Lin Baisheng

林柏生

19021946

Lieu d'origine

Xinyi 信宜

Province d'origine

Guangdong 廣東

[parfois transcrit Lin Bosheng]

Principal dirigeant de l’appareil de propagande du régime de Nankin et fidèle entre les fidèles de Wang Jingwei. Originaire du district de Xinyi (Guangdong), Lin Baisheng est le neveu de Lin Shuwei 林樹巍 (1889-1949), membre de la Ligue jurée (tongmenghui 同盟會) ayant servi comme garde du corps de Sun Yat-sen. Il travaille comme enseignant après des études à l’Université Lingnan 嶺南大學 de Canton. Remarqué pour ses capacités précoces, il est recommandé en 1924 pour un poste de secrétaire au bureau de la Propagande du GMD (guomindang zhongyang xuanchuanbu 國民黨中央宣傳部) que dirige Wang Jingwei. Lorsque ce dernier prend la tête du gouvernement l’année suivante, Lin le suit, toujours comme secrétaire. En octobre 1925, Wang l’envoie étudier à l’Université Sun Yat-sen de Moscou, qui forme les élites chinoises du front uni alors à son apogée.

De retour à Canton un an plus tard, Lin devient instructeur politique à l’Académie militaire de Huangpu. Il suit Wang dans son exil français à la fin de l’année 1927. Cherchant à promouvoir l’opposition à Jiang Jieshi, Wang charge Lin de fonder trois journaux à Hong Kong en 1929, parmi lesquels le Nanhua ribao 南華日報 (Journal de Chine du Sud). Au moment de sa réconciliation avec Jiang, Wang accepte de fermer le Nanhua ribao. Cette clause de l’accord est rejetée par les dirigeants cantonais qui rompent avec Wang. Ce dernier confie à Lin le lancement en 1932 du Zhonghua ribao 中華日報, qui s’installe dans la concession internationale de Shanghai afin de rivaliser avec les titres de presse échappant à la censure du GMD comme le Shenbao 申報. Durant la « décennie de Nankin », Lin siège également au Comité législatif et soutient Wang au sein de la clique réorganisationniste (gaizupai 改組派).

Au moment de l’invasion japonaise, Lin Baisheng s’installe à Canton où il publie, en décembre 1938, le télégramme dans lequel Wang Jingwei explique son départ de Chongqing. Le Nanhua ribao devient l’organe de presse du Mouvement pour la paix ce qui, le 17 janvier 1939, vaut à Lin d’être roué de coups en pleine rue par des agents du Juntong 軍統 de Dai Li. Il rejoint Wang Jingwei à Shanghai au printemps et relance le Zhonghua ribao sans grand succès puisqu’il ne s’en écoule alors que cinq cent copies…par mois. Face au boycott dont est victime le quotidien de la part des agences de presse chinoises, Lin prend la tête, en novembre, de l’Agence de Chine centrale (Zhonghua tongxun 中華通訊), qui alimente dès lors la presse pro-japonaise de Nankin. Cette dernière est en première ligne dans la lutte que se livrent les deux capitales par propagande interposée. Cette lutte n’est pas faite que de mots : des agents de Chongqing empêchent la diffusion du Zhonghua ribao, ce à quoi les nervis de Ding Mocun répondent en faisant sauter, en juillet 1939, les bureaux d’un journal rival. Mais le plus grave coup porté à l’appareil de propagande de Lin est la publication, le 22 janvier 1940 dans le Dagongbao de Hong Kong, du projet d’accord organisant le nouveau gouvernement de Nankin, que Gao Zongwu et Tao Xisheng ont emporté avec eux lors de leur fuite pour Chongqing. Le Mouvement pour la paix a beau prétendre qu’il ne s’agit que d’un projet, le mal est fait : avant même de voir le jour, le nouveau gouvernement apparaît soumis à la volonté du Japon.

À la fondation du Gouvernement national réorganisé en mars 1940, Lin Baisheng prend logiquement la direction du ministère de la Propagande (xuanchuanbu 宣傳部), parfois traduit “ministère de la Publicité”. Il s’agit de l’un des trois ministères (avec celui de la Police et celui de la Mobilisation sociale) absents de l’organigramme du Gouvernement nationaliste d’avant-guerre qui sont créés par le nouveau régime de Nankin. Dans un discours prononcé le 23 mars 1940, Wang Jingwei justifie l’ajout de ce ministère « très important, car grâce à lui la population dans tout le pays comprendra la politique et la doctrine » de son gouvernement. La création du ministère de la Propagande vient donc, elle-même, alimenter le discours selon lequel le « retour à la capitale » (huandu 還都) doit permettre de « rendre le pouvoir politique au peuple » (huan zheng yu min 還政於民). Pour marteler ce type de slogans, l’appareil de propagande de Nankin reçoit des moyens financiers considérables. Entouré d’une équipe presque exclusivement cantonaise, Lin occupe ce poste de manière ininterrompue jusqu’en décembre 1944. S’il peut donc apparaître à première vue comme le Goebbels de Wang, Lin est loin d’avoir les coudées aussi franches que son homologue allemand. En effet, les Japonais lui imposent au sein de son ministère plusieurs dirigeants de la Daminhui 大民會 (Association du grand peuple) issus du Gouvernement réformé (weixin zhengfu 維新政府), parmi lesquels Kong Xiankeng, également proche de Zhou Fohai.

Lin joue, par ailleurs, un rôle central dans les campagnes de masse à travers le Mouvement des nouveaux citoyens (xin guomin yundong 新國民運動) qu’il utilise pour se créer une garde rapprochée. Il mobilise notamment les Corps de jeunesse (qingniantuan 青年團) fin 1943, lors du Mouvement des trois interdits (sanjin yundong 三禁運動), à savoir l’interdiction de l’opium, de la danse et des jeux d’argent. Les manifestations anti-opium, qui donne lieu au saccage de fumerie, sont à la fois un moyen de gagner le soutien de la population mais aussi de faire pression sur la composante japonaise de l’État d’occupation pour qu’elle rende au régime de Nankin les revenus du trafic d’opium. Dans le même temps, cette mobilisation profite également au PCC qui cherche à étendre son réseau dans les milieux étudiants. Membre influent de la clique du Palais (gongguanpai 公館派), Lin ne doit son pouvoir qu’à l’appui de Wang Jingwei. Un mois après la mort de ce dernier, en novembre 1944, il perd le ministère de la Propagande et se trouve relégué par Zhou Fohai et Chen Gongbo au poste de gouverneur de l’Anhui. Durant son court mandat, il s’attelle à une Histoire des combats de M. Wang, poursuivant ainsi son travail de gardien de la mémoire de son mentor. Le 25 août 1945, il s’enfuit au Japon avec Chen Gongbo avant d’être livré aux autorités nationalistes en octobre. Il est condamné à mort en mai 1946 et fusillé le 8 octobre.

Sources : Cai Dejin 1993b ; Chiu 2008 ; Fu Poshek 1993, p. 114 ; Eykholt 2000 ; SWHB, p. 468-564 ; Taylor 2021, p. 48 ; MZN, p. 1082 ; WHJY, p. 195 ; ADF 53 ; Horii 2011, p. 247-249 ; Wikipedia.

Pour citer cette biographie : David Serfass, "Lin Baisheng  林柏生 (1902-1946)", Dictionnaire biographique de la Chine occupée, URL : https://bdoc.enpchina.eu/bios/lin-baisheng/, dernière mise à jour le 4 octobre 2023. 

Biographical Dictionary of Occupied China

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