Guerre de Corée, Tsuji cherche à relancer la Ligue d’Asie orientale de son ancien mentor Ishiwara. Reprenant les thèses de ce dernier sur la « guerre finale », Tsuji multiplie les conférences dans lesquelles il prophétise une Troisième Guerre mondiale qui verra l’Union soviétique l’emporter contre les États-Unis. Dans cette perspective, il prône un réarmement du Japon. En 1952, Tsuji est élu député à la Chambre des Représentants (shūgi-in 衆議院) dans le camp conservateur. Les circonstances de sa mort, après sa disparition au Laos en 1961 alors qu’il couvre la guerre du Viêt Nam pour le Asahi shinbun 朝日新聞, n’ont jamais été élucidées. Selon des renseignements contradictoires, il aurait conseillé Võ Nguyên Giáp (1911-2013) dans le Nord-Vietnam jusqu’en 1968 ou, plus probablement, aurait été fait prisonnier par le PCC en janvier 1963 au Yunnan avant d’être exécuté. Il est officiellement déclaré mort en 1968.

Sources : KSDJ ; NRSJ, p. 103-104 ; CIA « Tsuji Masanobu, vol. 1 » ; Horii 2011, p. 128-132 ; Hayashi 2008 ; Drea et al. 2006, p. 211-215 ; Yuan Yuquan 2010, p. 152-153 ; ZR, p. 788, 806, 862, 899 ; Okada 1974, p. 221 sqq. ; Kushner 2015, p. 188 ; Boyle 1972, p. 331.

Originaire de Liuyang près de Changsha (Hunan), Tang est le fils aîné de Tang Caichang 唐才常 (1867-1900), célèbre réformateur de la fin des Qing, exécuté pour avoir organisé un soulèvement à Hankou à l’instigation de Kang Youwei 康有為 (1858-1927). Après ce drame, sa famille s’installe à Shanghai. Tang prend un alias et part étudier jusqu’en 1908 à l’École d’officiers de l’armée de terre (rikugun shikan gakkō 陸軍士官学校) de Tokyo. Durant son séjour au Japon, il adhère à la Ligue jurée (Zhongguo tongmenghui 中國同盟會) dirigée par Sun Yat-sen. En juin 1913, Tang participe, aux côtés de Hu Hanmin 胡漢民 (1879-1936) notamment, à la création, de l’Armée anti-Yuan Shikai qui proclame l’indépendance du Hunan. Après l’échec de ce soulèvement, il s’exile au Japon avant de le relancer deux ans plus tard.

Nommé conseiller à l’état-major de l’Expédition du Nord (beifa 北伐) en 1921, il prend le commandement de la VIe armée en 1926. Suite à un différend avec Jiang Jieshi, il rejoint Wuhan et prend part au mouvement anti-Jiang. De même que Wang Jingwei, il se réconcilie avec Jiang en 1932 et obtient un siège au Comité des affaires militaires (junshi weiyuanhui 軍事委員會). En mai 1933, Tang Mang devient conseiller du Comité de règlement politique du Yuan exécutif à Beiping (xingzhengyuan zhu-Ping zhengwu zhengli weiyuanhui 行政院駐平政務整理委員會) qui négocie avec le Japon la mise en place d’une zone démilitarisée au sud de la Grande Muraille. Il quitte ses fonctions deux ans plus tard et réapparaît en août 1939 comme délégué du “6e congrès” réuni en vue de l’établissement du Gouvernement national réorganisé de Wang Jingwei. Au sein de ce dernier, il est responsable des questions militaires auprès de la présidence (canjunzhang 參軍長) et siège au Comité des affaires militaires. Commandant de la IIIe Armée de reconstruction nationale par la paix (heping jianguo jun di san jituan jun zongsiling 和平建國軍第三集團軍總司令), Tang est en contact avec les services secrets militaires du Juntong 軍統 de Dai Li, communiquant avec Chongqing au moyen d’un transmetteur radio.

Arrêté au lendemain de la capitulation japonaise, Tang Mang est libéré sous caution grâce à l’intervention de vingt-deux personnalités politiques et militaires du Hunan, parmi lesquelles Cheng Qian 程潛 (1882-1968), Huang Jie 黃杰 (1902-1995), Qiu Ao 仇鰲 (1879-1970) ou encore les frères Tang Shengzhi 唐生智 (1889-1970) et Tang Shengming. En novembre 1948, il retourne à Changsha où il prend part aux activités clandestines de la branche locale du Comité révolutionnaire du GMD (Zhongguo guomindang geming weiyuanhui 中國國民黨革命委員會). En août 1949, Tang fait ainsi partie des signataires de la “Déclaration des personnalités de différentes classes de Changsha en soutien aux autorités [locales] pour éviter les dommages de la guerre et appelant à la paix (Changshashi gejie wei yonghu dangju, bimian zhanhuo, huyu heping xuanyan 長沙市各界為擁護當局避免戰禍呼籲和平宣言)” qui favorise la conquête du Hunan par le PCC. Il s’installe ensuite à Hong Kong où il meurt en 1954 ou 1968, selon les sources.

Sources : Xu Youchun 2007, p. 1313 ; Changsha shizhi, p. 185-186 ; Baidu.

Judas du “Mouvement pour la paix” de Wang Jingwei aux côtés de Gao Zongwu, Tao Xisheng joue un rôle crucial dans la genèse du gouvernement collaborateur de Nankin. Né à Wuhan, il est le fils d’un magistrat de district sans poste. Doué pour les études, il suit des cours d’anglais à l’École spéciale des langues étrangères de Wuchang (Wuchang waiguoyu zhuanmen xuexiao 武昌外國語專門學校), avant d’intégrer la faculté de droit de l’Université de Pékin (Beijing daxue 北京大學) en 1918. Son diplôme en poche, il enseigne d’abord dans l’Anhui, puis travaille pour les Presses commerciales de Shanghai (shangwu yinshuguan 商務印書館), tout en donnant des cours de sciences politiques dans plusieurs universités de la région.

