Diplômé de l’École d’officiers de l’armée de terre (rikugun shikan gakkō 陸軍士官学校) en 1897, Abe Nobuyuki intègre en 1902 l’École supérieure de guerre (rikugun daigakkō 陸軍大学校). Sa formation dans l’établissement d’élite est interrompue par la Guerre russo-japonaise à laquelle il prend part, avant d’achever ses études en 1907. Devenu membre de l’état-major général de l’Armée de terre (sanbōhonbu 参謀本部), il part en novembre 1910 pour l’Allemagne, avant de servir comme attaché militaire adjoint (chūzai bukan hosakan 駐在武官補佐官) à Vienne en 1913. À son retour au Japon au début de la Grande guerre, Abe retrouve son poste d’enseignant à l’École supérieure de guerre. Ayant pris le commandement du 3e régiment d’infanterie (yahō daisan rentai 野砲第三聯隊) en 1918, il participe à l’Expédition de Sibérie qui, sous prétexte de protéger les ressortissants japonais dans la région des troubles provoqués par la guerre civile russe, vise à étendre l’influence nippone en Mandchourie du Nord. Affecté à l’état-major général en 1920, Abe accède au grade de général de brigade (shōshō 少将) en 1922. Durant cette période, il dirige notamment l’application de la loi martiale dans les mois qui suivent le Grand tremblement de terre du Kantō le 1er septembre 1923. En juillet 1926, il est nommé à la tête du Bureau des affaires militaires du ministère de l’Armée (rikugun-shō gunmu-kyoku 陸軍省軍務局), l’un des postes les plus convoités par les militaires. Promu général de division (chūshō 中将) en 1927, Abe sert comme vice-ministre de l’Armée en 1928, avant d’occuper par intérim le poste de ministre de juin à décembre 1930 à la place d’Ugaki Kazushige. En janvier 1932, Abe prend le commandement de l’Armée de Taiwan (Taiwan-gun 台湾軍) jusqu’en août 1933. Approchant de l’âge de la retraite, il obtient à son retour au Japon ses galons de général d’armée (taishō 大将), un siège au Conseil suprême de guerre (gunji sanji giin 軍事参事議院), avant d’être versé, en 1936, dans l’armée de réserve (yobiyaku 予備役).
Après la dissolution du Cabinet de Hiranuma Kiichirō le 28 août 1939, provoquée par le fiasco en cours à Nomonhan, les vives tensions suscitées par la négociation du Pacte tripartite et, surtout, le choc du pacte de non-agression germano-soviétique, l’ancien premier ministre Hirota Kōki est pressenti pour former un nouveau gouvernement. Le ministre de l’Armée sortant, Itagaki Sheishirō, ayant mis son veto à la nomination d’Hirota comme à celle, également évoquée, d’Ugaki Kazushige, cette lourde tâche incombe finalement à Abe Nobuyuki ; l’un des deux noms suggérés par l’Armée. Bien que relativement inexpérimenté pour un tel poste, Abe présente l’avantage de n’être issu d’aucune des grandes factions politiques et militaires. S’il est donc soutenu par l’Armée, Abe voit son autorité d’emblée limitée. Fait inédit, Hirohito impose comme ministre de l’Armée son fidèle aide de camp Hata Shunroku. L’empereur ordonne également à Abe d’adopter une diplomatie conciliante vis-à-vis des États-Unis et de la Grande-Bretagne, peu après s’être offusqué des manifestations anti-britanniques organisées impunément par des groupes d’extrême-droite auxquelles participe notamment Honda Kumatarō. Aux pressions du Palais s’ajoute l’ingérence des militaires. Conseillé par le colonel Arisue Seizō 有末精三 (1895-1992), Abe suit les recommandations de l’Armée en formant un gouvernement aux effectifs réduits, avant que cette organisation ne se révèle impraticable. Jusqu’à la mi-novembre 1939, Abe cumule ainsi le poste de premier ministre avec le portefeuille des Affaires étrangères, avant d’être remplacé au Gaimushō par Nomura Kichisaburō 野村吉三郎 (1877-1964). Durant les cinq mois de sa courte existence, le Cabinet Abe est marqué par le début de la guerre en Europe et la réorganisation de l’État d’occupation japonais en Chine.
