Étudiant à demeure (shosei 書生) à la légation de Pékin à partir de 1889, Funatsu Tatsuichirō se forme au chinois avant de suivre l’ambassadeur Ōtori Keisuke 大鳥圭介 (1833-1911) à Séoul où il apprend le coréen. Après avoir réussi en 1895 l’examen des étudiants à l’étranger du ministère des Affaires étrangères (gaimushō ryūgakusei shiken 外務省留学生試験), il est détaché auprès du ministère de l’Armée durant la première guerre sino-japonaise. En 1896, Funatsu devient chancelier (shokisei 書記生) au sein du consulat de Zhifu 芝罘 (Shandong), avant de retourner à Tokyo l’année suivante. Hormis un passage aux États-Unis, il fait l’essentiel de sa carrière diplomatique en Chine, enchaînant, à partir de 1904, des postes consulaires dans le port ouvert de Niuzhuang 牛莊 (act. Yingkou 營口), à Nankin, Hong Kong, Shanghai et Fengjian. Son excellent niveau de chinois et son expertise lui valent de s’imposer comme un intermédiaire indispensable des relations sino-japonaises durant une période marquée par l’avènement de la République de Chine. Il noue notamment des liens de confiance avec Sun Yat-sen.
En septembre 1926, Funatsu quitte le Gaimushō pour prendre la tête de l’Association de l’industrie des filatures de coton japonaises en Chine (zaika nihon bōseki dōgyōkai 在華日本紡績同業会) formée l’année précédente. Il a pour mission de mettre ses talents de diplomates au service d’une industrie durement touchée par les mouvements sociaux de l’année 1925 ayant abouti au Mouvement du 30 mai (wusa yundong 五卅運動). Durant cette période, il participe aux conférence de Kyoto (1929) et Shanghai (1931) de l’Institute of Pacific Relations (Taiheiyō mondai chōsa-kai 太平洋問題調査会), une organisation non gouvernementale financée par la Fondation Rockefeller. L’invasion de la Mandchourie fin 1931 et l’Incident de Shanghai début 1932 raidissent encore plus les relations sino-japonaises, notamment sur le plan économique avec la multiplication des campagnes de boycott des produits japonais. Dans ce contexte, Funatsu met sur pied l’Association du commerce sino-japonais (Nitchū bōeki kyōkai 日中貿易協会) afin de faciliter la diplomatie économique entre les deux pays. Surnommée l’ « Agence Funatsu » (Funatsu kikan 船津機関), cette organisation est présidée par les banquiers Zhou Zuomin 周作民 (1884-1955) et Kodama Kenji 児玉謙次 (1871-1954).
En tant qu’ancien diplomate rompu au terrain chinois sans n’être plus lié au gouvernement, Funatsu a le profil parfait pour jouer les émissaires informels au début de la guerre. Alors qu’il est de retour au Japon en raison des problèmes de santé de son épouse, Ishii Itarō et Ishiwara Kanji lui demandent de se rendre à Shanghai le 4 août 1937 pour reprendre contact avec son ami Gao Zongwu, qu’il rencontre le 9 août, afin de sonder le Gouvernement nationaliste dans l’espoir d’un règlement rapide du conflit. Ce fragile canal de communication est court-circuité par une initiative similaire de l’ambassadeur en Chine Kawagoe Shigeru 川越茂 (1881-1969) et interrompu brutalement après l’« Incident Ōyama » (Ōyama jiken 大山事件), le 9 août, au cours duquel le lieutenant de la Marine Ōyama Isao 大山勇夫 est tué lors d’un accrochage avec des soldats chinois à Shanghai. Si cette opération échoue, elle annonce l’implication de Gao dans les discussions secrètes qui aboutissent à la défection de Wang Jingwei en décembre 1938.
En 1939, à l’occasion du cinquantième anniversaire de son arrivée en Chine, Funatsu démissionne de son poste de président de l’Association de l’industrie des filatures de coton japonaises en Chine. Il devient alors conseiller économique auprès de la municipalité spéciale de Shanghai et du gouvernement de Nankin. Par la suite, il participe à d’autres tentatives de négociations avec Chongqing, notamment pour le compte de Matsuoka Yōsuke 松岡洋右 (1880-1946) lors de l’”opération Sen” (Sen kōsaku 銭工作) visant Qian Yongming 錢永銘 (1885-1958) en octobre 1940, aux côtés de Tajiri Akiyoshi et de Nishi Yoshiaki. Il a laissé un témoignage à ce sujet intitulé Nanka kōshō shippai nikki 南華交渉失敗日記 (Journal sur l’échec des négociations en Chine méridionale), dans lequel il affirme que l’Opération Sen aurait pu mettre un terme au conflit. À la fin de la guerre, Funatsu organise le rapatriement des Japonais vivant en Chine en tant que membre de l’Association autonome des Japonais d’outre-mer (Nikkyō jichikai 日僑自治会).