À l’automne 1924, Tao adhère au Parti communiste chinois (PCC). Au moment du Mouvement du 30 mai 1925, il devient conseiller juridique de l’Association des étudiants de Shanghai (Shanghai xuesheng lianhehui 上海學生聯合會). En janvier 1927, il est engagé comme instructeur politique par la branche wuhanaise de l’Académie militaire centrale (zhongyang junshi zhengzhi xuexiao Wuhan fenxiao 中央軍事政治學校武漢分校). Il forge son anticommunisme dans le conflit qui l’oppose à des cadres du PCC dans le district du Hubei où il est nommé en mai 1927 pour y organiser un gouvernement local. Dans un contexte de tensions croissantes au sein du front uni à la suite du massacre de Shanghai en avril, Tao quitte le PCC.

En août, il rejoint Chen Gongbo et Gu Mengyu 顧孟餘 (1888-1972) au département de la propagande du GMD. En février 1928, il retrouve un poste dans les instances centrales du parti grâce à son ami Zhou Fohai, mais doit quitter ses fonctions à la fin de l’année en raison de ses liens avec la faction réorganisationniste (gaizupai 改組派) associée à Wang Jingwei. Les deux années suivantes, Tao enseigne l’histoire dans plusieurs établissements et rédige l’essentiel de ses travaux sur l’histoire sociale de la Chine. Il contribue notamment à la revue Xin shengming 新生命 (La Nouvelle vie) éditée par Zhou Fohai. Prenant la défense de l’aile gauche du GMD, il développe une théorie de la Révolution critiquant à la fois la lutte des classes communiste et la pente réactionnaire de l’aile droite du GMD. À partir d’une analyse imprégnée de matérialisme historique, il réfute la nécessité d’une révolution sociale en Chine, à laquelle il oppose les Trois Principes du peuple (sanmin zhuyi 三民主義). À ses yeux, la Révolution chinoise doit viser à éliminer les militaristes et les bureaucrates, assurer l’indépendance économique du pays et unifier la Chine sous un parti représentant l’ensemble du peuple.

En 1931, Tao quitte Shanghai pour enseigner à l’Université de Pékin. Il participe à un « corps spécial » créé par la clique CC pour surveiller l’orientation politique des universitaires pékinois. En décembre 1934, il lance la revue bimensuelle Shihuo 食貨 qui tire son nom de la rubrique des classiques historiques consacrée aux « biens économiques », en référence à l’approche matérialiste défendue par Tao. Ce journal devient l’organe d’un groupe d’intellectuels impliqués dans le débat sur l’histoire sociale, tels que He Ziquan 何兹全 (1911-2011) ou encore Lian Shisheng 連士升 (1907-1973).

Fin juillet 1937, Tao participe avec une centaine d’intellectuels à la conférence de Lushan convoquée par Jiang Jieshi pour définir la position de la Chine dans la guerre et mettre en scène l’union sacrée derrière sa personne. Entre les réunions, il s’entretient avec Zhou Fohai, Wang JingweiChen Gongbo et Mei Siping. Le 22 juillet, Tao remet à Chen Bulei 陳布雷 (1890-1948) une lettre à l’attention de Jiang co-écrite avec Hu Shi. Il connaît bien ce dernier pour avoir travaillé à la revue Duli pinglun 獨立評論 (La critique indépendante). Comme d’autres intellectuels pékinois, directement concernés par la menace japonaise tout au long des années 1930, les deux hommes cherchent à laisser ouverte la voie diplomatique. En août, Tao s’installe chez son ami Zhou Fohai à Nankin et participe à ce que les historiens chinois nomment, à la suite de Hu Shi, le « club du ton bas » (didiao julebu 低調俱樂部), salon informel qui réunit chez Zhou les tenants d’une ligne réaliste face au Japon.

C’est par l’intermédiaire de Tao que s’effectue le rapprochement entre Zhou et Wang Jingwei. Tout au long de l’été 1937, Tao continue à rédiger des notes pour Jiang, sans parvenir à le convaincre de se montrer plus conciliant avec le Japon. L’activisme de Tao en faveur des négociations se structure dans le cadre de l’Association de recherche en art et littérature (yiwen yanjiuhui 藝文研究會) qu’il dirige à Wuhan avec Zhou Fohai et dont Gao Zongwu est le représentant à Hong Kong. Financée par Jiang Jieshi à hauteur de 40 000 yuans par mois, cette organisation est supervisée par Wang Jingwei. Tao s’installe à Chongqing en octobre 1938, alors que les discussions secrètes entre les conjurés du futur Mouvement pour la paix et les émissaires japonais sont déjà bien entamées. À l’en croire, Zhou Fohai, Mei Siping et Chen Bijun déconseillent à Wang de mettre Tao au courant. Wang décide finalement de tout révéler à Tao qui accepte de le suivre en décembre.