En effet, c’est sous son mandat que le projet de gouvernement confédéral chinois laisse place à celui défendu par le groupe de Wang Jingwei visant à restaurer à Nankin un Gouvernement national réorganisé. Ce soutien d’Abe à Wang Jingwei passe par un affaiblissement des principaux adversaires de ce dernier en Chine. Tenus responsables de l’initiative désastreuse de Nomonhan, les états-majors en Chine du Nord voient leur autonomie rognée. Le commandant en chef de l’Armée du Guandong, Ueda Kenkichi 植田謙吉 (1875-1962), farouche partisan d’une Chine divisée, est rappelé à Tokyo début septembre 1939. Plus encore, la fusion le 20 septembre des armées régionales de Chine du Nord et de Chine centrale en une Armée expéditionnaire de Chine (Shina hakengun 支那派遣軍) commandée depuis Nankin marque, sinon l’affaiblissement de Pékin, du moins un renforcement de Nankin dans un processus centralisé de construction étatique en zone occupée. En outre, la nomination d’Itagaki Sheishirō comme chef d’état-major de cette armée unifiée favorise l'”Opération Wang Jingwei” portée par l’un de ses proches, Kagesa Sadaaki, contre les collaborateurs de la première heures comme Wang Kemin et Liang Hongzhi, ainsi que leurs patrons japonais, qui cherchent à freiner la mise en place du nouveau régime. La volonté chez Abe et son entourage de trouver une issue rapide au conflit chinois, grâce à Wang Jingwei, mais aussi par la reprise de négociations avec Chongqing, est d’autant plus grande que le gouvernement japonais est confronté à une explosion des dépenses militaires. Pour y remédier, Abe lance des réformes financières, qui aboutiront sous le mandat de son successeur à une augmentation des impôts venant aggraver la grogne générale contre l’incapacité du gouvernement à régler l'”Incident de Chine”. Cette grogne est renforcée par l’augmentation, en novembre, du prix fixe du riz en raison d’un épisode de sécheresse et, plus généralement, par les problèmes d’approvisionnement causés par les restrictions liées à la guerre. Le projet, défendu par l’Armée, de créer un ministère du Commerce est mis en échec par la vive résistance du ministère des Affaires étrangères qui obtient gain de cause après qu’une centaine de ses hauts-fonctionnaires ont menacé de démissionner. Abe échoue également à améliorer les relations avec les États-Unis, ne parvenant pas à rétablir le traité de commerce contracté en 1911 et abrogé par Washington en juillet 1939, en représailles de l’ingérence japonaise dans la mise en place de gouvernements en Chine occupée. Pour ne rien arranger, Abe doit faire avec le réveil des partis politiques. Le 4 décembre 1939, il se donne pourtant la peine de recevoir les chefs de quatre principales formations afin de les consulter sur les réformes en cours et la mise en place du nouveau gouvernement chinois. Ces marques d’égard n’empêchent pas une fronde des parlementaires au nom d’une “restauration des partis politiques” (seitō fukkatsu ron 政党復活論) visant à rétablir leur rôle dans la conduite des affaires du gouvernement qu’ils jugent confisquée par les technocrates actifs au sommet de l’appareil bureaucratique civil comme militaire. Dès l’ouverture de la session parlementaire, le 26 décembre, un vote de défiance (non contraignant) obtient la majorité, suivi d’une pétition appelant à la dissolution du Cabinet Abe signée par 276 des 466 députés le 7 janvier 1940. Abe emploie la manière forte en préparant une dissolution, mais, lâché par l’Armée, il est contraint de démissionner le 14 janvier.