Sources : NKJRJ, p. 452 ; KSDJ ; KNKJ, p. 248, 503-504 ; Zaika nihon bōseki dōgyōkai 1958 ; Kasahara 2015, p. 34-35.
As a resident student (shosei 書生) at the Beijing legation from 1889, Funatsu Tatsuichirō 船津辰一郎 (1869-1937) studied Chinese before following Ambassador Ōtori Keisuke 大鳥圭介 (1833-1911) to Seoul, where he learned Korean. After passing the Ministry of Foreign Affairs’ overseas student examination (Gaimushō ryūgakusei shiken 外務省留学生試験) in 1895, he was seconded to the Ministry of the Army during the First Sino-Japanese War. In 1896, Funatsu became a clerk (shokisei 書記生) at the consulate in Zhifu 芝罘 (Shandong) before returning to Tokyo the following year. Apart from a stint in the United States, he spent most of his diplomatic career in China, holding consular posts in the treaty port of Niuzhuang 牛莊 (present-day Yingkou 營口, Liaoning), Nanjing, Hong Kong, Shanghai, and Fengjian from 1904 onwards. His excellent Chinese language skills and expertise made him an indispensable intermediary in Sino-Japanese relations during a period marked by the advent of the Republic of China. He notably established ties of trust with Sun Yat-sen.
In September 1926, Funatsu left the Gaimushō to head the Association of Japanese Cotton Spinning Industry in China (Zaika nihon bōseki dōgyōkai 在華日本紡績同業会), formed the previous year. His mission was to put his diplomatic talents at the service of an industry hard hit by the social movements of 1925 that led to the May Thirtieth Movement (Wusa yundong 五卅運動). During this period, he participated in the Kyoto (1929) and Shanghai (1931) conferences of the Institute of Pacific Relations (Taiheiyō mondai chōsa-kai 太平洋問題調査会), a non-governmental organization funded by the Rockefeller Foundation. The invasion of Manchuria in late 1931 and the Shanghai Incident in early 1932 further strained Sino-Japanese relations, particularly on the economic front with the proliferation of boycott campaigns against Japanese products. In this context, Funatsu established the Sino-Japanese Trade Association (Nitchū bōeki kyōkai 日中貿易協会) to facilitate economic diplomacy between the two countries. Nicknamed the “Funatsu Agency” (Funatsu kikan 船津機関), this organization was chaired by bankers Zhou Zuomin 周作民 (1884-1955) and Kodama Kenji 児玉謙次 (1871-1954).
As a former diplomat well-versed in the Chinese terrain and no longer tied to the government, Funatsu had the perfect profile to play the role of an informal emissary at the beginning of the war. While he was back in Japan due to his wife’s health problems, Ishii Itarō and Ishiwara Kanji asked him to go to Shanghai on August 4, 1937, to reconnect with his friend Gao Zongwu, whom he met on August 9, to sound out the Nationalist Government in the hope of a quick resolution to the conflict. This channel was short-circuited by a similar initiative from the ambassador to China, Kawagoe Shigeru 川越茂 (1881-1969), and was abruptly interrupted after the “Ōyama Incident” on August 9, during which Navy Lieutenant Ōyama Isao 大山勇夫 was killed in a skirmish with Chinese soldiers in Shanghai. Although this operation failed, it foreshadowed Gao‘s involvement in the secret discussions that led to Wang Jingwei‘s defection in December 1938.
In 1939, on the occasion of the fiftieth anniversary of his arrival in China, Funatsu resigned from his position as president of the Association of Japanese Cotton Spinning Industry in China. He then became an economic advisor to the Shanghai Special Municipality and the Nanjing government. Subsequently, he participated in other attempts at negotiations with Chongqing, notably on behalf of Matsuoka Yōsuke 松岡洋右 (1880-1946) during the “Sen Operation” (Sen kōsaku 銭工作) targeting Qian Yongming 錢永銘 (1885-1958) in October 1940, alongside Tajiri Akiyoshi and Nishi Yoshiaki. He left a testimony on this subject entitled Nanka kōshō shippai nikki 南華交渉失敗日記 (Diary of Failed Negotiations in Southern China), in which he asserts that the “Sen Operation” could have put an end to the conflict. At the end of the war, Funatsu organized the repatriation of Japanese living in China as a member of the Autonomous Association of Overseas Japanese (Nikkyō jichikai 日僑自治会).