Après le départ pour Hanoï de Wang, Tao fait partie du noyau dur du Mouvement pour la paix. Révolté par l’intransigeance des Japonais, déçu par la faiblesse de Wang et marginalisé par les luttes de factions qui s’exacerbent à mesure qu’approche la formation du nouveau gouvernement, Tao s’entend avec Gao Zongwu pour tourner casaque en faveur de Chongqing le 3 janvier 1940. Afin de ne pas renforcer les soupçons qui pèsent déjà sur lui, Tao laisse sa femme et ses cinq enfants à Shanghai. Dès que la nouvelle de son départ est confirmée, sa maison est placée sous surveillance par la police secrète du n°76 Jessfield Road dirigée par Ding Mocun et Li Shiqun. Tao écrit à Wang pour lui demander de ne pas s’en prendre à sa famille. Finalement, sa femme et deux enfants sont autorisés à se rendre à Hong Kong pour convaincre Tao de rentrer à Shanghai, tandis que trois enfants restent en otages. Dès son arrivée, l’épouse de Tao envoie un télégramme à Chen Bijun prétendant que les deux transfuges sont revenus sur leur décision. Le groupe de Wang Jingwei est alors occupé par la Conférence de Qingdao. Profitant d’un relâchement de la surveillance, les hommes de Du Yuesheng 杜月笙 (1888-1951) exfiltrent les trois enfants de Tao, qui arrivent le 20 janvier dans la colonie britannique.

Le lendemain, le projet de traité entre Nankin et Tokyo, subtilisé par Gao, est publié dans la presse de Hong Kong, portant à la légitimité du Mouvement pour la paix un coup dont il ne se remettra jamais. Profondément affecté par cette trahison, Wang Jingwei écrit à Chen Bijun, le 2 février, que la famille de Tao n’est qu’un ramassis de voleurs et de prostituées. Zhou Fohai quant à lui, traite Gao et Tao d’ « animaux » dans son journal personnel, et jure de les tuer. Si le départ de Gao ne surprend guère Kagesa Sadaaki, ce dernier est en revanche choqué par celui de Tao, quand bien même les deux hommes s’étaient affrontés violemment, en novembre 1939, durant les négociations entre l’Agence de la prune (ume kikan 梅機関) et le groupe de Wang.

Contrairement à Tao, plusieurs de ses disciples du groupe Shihuo, qui l’avaient suivi dans la collaboration, participent au nouveau gouvernement. C’est notamment le cas de Tao Qingyuan 鞠清遠, Shen Juchen 沈巨塵 et Wu Xianqing 武仙卿. Après le déclenchement de la Guerre du Pacifique, en décembre 1941, Tao s’installe à Chongqing où, avec l’appui de Chen Bulei, il devient l’un des secrétaires privés de Jiang Jieshi. C’est lui qui rédige l’ouvrage majeur de ce dernier Zhongguo zhi mingyun 中國之命運 (1943, China’s Destiny, 1947), tout en travaillant comme rédacteur en chef du principal quotidien du GMD, le Zhongyang ribao 中央日報 (Central Daily News). Tao siège à l’Assemblée nationale constituante (zhixian guomin dahui 制憲國民大會) en novembre 1946, puis au Yuan législatif (lifayuan 立法院), tout en assurant, à partir de juillet 1947, la vice-direction du département de la Propagande du bureau central du GMD.

Après son installation à Taipei en octobre 1949, Tao continue à conseiller Jiang Jieshi et à occuper des fonctions dans l’appareil central du GMD. En octobre 1952, il intègre le Bureau permanent du Comité central du GMD (guomindang zhongyang changwu weiyuanhui 國民黨中央常務委員會), dans lequel il siège jusqu’en 1968. Tao publie ses Mémoires en 1964 sous le titre Chaoliu yu diandi 潮流與點滴 (La Marée et les gouttes). Il est également l’auteur d’un journal personnel, dont les carnets antérieurs à 1947 ont disparu pendant la guerre. Seule la période 1947-1956 a été publiée par son fils en 2014.

Sources : MRDC, p. 1081 ; Roux 2016, p. 354 ; Dirlik 1976 ; Chen Yuanyuan 2011 ; He Yuan 2014 ; SWHB, p. 117 ; Wakeman 2003, p. 108 ; AH 118-010100-0008-066 ; ZR, p. 235 ; Kagesa 1966, p. 379.

Celui qu’on surnomme le « Gotō Shinpei chinois » voit le jour à Hangzhou dans une famille musulmane. Étudiant à l’Institut Yangzheng 養正書院 en 1900, Tang Erhe est gagné par les idées anti-mandchoues sous l’influence du doyen Chen Fuchen 陳黻宸 (1859-1917). En 1902, il collabore avec lui à Shanghai au lancement du Xin shijie bao 新世界報 (Journal du nouveau monde). La même année, il obtient des autorités Qing une bourse pour étudier au Japon où, comme beaucoup de jeunes patriotes chinois, il espère intégrer l’École d’officiers de l’armée de terre (rikugun shikan gakkō 陸軍士官学校). Tang retourne prématurément en Chine en 1903, comme représentant du Corps des volontaire pour résister à la Russie (ju E yiyongdui 拒俄義勇隊), organisé à Tokyo par des étudiants chinois opposés à l’occupation de la Mandchourie par les troupes russes à la suite de la Guerre des Boxers. Avec Niu Yongjian 鈕永建 (1870-1965), il tente en vain de convaincre Yuan Shikai de les soutenir. À la suite de cet échec, Tang s’installe dans la concession internationale de Shanghai où il échappe à un mandat d’arrêt et se lie avec des révolutionnaires également originaires du Zhejiang comme Cai Yuanpei 蔡元培 (1868-1940) et Zhang Binglin 章炳麟 (1869-1936). Tang, qui épouse une Japonaise en 1905, délaisse la voie des armes pour celle de la médecine qu’il étudie à l’École de médecine de Kanazawa (Kanazawa ika senmon gakkō 金澤医科専門学校).