Entre avril et décembre 1940, Abe séjourne à Nankin en tant qu’ambassadeur extraordinaire auprès du Gouvernement national réorganisé de Wang Jingwei (Chūka minkoku tokuha taishi 中華民国特派大使) inauguré le 30 mars. Cette nomination est interprétée par la presse chinoise comme le signe de l’enthousiasme mitigé de Tokyo pour le “retour à la capitale” du parti-État nationaliste “orthodoxe” : Abe n’a pas la carrure politique d’un Konoe Fumimaro et son statut d'”envoyé spécial”, et non pas d’ambassadeur plénipotentiaire, apparaît comme le signe d’une hésitation à reconnaître officiellement le nouveau régime à la place de son homonyme de Chongqing. Cette hésitation traduit l’espoir de voir aboutir des négociations avec Jiang Jieshi qui, après avoir tenté d’empêcher l’inauguration du régime de Nankin en laissant miroiter un cessez-le-feu, cherche à faire de même pour empêcher sa reconnaissance. S’il ne s’oppose pas à ces négociations, Zhou Fohai tente, dans les semaines qui précèdent l’arrivée d’Abe, d’obtenir une reconnaissance immédiate, faute de quoi il menace de ne pas former le nouveau gouvernement. La mission d’Abe consiste à mener des négociations à Nankin pour définir la politique de collaboration sino-japonaise. Celles-ci débutent formellement à l’été 1940. Dans un discours devant les principaux dirigeants chinois et japonais le 3 juillet, Abe annonce la teneur du texte auquel doivent aboutir ces discussions. Celui-ci devra (1) prendre pour base les déclarations de l’ancien premier ministre Konoe en novembre et décembre 1938 ; (2) suivre les critères retenus (ou plutôt imposés) dans l'”accord préparatoire” (caoyue 草約) négocié à Shanghai en novembre 1939 et signé par Wang Jingwei le 30 décembre (voir Kagesa) ; et (3) inclure des clauses propres au contexte de guerre. Autrement dit, l’espoir qu’entretiennent encore Wang Jingwei et ses lieutenants de revenir sur certaines des exigences les plus dures actées fin 1939 n’est pas à l’ordre du jour. La première session de négociation s’ouvre le 5 juillet 1940 à Nankin. Outre Abe, le gouvernement japonais est représenté par Kagesa Sadaaki, Hidaka Shinrokurō, Inukai Ken, le diplomate Matsumoto Shun’ichi 松本俊一 (1897-1987), le contre-amiral Suga Hikojirō 須賀彥次郎 (1889-1941), ainsi que par Andō Meidō 安藤明道 (1895-1985) issu du Kōa-in. Côté chinois, Wang Jingwei est entouré de Zhou Fohai, Chu Minyi, Mei Siping, Lin Baisheng, Xu Liang et Zhou Longxiang.
Ainsi, la promesse faite par Konoe en décembre 1938 de rétrocéder à la Chine les concessions étrangères et d’abolir l’extraterritorialité est-elle enterrée par Abe au motif que cela désavantagerait les hommes d’affaires japonais en Chine. De même, Abe oppose une fin de non recevoir à la demande des négociateurs chinois que certaines clauses secrètes de l'”accord préparatoire”, aussi connu sous le nom d'”accord interne” (naiyaku 內約), soient inscrites dans le futur traité pour engager publiquement le Japon à les respecter, notamment celle concernant la mise en circulation du yen militaire (gunpyō 軍票) en Chine occupée (voir Aoki). Abe revient même sur certaines clauses incluses dans l’accord du 30 décembre, comme celle prévoyant la nationalisation des chemins de fer. Wang mobilise ses contacts à Tokyo pour obtenir que le prince Konoe, redevenu premier ministre le 22 juillet, intercède en faveur du nouveau gouvernement sur ce point, mais le tout-puissant Kōa-in (voir Ishii) refuse catégoriquement que la gestion des voies ferrées soit rendue à Nankin au prétexte que celles-ci constituent des axes stratégiques pour l’armée impériale. Si la promesse faite à la veille de la défection de Wang, mais absente du discours de Konoe en décembre, d’un retrait des troupes nippones dans les deux ans apparaît bien dans le texte de l’accord, elle est assortie d’une clause qui l’annule de fait : ce retrait est conditionné par la capacité du gouvernement de Wang à restaurer une “paix complète [quanmian heping 全面和平]” et à “rétablir l’ordre [zhi’an queli 治安確立]”. Au final, Abe ne transige que sur la forme, acceptant, par exemple, à la demande de Zhou, que le stationnement de navires de guerre japonais sur le Yangzi ne soit pas présenté comme visant à “préserver l’intérêt commun des deux pays“, mais comme l’application d’une décision prise avant que n’éclate l'”Incident de Chine” pour en faire porter la responsabilité à Chongqing. Bien que ces négociations aboutissent dès le 31 août 1941, la signature du traité est retardée par de nouvelles tentatives japonaises de s’entendre avec Chongqing (voir Nishi). Convaincu que Jiang Jieshi ne cherche qu’à retarder la reconnaissance du régime de Nankin pour mieux le décrédibiliser, Abe part le 18 novembre à Tokyo avec Zhou Fohai et Kagesa pour faire pression afin que la signature du traité ait lieu à la date entérinée le 13 novembre en conférence impériale (gozen kaigi 御前会議). L’Accord à propos des relations fondamentales entre le Japon et la République de Chine (Nipponkoku Chūka minkoku kan kihon kankei niseki suru jōyaku 日本国中華民国間基本関係ニ関スル条約, version chinoise) est finalement signé le 30 novembre 1940 par Abe et Wang Jingwei. Il s’accompagne d’une reconnaissance diplomatique de Nankin par Tokyo – une première pour un gouvernement collaborateur en Chine “propre” – et d’une Déclaration commune Japon-Manzhouguo-Chine (Nichi-Man-Ka kyōdō sengen 日満華共同宣言) également signée par l’ambassadeur du Manzhouguo à Nankin, Zang Shiyi 臧式毅 (1884-1956). En dépit de l’âpreté des négociations, Abe continue par la suite d’apparaître aux yeux des dirigeants de Nankin comme un allié, qu’ils ne manquent pas de rencontrer lors de chacune de leurs visites dans l’archipel. En juin 1942, Zhou Fohai envisage même de demander à Abe de prendre la tête d’une “Association de soutien à Nankin [Nanjing tongzhihui 南京同志會]” composée de dirigeants civils et militaires japonais chargés de défendre les intérêts du régime de Wang Jingwei à Tokyo.
Le 23 février 1942, Abe est désigné pour diriger le Conseil pour l’organisation politique du soutien du Trône (yokusan-seiji-taisei kyōgi-kai 翼賛政治体制協議会). Cette organisation ad hoc vise à contourner l’interdit constitutionnel empêchant le gouvernement de recommander des candidats afin d’assurer une large victoire à l’Association de soutien au Trône lors des élections législatives du 30 avril 1942. Abe n’est que le second choix du premier ministre Tōjō Hideki qui envisageait de confier cette tâche à un autre général d’armée et ancien premier ministre, Hayashi Senjurō 林銑十郎 (1876-1943), finalement disqualifié en raison de ses mauvaises relations avec le Parlement durant son court mandat entre février et juin 1937. S’il fait donc, une fois encore, office de choix par défaut, Abe peut se prévaloir de son expérience comme administrateur, mais aussi de ses relations à la Cour grâce au mariage de son fils aîné avec la fille du plus proche conseiller de l’empereur, le gardien du sceau privé Kido Kōichi 木戸幸一 (1889-1977). Pour reprendre le portrait que tire de lui Edward J. Drea dans son ouvrage de référence sur les élections de 1942, “Abe was a political mediocrity, but he had fortuitous qualities that made him acceptable to diverse political factions” (Drea 1979, p. 27). En mai 1942, il est nommé président de l’Association de soutien au Trône (yokusan-seiji-kai sōsai 翼賛政治会総裁) et obtient de siéger à la Chambre des Pairs jusqu’en février 1946.