De retour dans sa ville natale, où il compte établir une école de médecine, Tang joue un rôle notable lors des événements de 1911 qui aboutissent au renversement de la dynastie Qing. Il participe, en effet, au mouvement d’opposition à la nationalisation du chemin de fer Shanghai-Hangzhou-Ningbo. Lorsque la révolte de Wuchang est connue à Hangzhou, Tang organise avec son ancien professeur Chen Fuchen, alors président de l’assemblée provinciale du Zhejiang, une milice dans la ville et négocie la reddition de la garnison mandchoue locale. Ce rôle lui vaut d’être l’un des quatre délégués choisis pour représenter le Zhejiang lors des négociations entre républicains qui s’ouvrent le 30 novembre 1911 dans la concession britannique de Hankou. Le 29 décembre, Tang préside à Nankin l’élection de Sun Yat-sen au poste de président du Gouvernement provisoire de la République de Chine. C’est lui qui, le 1er janvier, remet à Sun son mandat lors d’une cérémonie appelée à rester dans l’Histoire. S’il décide de ne pas briguer un poste dans la jeune République, Tang Erhe n’en joue pas moins un rôle déterminant dans le choix fait par le ministère de l’Éducation (jiaoyubu 教育部), dont le premier locataire est son ami Cai Yuanpei, de prendre le Japon comme modèle. Il définit en particulier l’organisation des études de médecine en reprenant le système japonais des écoles professionnelles (zhuanmen xuexiao 專門學校). En octobre 1912, Tang prend la tête du premier établissement de ce type fondé par le ministère de l’Éducation, l’École professionnelle de médecine de Pékin (Beijing yixue zhuanmen xuexiao 北京醫學專門學校). Il se rend au Japon pour acquérir des manuels et pour recruter des enseignants.

Contrairement à d’autres pionniers de la médecine chinoise moderne formés en Angleterre et aux États-Unis, tels Yan Fuqing 顏福慶 (1882-1970), Tang se fait le promoteur d’un système médical fortement centralisé et qui rompt avec la médecine traditionnelle. Cette rupture est notamment visible dans le domaine de l’anatomie. Alors que les écoles de médecine sous les Qing interdisaient les dissections, entraînant un grand retard des médecins chinois par rapport à leurs homologues japonais dans ce domaine, Tang fait adopter en 1914 une loi autorisant la dissection humaine. Afin d’écarter les acupuncteurs, l’Association chinoise de médecine et de pharmacie (Zhonghua minguo yiyao xuehui 中華民國醫藥學會) qu’il préside soumet en 1917 un mémorandum au ministère de l’Éducation préconisant la mise en place d’un concours national de médecine fondé non plus sur la rédaction d’un essai, mais sur un examen pratique testant les connaissances scientifiques des candidats. En 1918, Tang va jusqu’à qualifier la médecine traditionnelle d”absurde” et de “ridicule” dans les pages de la revue phare du Mouvement de la Nouvelle culture, Xin qingnian 新青年 (La Jeunesse). Plus largement, Tang n’hésite pas à prendre position politiquement. En 1915, il démissionne ainsi de son poste de directeur de l’École professionnelle de médecine de Pékin pour protester contre le projet de restauration dynastique de Yuan Shikai, avant de les reprendre après la mort de Yuan en juin 1916. Usant de son influence au sein du ministère de l’Éducation, il obtient que Cai Yuanpei soit nommé à la tête de l’Université de Pékin en 1917. C’est également sur sa recommandation que Chen Duxiu prend la tête de la faculté de lettres dans la prestigieuse institution qui sert de terreau au mouvement étudiant du 4 mai 1919. Le 9 mai, Tang fait partie avec Cai Yuanpei des présidents d’université qui démissionnent pour obtenir la libération des étudiants arrêtés lors des manifestations. Pour autant, il critique la politisation des étudiants qui, selon lui, devraient se concentrer sur leurs études. À cette époque, Tang effectue plusieurs voyages d’observation, notamment dans la colonie japonaise de Corée au printemps 1917. En dépit de son rejet de la médecine traditionnelle, il en revient avec la conviction que la Chine doit s’inspirer du système médical mis en place par les autorités japonaises dans la péninsule. Celui-ci consiste à encourager le développement de la médecine moderne tout en légalisant, en 1913, la médecine traditionnelle afin de pallier au manque de médecins modernes. À son retour, il surprend ses confrères en se prononçant contre l’interdiction de la médecine traditionnelle en Chine. Le rapport qu’il remet inspire une nouvelle législation, adoptée en 1922, qui reprend le système dual coréen ; système toujours en vigueur en Chine aujourd’hui. De 1920 à 1922, Tang est chargé par le ministère de l’Éducation de mener une enquête en Europe qui l’amène à visiter les institutions médicales de pays comme l’Angleterre, la France, les Pays-Bas et la Belgique. Il séjourne plus longuement à Berlin, où il parfait sa formation en biologie et en anatomie.