Entre-temps, Abe est le dernier à occuper le poste de gouverneur général de Corée (Chōsen sōtoku 朝鮮總督), entre juillet 1944 et septembre 1945. Peu après son installation, il apprend la mort de son fils cadet, tué le 19 octobre par la flotte britannique au large des îles Nicobar. À la veille de la capitulation japonaise, Abe met sur pied un organe de transition composé de personnalités coréennes chargé de maintenir l’ordre et d’éviter les violences anti-japonaises avant l’arrivée des troupes alliées. Après avoir proposé en vain à Song Jin-woo 송진우 宋鎭禹 (1889-1945) d’en prendre la tête, il obtient l’accord de Yeo Un-hyeong 여운형 呂運亨 (1886-1947), qui accepte de servir comme premier ministre en échange de la libération des prisonniers politiques coréens. Après le débarquement des troupes américaines sur les côtes coréennes le 8 septembre 1945, le général John R. Hodge (1893-1963) annonce le maintien en place d’Abe, provoquant des manifestations au cours desquelles deux Coréens sont tués par des soldats japonais. Devant l’impopularité de cette politique, Hodge révoque Abe le 12 septembre. Arrêté à son retour dans l’archipel, Abe fait partie des dirigeants japonais inculpés comme criminels de guerre de classe A. Peu avant que ne débutent, en avril 1946, les travaux du Tribunal militaire international pour l’Extrême-Orient, Abe est retiré de la liste des prévenus devant être jugés immédiatement, en même temps que le général Masaki Jinzaburō 真崎甚三郎 (1876-1956). Il semble que ce revirement soit destiné à faire de la place pour l’inculpation de Shigemitsu Mamoru et Umezu Yoshijirō 梅津美治郎 (1882-1949), exigées par les Soviétiques. Libéré peu après, Abe décède en 1953, quelques mois après avoir été réhabilité.
Sources : KSDJ ; NRSJ, p. 4 ; Yagami 2006, p. 78-80 ; Sims 2001, p. 211-214, 233 ; HSN, p. 239 ; Boyle 1972, p. 257-258, 294-295, 297-299 ; ZR, p. 230, 262, 316, 317, 341, 380, 382, 616, 627, 630, 682, 817, 914 ; Drea 1979, p. 25-27 ; Seth 2010, p. 86, 89 ; Wikipedia ; Dower 1999, p. 482, 634.
After graduating from the Imperial Japanese Army Academy (Rikugun Shikan Gakkō 陸軍士官学校) in 1897, Abe Nobuyuki joined the Army War College (Rikugun Daigakkō 陸軍大学校) in 1902. His training at this elite institution was interrupted by the Russo-Japanese War, in which he participated before completing his formation in 1907. Upon becoming a member of the General Staff (Sanbōhonbu 参謀本部), he departed for Germany in November 1910, and later served as the deputy military attaché (Chūzai Bukan Hosakan 駐在武官補佐官) in Vienna in 1913. Upon returning to Japan at the onset of the Great War, Abe resumed his teaching position at the Army War College. Taking command of the 3rd Infantry Regiment (Yahō Daisan Rentai 野砲第三聯隊) in 1918, he took part in the Siberian Expedition. This campaign, under the pretext of protecting Japanese nationals from the turmoil caused by the Russian Civil War, aimed to extend Japanese influence in Northern Manchuria. Assigned to the General Staff again in 1920, Abe was promoted to the rank of brigadier general (shōshō 少将) in 1922. During this time, he notably oversaw the implementation of martial law following the Great Kantō earthquake on September 1, 1923. In July 1926, he was appointed as head of the Military Affairs Bureau of the Ministry of the Army (Rikugun-shō Gunmu-kyoku 陸軍省軍務局), one of the most coveted positions for military personnel. Promoted to major general (chūshō 中将) in 1927, Abe served as Vice Minister of the Army in 1928, and temporarily as Minister from June to December 1930 in place of Ugaki Kazushige. In January 1932, Abe assumed command of the Taiwan Army (Taiwan-gun 台湾軍) until August 1933. Approaching retirement age, upon his return to Japan he was promoted to the rank of general (taishō 大将), received a seat on the Supreme War Council (Gunji Sanji Giin 軍事参事議院), and was placed in the reserve army (Yobiyaku 予備役) in 1936.
Following the dissolution of Hiranuma Kiichirō’s Cabinet on August 28, 1939, amidst the ongoing debacle at Nomonhan, the intense tensions from the Tripartite Pact negotiations, and particularly the shock of the German-Soviet non-aggression pact, former Prime Minister Hirota Kōki was considered to form a new government. The outgoing Minister of the Army, Itagaki Seishirō, having vetoed Hirota’s appointment, as well as the potential nomination of Ugaki Kazushige, the heavy responsibility ultimately fell to Abe Nobuyuki, one of the two names proposed by the Army. Although relatively inexperienced for such a position, Abe had the advantage of not being part of any major political or military faction. While he was thus supported by the Army, Abe’s authority was immediately limited. In an unprecedented action, Emperor Hirohito appointed his trusted aide-de-camp Hata Shunroku as Minister of the Army. The Emperor also instructed Abe to pursue a diplomatic approach conciliatory towards the United States and Great Britain, soon after expressing indignation over the unchecked anti-British demonstrations organized by right-wing extremist groups, in which Honda Kumatarō was involved. Palace pressures were compounded by military interference. Guided by Colonel Arisue Seizō 有末精三 (1895-1992), Abe followed the Army’s recommendations to form a slimmed-down government, which would prove to be impractical. Until mid-November 1939, Abe concurrently held the positions of Prime Minister and Foreign Minister, before being succeeded at the Ministry of Foreign Affairs by Nomura Kichisaburō 野村吉三郎 (1877-1964). During the five months of its brief existence, the Abe Cabinet was marked by the outset of the war in Europe and the reorganization of the Japanese occupation state in China.
During his mandate as Prime minister, the project for a Chinese confederal government was abandoned in favor of the plan promoted by Wang Jingwei’s group, which aimed to restore a reorganized National Government in Nanjing. Abe’s support for Wang Jingwei involved weakening the latter’s main opponents in China. Held responsible for the disastrous initiative at Nomonhan, the general staffs in North China saw their autonomy curtailed. The commander-in-chief of the Kwantung Army, Ueda Kenkichi 植田謙吉 (1875-1962), a staunch advocate for a divided China, was recalled to Tokyo in early September 1939. Moreover, the merger on September 20 of the regional armies of North China and Central China into a single China Expeditionary Army (Shina hakengun 支那派遣軍), commanded from Nanjing, marked, if not the weakening of Beijing, at least a reinforcement of Nanjing in a centralized state-building process in the occupied zone. Furthermore, the appointment of Itagaki Seishirō as chief of staff of this unified army favored the “Wang Jingwei Operation” carried out by one of his close associates, Kagesa Sadaaki, against early collaborators such as Wang Kemin and Liang Hongzhi, as well as their Japanese patrons, who sought to slow down the establishment of the new regime. Abe and his entourage’s desire to find a quick resolution to the Chinese conflict, through Wang Jingwei but also by resuming negotiations with Chongqing, was all the greater as the Japanese government faced an explosion in military spending. To remedy this, Abe launched financial reforms, which, under the mandate of his successor, resulted in a tax increase that intensified general discontent with the government’s inability to resolve the “China Incident.” This discontent was exacerbated by the increase, in November, of the fixed price of rice due to a drought and, more generally, by supply problems caused by war-related restrictions. The Army’s project to create a Ministry of Commerce was thwarted by strong resistance from the Ministry of Foreign Affairs, which prevailed after about a hundred of its senior officials threatened to resign. Abe also failed to improve relations with the United States, unable to restore the trade treaty contracted in 1911 and abrogated by Washington in July 1939, in retaliation for Japanese interference in the establishment of governments in occupied China. To make matters worse, Abe had to contend with the resurgence of political parties. On December 4, 1939, he took the trouble to meet with the leaders of the four main parties to consult them on ongoing reforms and the establishment of the new Chinese government. These gestures did not prevent a revolt by parliamentarians in the name of a “restoration of political parties” (seitō fukkatsu ron 政党復活論), aiming to restore their role in the conduct of government affairs which they felt was usurped by technocrats active at the top of the civilian and military bureaucratic apparatus. From the opening of the parliamentary session on December 26, a non-binding vote of no confidence obtained a majority, followed by a petition calling for the dissolution of the Abe Cabinet signed by 276 out of 466 representatives on January 7, 1940. Abe resorted to strong-arm tactics by preparing for a dissolution, but, abandoned by the Army, he was forced to resign on January 14.