À son retour, il co-signe avec Hu Shi, Cai Yuanpei ou encore Wang Chonghui 王寵惠 (1881-1958) une tribune intitulée “Women de zhengzhi zhuzhang 我們的政治主張” (Notre préconisation en matière de politique). C’est dans ce contexte que Tang intègre le gouvernement Beiyang comme vice-ministre de l’Éducation puis, en septembre 1922, comme ministre dans l’éphémère “cabinet des hommes de bien” (haoren neige 好人內閣) formé par Wang Chonghui, dans lequel Tang côtoie notamment Wellington Ku (Gu Weijun) 顧維鈞 (1888-1985) et Gao Lingwei. Au lendemain du grand tremblement de terre du Kantō (Japon) en septembre 1923, Tang organise l’aide en direction des Chinois résidant dans la région en tant que représentant de la Croix Rouge. De retour en Chine, il occupe plusieurs postes dans le gouvernement de Wellington Ku comme ministre de l’Intérieur (neiwubu zongzhang 內務部總長) fin 1926 puis comme ministre des Finances (caizhengbu zongzhang 財政部總長) en 1927. Après la chute du gouvernement en juin 1927, il sert comme conseiller pour Zhang Zuolin, puis le fils de celui-ci, Zhang Xueliang. Entre-temps, Tang obtient, en mars 1929, un doctorat de la Faculté de médecine de l’Université impériale de Tokyo. Après l’invasion de la Mandchourie à l’automne 1931, Tang Erhe joue les intermédiaires entre Zhang Xueliang et l’occupant japonais, avant de participer en 1932 à la Conférence de l’urgence nationale (guonan huiyi 國難會議). En mai 1933, il est choisi par le Gouvernement nationaliste pour siéger au sein du Comité de règlement politique du Yuan exécutif à Beiping (xingzhengyuan zhuping zhengwu zhengli weiyuanhui 行政院駐平政務整理委員會) chargé de négocier la Trêve de Tanggu (Tanggu xieding 塘沽協定) qui ampute la souveraineté chinoise en créant une zone démilitarisée au sud de la Grande Muraille. En juillet 1936, Tang est nommé au Conseil des affaires politique du Hebei-Chahar (Ji-Cha zhengwu weiyuanhui 冀察政務委員會).

Comme un grand nombre de ses membres, Tang est recruté au début de la guerre par les autorités japonaises de Chine du Nord pour servir dans l’État d’occupation. Le 14 décembre 1938, vingt-cinq ans après la cérémonie de 1912, Tang prononce le discours d’inauguration du Gouvernement provisoire (linshi zhengfu 臨時政府). Il se voit confier la direction du Comité législatif (yizheng weiyuanhui 議政委員會), l’une des trois branches du gouvernement, ainsi que le portefeuille de l’Éducation (jiaoyubu 教育部). Tang s’emploie à diffuser la propagande anti-GMD et traditionaliste du nouveau régime auprès des étudiants. Il promulgue des ordonnances visant à éliminer toute trace de la “partification” (danghua 黨化) du système éducatif par le GMD et à inculquer les valeurs est-asiatiques de bon voisinages avec le Japon. Lors du Nouvel An de 1938, il préside à une grande cérémonie de sacrifice en l’honneur de Confucius. Alors que de nombreux étudiants et enseignants ont fui vers l’Ouest et que l’Armée régionale de Chine du Nord rechigne à financer le système éducatif, Tang fusionne les universités de la région. Après la mise en place du gouvernement de Wang Jingwei en mars 1940, Tang conserve le portefeuille de l’Éducation (jiaoyu zongshu duban 教育總署督辦) au sein du Conseil des affaires politiques de Chine du Nord (huabei zhengwu weiyuanhui 華北政務委員會). Pressenti pour succéder à Wang Kemin, il décède le 8 novembre 1940. Il est remplacé par son ami Zhou Zuoren qui, un an plus tard, prononce son oraison funèbre lors d’un hommage à Tokyo.

Sources : Xu Youchun 2007, p. 2069 ; BDRC, vol. 3, p. 228-230 ; MRZ, vol. 6, p. 181-187 ; SKJ, p. 66 sq. ; SSY, p. 166 ; MRDC, p. 1188 ; Xi Gao  ; Soon 2020, p. 37 ; Zhang Meng 2023 ; Gao Xi 2014 ; Luesink 2021.

Hui originaire du district de Zou 鄒縣 au Shandong, mais né au Sichuan où son père exerce comme préfet, Tang Yangdu se forme au russe pour devenir diplomate. Nommé au ministère de l’Éducation (xuebu 學部), il démissionne au moment de la Révolution de 1911 pour s’installer dans sa province d’origine. Enseignant à l’École supérieure de Jinan (Jinan gaodeng xuetang 濟南高等學堂), il retrouve rapidement des fonctions dans l’administration fiscale. En 1919, il est élu député dans l’Assemblée provinciale du Shandong (Shandongsheng yihui yiyuan 山東省議會議員) et président du Comité sur les finances publiques locales (difang caizheng weiyuanhui 地方財政委員會). Dans un contexte où les impôts sont largement captés par les seigneurs de la guerre, il milite pour que la fiscalité à l’échelon local soit séparée de l’échelon provincial. Nommé en 1921 chef de la 3e section du Bureau des finances publiques (caizhengting disankezhang 財政廳第三科長) du gouvernement provincial, il prend la tête de l’administration municipale de Jinan (Jinan shizhengting zongban 濟南市政廳總辦) en 1923.

Ce poste de maire lui vaut d’être tenu en partie responsable de l’”Incident de Jinan” (wusan can’an 五三慘案) en mai 1928, à la suite duquel il est contraint de démissionner. Au moment de la Bataille des plaines centrales (zhongyuan dazhan 中原大戰) en 1929-1930, Tang Yangdu représente Ma Hongkui 馬鴻逵 (1892-1970) dans ses pourparlers avec Zhang Xueliang au moment de son ralliement au camp de Jiang Jieshi. S’il retrouve des fonctions dans l’administration provinciale du Shandong, désormais dominée par Han Fuju 韓復榘 (1890-1938), Tang ne tarde pas à se retirer au prétexte qu’il doit s’occuper de sa mère. Sur recommandation de Yin Tong, il trouve à s’employer à partir de 1933 comme chef du Bureau des archives (wenshuting 文書廳) dans l’Administration de la ligne de chemin de fer Pékin-Nankin (Bei-Ning tielu guanliju 北寧鐵路管理局), dont il démissionne en 1936 en même temps que Yin Tong. À la veille de la guerre, Tang intègre le gouvernement municipal de Qingdao comme secrétaire en chef du Bureau des impôts (tongshuiju mishuzhang 統稅局秘書長). Au moment de l’invasion du Shandong, qui contraint le maire de la ville Shen Honglie 沈鴻烈 (1882-1969) à se replier dans le sud de la péninsule, Tang part le 25 décembre 1937 de Qingdao pour rejoindre Jinan à dos d’âne. Il arrive dans la capitale provinciale à la veille de l’entrée des troupes nippones aux premières heures de l’année 1938.