Between April and December 1940, Abe stayed in Nanjing as an ambassador extraordinary to the Reorganized National Government (Chūka minkoku tokuha taishi 中華民国特派大使), inaugurated on March 30 by Wang Jingwei. This appointment was interpreted by the Chinese press as a sign of Tokyo’s lukewarm enthusiasm for the “return to the capital” of the “orthodox” nationalist party-state: Abe did not possess the political stature of a Konoe Fumimaro, and his status as a “special envoy,” rather than a plenipotentiary ambassador, appeared to indicate a hesitation to officially recognize the new regime in place of its namesake in Chongqing. This hesitation reflected the hope of successful negotiations with Jiang Jieshi, who, after attempting to prevent the inauguration of the Nanjing regime by hinting at a ceasefire, endeavored to prevent its formal recognition. Zhou Fohai, while not opposing these negotiations, sought immediate recognition in the weeks before Abe’s arrival, threatening not to establish the new government otherwise. Abe’s assignment was to conduct negotiations in Nanjing to define the Sino-Japanese collaboration policy. These talks formally commenced in the summer of 1940. In a discourse to the principal Chinese and Japanese officials on July 3, Abe disclosed the substance of the agreement these negotiations should yield. It was stipulated that the document must (1) be predicated on the November and December 1938 declarations by the former Prime Minister Konoe; (2) conform to the stipulations of the “preparatory agreement” (caoyue 草約) negotiated in Shanghai in November 1939 and signed by Wang Jingwei on December 30; and (3) incorporate provisions relevant to the wartime situation. Hence, Wang Jingwei and his deputies’ lingering hope to renegotiate some of the stringent conditions established at the end of 1939 was not to be entertained. The inaugural negotiation session opened on July 5, 1940, in Nanjing. The Japanese government’s delegation included, in addition to Abe, Kagesa Sadaaki, Hidaka Shinrokurō, Inukai Ken, diplomat Matsumoto Shun’ichi 松本俊一 (1897-1987), Rear Admiral Suga Hikojirō 須賀彥次郎 (1889-1941), and Andō Meidō 安藤明道 (1895-1985) from the Kōa-in. Representing the Chinese side were Wang Jingwei, Zhou Fohai, Chu Minyi, Mei Siping, Lin Baisheng, Xu Liang, and Zhou Longxiang.