Tang accepte alors de collaborer avec l’occupant en prenant part au Comité de maintien de l’ordre de Jinan (Jinan zhi’an weichihui 濟南治安維持會) établi le 5 janvier, sous la direction de son coreligionnaire Ma Liang. À la formation en mars 1938 du gouvernement provincial du Shandong (Shandongsheng gongshu 山東省公署) rattaché au Gouvernement provisoire (linshi zhengfu 臨時政府) de Pékin, il est nommé chef du Bureau des finances publiques (caizhengting 財政廳), avant d’accéder au poste de gouverneur le 1er février 1939, sur recommandation de son prédécesseur Ma Liang. Il conserve son poste de gouverneur après la réorganisation de l’État d’occupation en mars 1940 au moment de la formation du gouvernement de Wang Jingwei en mars 1940, et ce jusqu’en février 1945, ce qui fait de lui le gouverneur de province pro-japonais resté en place le plus longtemps. Tang doit cette longévité à l’efficacité de son administration, notamment en matière fiscale, ce qui lui vaut même une lettre de remerciement du premier ministre Tōjō Hideki 東條英機 (1884-1948) en juillet 1942. Son action est étroitement encadrée par une équipe de “conseillers” (komon 顧問) dirigée par le diplomate Nishida Kōichi 西田畊一 (1885-?) jusqu’en novembre 1943, puis par Sonoda Yoshiyuki 園田慶幸 (1905-c.1960) jusqu’à la fin de la guerre. Tang siège également au Conseil des affaires politiques de Chine du Nord (huabei zhengwu weiyuanhui 華北政務委員會) et au Comité économique national (quanguo jingji weiyuanhui 全國經濟委員會) du gouvernement de Nankin. Remplacé en février 1945 au poste de gouverneur du Shandong par Tang Yuxun 楊毓珣 (1895-1947), il succède à Su Tiren comme commissaire du Bureau général des Travaux publics (gongwu zongshu duban 工務總署督辦) du Conseil des affaires politiques de Chine du Nord. Tang est détenu après-guerre par le Gouvernement nationaliste sans être jugé. Après 1949, les autorités communistes le transfèrent à Jinan où il est condamné à mort par la Tribunal populaire du Shandong (Shandongsheng renmin fayuan 山東省人民法院) en avril 1951, avant d’être exécuté quelques jours plus tard.

Sources : SSY, p. 162 ; MZN, p. 1125-1126, 1059 ; Zhu Chengshan 1993 ; Yomiuri, 04/02/1960 ; Zhuang Weimin, Liu Dake 2005, p. 448 ; Qi Ren 1995.

Originaire de Dong’an (Hunan), Tang Shengming est le frère cadet de Tang Shengzhi 唐生智 (1889-1970), l’un des principaux seigneurs de la guerre hunanais, connu pour avoir dirigé la garnison chargée par Jiang Jieshi de défendre Nankin jusqu’à la mort à l’hiver 1937 et pour avoir facilité la prise de sa province par les Communistes en 1949. À partir de 1919, Tang Shengming fait ses classes à l’École primaire annexe de l’École normale n°1 du Hunan (Hunan di yi shifan fuxiao 湖南第一師範附小), où il est remarqué par Mao Zedong, qui en prend la direction l’année suivante. Une fois sortie de l’Académie militaire du Hunan (Hunan lujun jiangwutang 湖南陸軍講武堂) en 1924, il sert sous les ordres de Ye Kaixin 葉開鑫 (1885-1937) dans l’Armée du Hunan (Xiangjun 湘軍). À la même époque, son frère Tang Shengzhi cherche à s’imposer à Changsha en louvoyant entre Wu Peifu 吳佩孚 (1874-1939) et le Gouvernement nationaliste de Canton. En mars 1926, il parvient à ses fins en succédant à l’homme fort de la province, Zhao Hengti 趙恆惕 (1880-1971), et en écartant ses rivaux comme Ye Kaixin. Appuyé par Wu Peifu, Ye Kaixin défait Tang Shengzhi dans ce qui devient la première bataille de l’Expédition du Nord (beifa 北伐). En effet, Tang Shengzhi a entre-temps rallié le GMD, en envoyant son frère Shengming à Canton pour lui servir de garantie.

Durant son séjour à Canton, Tang Shengming intègre la quatrième promotion de l’Académie militaire de Huangpu (Huangpu junxiao 黃埔軍校), où il a pour enseignants Wang Jingwei et Zhou Enlai. Il en sort diplômé en octobre 1926, juste à temps pour participer à l’Expédition du Nord comme élève-officier dans l’Armée nationale révolutionnaire (guomin geming jun 國民革命軍). En avril 1927, Tang s’oppose à la purge anticommuniste de Jiang Jieshi aux côtés de son frère, qui est alors le principal dirigeant militaire de Wuhan. Plusieurs cadets de Huangpu, tel Chen Geng 陳賡 (1903-1961), apportent secrètement leur soutien au PCC, qui tente d’organiser des insurrections. Ils font appel à Tang Shengming qui accepte de fournir en armes le groupe dirigé par Mao Zedong à la frontière entre le Hunan et l’Anhui. Tang s’efforce néanmoins de garder de bonnes relations avec Jiang Jieshi, à qui il envoie un cadeau fort cher à l’occasion de son mariage avec Song Meiling 宋美齡 (1898-2003) en décembre 1927. En 1930, il soutient Zhang Fakui et Wang Jingwei dans l’opposition à Jiang. En 1932, sur autorisation spéciale de Jiang Jieshi, il entre à l’Académie centrale de l’armée de terre (zhongyang lujun daxue 中央陸軍大學), dont il sort diplômé en 1935. Tang est alors nommé dans l’état-major du Comité des affaires militaires (junshi weiyuanhui 軍事委員會). Personnalité connue du Shanghai interlope, il accompagne régulièrement son ami Dai Li 戴笠 (1897-1946) dans les bordels et les casinos de la ville. En 1936, il épouse l’une des principales vedettes de l’époque, l’actrice Xu Lai 徐來 (1909-1973). Il fréquente également l’espion communiste Pan Hannian 潘漢年 (1906-1977).

Au début de la guerre, Tang sert à Changsha comme vice-commandant de la garde (jingbei fusiling 警備副司令) à qui Jiang Jieshi donne l’ordre d’incendier la capitale du Hunan si elle devait être prise par les Japonais. Selon une source à la gloire de Tang, ce dernier s’oppose à cet ordre, qui, à la suite d’un malentendu, provoque un immense incendie le 13 novembre 1938, entraînant la mort de plus de 30 000 personnes et la destruction d’une grande partie de la ville. De fait, il n’est pas parmi les trois officiers à qui Jiang fait porter le chapeau en les faisant exécuter. Au printemps 1940, Tang Shengming est convoqué à Chongqing par Jiang Jieshi qui lui demande d’infiltrer le gouvernement collaborateur que Wang Jingwei vient de fonder à Nankin. Le chef du Juntong 軍統, Dai Li, se charge d’organiser sa “défection” en faveur de l’occupant. Il envoie à Shanghai sa maîtresse Zhang Suzhen 張素貞 afin qu’elle y fasse courir le bruit que Tang ne se plaît pas en “Chine libre”. Après une escale d’un mois à Hong Kong, Tang Shengming et son épouse débarquent à Shanghai à l’été 1940. Dès le lendemain, Li Shiqun organise un grand banquet en son honneur au cours duquel l’alcool coule à flot. Bien conscient que Li cherche à s’assurer qu’il n’est pas un agent infiltré, Tang lui affirme qu’il ne brigue aucune position et feint l’ivresse. Une fois passé ce premier test, il rencontre son “pays” Zhou Fohai et il est reçu avec chaleur par Wang Jingwei, qui demande à Zhou de lui trouver une villa à Shanghai. Zhou confie à Tang 70 000 yuans pour qu’il les envoie à son frère qui vit retiré (et surveillé) à Dong’an après son échec lors du siège de Nankin.

Le recrutement d’un officier supérieur issu de l’Académie militaire de Huangpu apparaît comme une belle prise pour le régime de Wang Jingwei qui espère se doter d’une armée loyale et compétente. Le 1er octobre 1940, la presse de la zone occupée annonce la nomination de Tang au sein du Comité des affaires militaires (junshi weiyuanhui 軍事委員會) du régime de Nankin. De son côté, la presse de Chongqing publie une lettre de Tang Shengzhi dans laquelle il renie son frère cadet. En mai 1941, Tang prend part aux préparatifs de la Campagne de pacification rurale (qingxiang gongzuo 清鄉工作) lancée en juillet et dont il devient l’un des principaux cadres dans le Jiangsu. Tang a l’habitude d’arborer son grade de général de division (zhongjiang 中將), auquel il a été promu avant-guerre. Comme les conseillers militaires japonais, à l’exception de Kagesa Sadaaki, n’ont qu’un grade de colonel ou de lieutenant-colonel, il lui arrive de porter des insignes équivalents pour éviter de leur faire perdre la face. Dans ses mémoires, rédigés en Chine populaire, Tang Shengming affirme avoir reçu de Jiang Jieshi l’ordre d’utiliser la Pacification rurale pour attaquer la Nouvelle 4e armée (PCC). Pour ce faire, il transmet aux Japonais les renseignements que lui fournit Dai Li sur les positions des Communistes, mais ces derniers semblent toujours avoir un coup d’avance, signe qu’ils sont eux-mêmes bien renseignés par leurs propres agents infiltrés. Tang ne quitte officiellement ses fonctions au sein du Comité de pacification rurale qu’après l’assassinat de Li Shiqun en novembre 1943, mais, dès la fin de l’année 1942, il rentre à Shanghai, ne revenant à Suzhou qu’à l’occasion de cérémonies commémoratives.

C’est à cette époque que le double jeu de Tang Shengming est percé à jour. À l’hiver 1942, les services spéciaux de Li Shiqun démantèlent le réseaux du Juntong à Shanghai en arrêtant son chef, Chen Gongshu 陳恭淑 (1907-1969). Parmi les documents saisis à cette occasion, un télégramme demandant à Chongqing de cesser les attentats contre les militaires japonais attire l’attention de Li qui comprend que Tang en est l’auteur. Interrogé au siège du n°76 Jessfield Road en présence de Chen Gongshu, Tang nie être un agent double. Il est remis aux autorités militaires japonaises de Shanghai qui, à sa grande surprise, le traitent avec beaucoup d’égards, se réjouissant de pouvoir établir grâce à lui un contact avec l’entourage direct de Jiang Jieshi. Non seulement, Tang se voit promettre par le lieutenant Togō Sataru 都甲徠 (1899-1991) la protection de l’armée japonaise si les autorités de Nankin venaient à le menacer, mais il lui propose même de lui fournir un radio-transmetteur pour communiquer avec Dai Li. Devant l’incrédulité de Tang, ces promesses sont confirmées par le chef d’état-major de l’Armée expéditionnaire de Chine (Shina hakengun 支那派遣軍), le général Kawabe Masakazu 河辺正三 (1886-1965), en personne. Ce dernier fait l’éloge de Jiang Jieshi qu’il voit comme un allié du Japon dans la lutte contre le communisme, si du moins l’on en croit les mémoires de Tang qui insistent beaucoup sur ce point. Dans les jours qui suivent, la révélation des liens de Tang avec Chongqing lui valent des reproches embarrassés de Wang Jingwei et la fureur de son épouse Chen Bijun, qui le sermonne en lui tapant la tête. Pressé par les Japonais, qui souhaitent rétablir un canal de discussion avec Chongqing, Tang reçoit de nouvelles instructions de Dai Li : il devra mener ces discussions en son nom propre afin d’évaluer le degré de sincérité de l’occupant et transmettre à Chongqing les termes proposés par la partie japonaise. Cette dernière affecte un agent de liaison, le capitaine Matsui 松井, qui vient chaque matin passer la journée au domicile de Tang, désormais équipé d’un radio-transmetteur. De plus, alors que Shanghai est touchée par les pénuries, Tang se voit attribuer une généreuse ration mensuelle de riz.

Un épisode, absent des mémoires de Tang Shengming, laisse entrevoir ses relations ambiguës avec les autorités de Chongqing. Le 9 juin 1944, Zhou Fohai note dans son journal personnel qu’il a été reçu à dîner chez Tang en compagnie de Xu Songpu 許松圃 (1901-1977) et de Cheng Yizhong 程一中 (1896-?), tous deux envoyés à Shanghai par Tang Shengzhi pour sonder Zhou. Selon ce dernier, “Tang [Shengzhi] ne manque pas d’ambition, ni de moyens pour la réaliser. […] Il semble toujours résolu à renverser Jiang“. Tang Shengming affirmera plus tard que les deux hommes cherchaient en réalité à soutirer de l’argent à Zhou. Toujours est-il que, quatre jours plus tard, Xu et Cheng confirment à Zhou que Tang Shengzhi, Long Yun 龍雲 (1884-1962) et des généraux du Sichuan veulent en finir avec le généralissime. Guère étonné, Zhou écrit qu’un tel plan doit être préparé dans les moindres détails, car la moindre erreur pourrait être fatale. Le 5 juillet, il est décidé que Xu Songpu sera envoyé à Kunming pour rencontrer Long Yun, avant de retrouver Tang Shengzhi à Chongqing. Zhou voit là l’occasion de parvenir à son plan initial : une fusion entre les gouvernements de Nankin et de Chongqing. Ces discussions sont connues des Japonais, puisque le lieutenant Togō Sataru assiste à certaines des réunions chez Tang Shengming. Il y est notamment question de la province du Hunan, qui apparaît alors comme une région stratégique pour les mois à venir.

À l’automne 1944, alors que l’Expédition Ichi-gō a permis au Japon d’ouvrir un corridor entre la zone occupée et l’Indochine, Tang Shengming se voit offrir le poste de gouverneur du Hunan. Consulté, Jiang Jieshi encourage Tang à accepter la position. Tous espèrent qu’avec Tang à sa tête, le Hunan pourra servir de zone tampon entre les deux camps. Dai Li envisage même de transférer à Tang les troupes nationalistes stationnées dans la province. La presse de Chongqing annonce la nomination de Tang avant même qu’elle ne soit décidée par Nankin. Entre-temps, toutefois, Tang décide de décliner cette promotion. Il expliquera après-guerre ce choix par la crainte de voir sa famille, qui réside sur place, prendre à nouveau position contre lui, mais aussi par son refus de devenir une marionnette dans les mains des autorités japonaises locales.

Au lendemain de la guerre, Tang est récompensé par Jiang Jieshi pour ses services à la résistance et intègre le ministère de la Défense. En avril 1949, il participe avec d’autres officiers nationalistes au “soulèvement pour la paix du Hunan” (Hunan heping qiyi 湖南和平起義), qui accélère la prise de contrôle de la province par le PCC. Il s’installe ensuite à Hong Kong, avant de retourner à Pékin en 1956. Il est nommé au Conseil d’État (guowuyuan canshi 國務院參事) et il siège, à partir de l’année suivante, au sein de la Conférence consultative politique du peuple chinois (Zhongguo renmin zhengzhi xieshanghui quanguo weiyuanhui 中國人民政治協商會全國委員會). Tang est l’auteur de plusieurs textes mémoriels, notamment d’un témoignage sur son expérience au sein du gouvernement collaborateur de Nankin intitulé Feng Jiang Jieshi zhi ming “qianfu” 奉蔣介石之命“潛伏”(Infiltré sur ordre de Jiang Jieshi), rédigé en 1963. Il meurt le 24 octobre 1987 à Pékin.

Sources : Xu Youchun 2007, p. 1317 ; Tang Shengming 2012 ; ZGBR, p. 1860 ; MRZ vol. 3, p. 91 sqq. ; Wakeman 2003, p. 9 ; Liu Liyong, Zhu Yumo 2009 ; ZR, p. 356, 358, 889-890, 898-899.

Biographical Dictionary of Occupied China

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