Thus, the promise made by Konoe in December 1938 to return foreign concessions to China and to abolish extraterritoriality was buried by Abe on the grounds that it would disadvantage Japanese businessmen in China. Similarly, Abe rejected the request by Chinese negotiators for certain secret clauses of the “preparatory agreement,” also known as the “internal agreement” (naiyaku 內約), to be included in the future treaty to publicly commit Japan to respecting them, in particular the one concerning the circulation of military yen (gunpyō 軍票) in occupied China (see Aoki). Abe even backtracked on certain clauses included in the agreement of December 30, such as the one anticipating the nationalization of railways. Wang mobilized his contacts in Tokyo to have Prince Konoe, who had returned to the prime ministership on July 22, intercede on behalf of the new government on this issue, but the all-powerful Kōa-in (see Ishii) categorically refused to relinquish control of the railways to Nanjing on the pretext that they were strategic arteries for the Imperial Army. While the promise made on the eve of Wang‘s defection, but absent from Konoe’s speech in December 1938, of a withdrawal of Japanese troops within two years was indeed present in the text of the agreement, it was coupled with a clause that effectively annuls it: this withdrawal was contingent on Wang‘s government’s ability to restore “complete peace [quanmian heping 全面和平]” and to “reestablish order [zhi’an queli 治安確立]”. In the end, Abe only compromised in form, agreeing, for example, at Zhou‘s request, that the stationing of Japanese warships on the Yangtze be not presented as aiming to “preserve the common interest of the two countries,” but as the implementation of a decision made before the outbreak of the “China Incident” to shift the blame to Chongqing. Although these negotiations concluded as early as August 31, 1941, the treaty signing was delayed by new Japanese attempts to reach an understanding with Chongqing (see Nishi). Convinced that Jiang Jieshi was only seeking to delay the recognition of the Nanjing regime to better discredit it, Abe left for Tokyo on November 18 with Zhou Fohai and Kagesa to press for the treaty to be signed on the date confirmed on November 13 in an imperial conference (gozen kaigi 御前会議). The Treaty concerning the Basic Relations between Japan and the Republic of China (Nipponkoku Chūka minkoku kan kihon kankei niseki suru jōyaku 日本国中華民国間基本関係ニ関スル条約, Chinese version) was finally signed on November 30, 1940, by Abe and Wang Jingwei. It was accompanied by a diplomatic recognition of Nanjing by Tokyo – a first for a collaborationist government in China “proper” – and a Japan-Manzhouguo-China Joint Declaration (Nichi-Man-Ka kyōdō sengen 日満華共同宣言) also signed by the Manzhouguo ambassador to Nanjing, Zang Shiyi 臧式毅 (1884-1956). Despite the bitterness of the negotiations, Abe continued to appear as an ally to the RNG’s leaders, whom they made sure to meet during each of their visits to Japan. In June 1942, Zhou Fohai even considered asking Abe to lead a “Nanjing Support Association [Nanjing tongzhihui 南京同志會]” composed of Japanese civilian and military leaders charged with defending the interests of the Wang Jingwei regime in Tokyo.
On February 23, 1942, Abe was appointed to lead the Imperial Rule Assistance Political Structure Association (yokusan seiji taisei kyōgikai 翼賛政治体制協議会). This ad hoc organization aimed to circumvent the constitutional prohibition preventing the government from endorsing candidates in order to ensure a sweeping victory for the Imperial Support Association in the legislative elections of April 30, 1942. Abe was only the second choice of Prime Minister Tōjō Hideki, who had considered entrusting this task to another army general and former prime minister, Hayashi Senjurō 林銑十郎 (1876-1943), who was ultimately disqualified due to his poor relations with the Parliament during his brief term from February to June 1937. Although once again a choice by default, Abe could boast of his experience as an administrator, and also of his connections to the Court through his eldest son’s marriage to the daughter of the emperor’s closest advisor, the Keeper of the Privy Seal Kido Kōichi 木戸幸一 (1889-1977). To quote the portrayal of him by Edward J. Drea in his reference work on the 1942 elections, “Abe was a political mediocrity, but he had fortuitous qualities that made him acceptable to diverse political factions” (Drea 1979, p. 27). In May 1942, he was appointed president of the Imperial Rule Assistance Political Association (yokusan seiji-kai sōsai 翼賛政治会総裁) and secured a seat in the House of Peers (Kizoku-in 貴族院) until February 1946.
In the meantime, Abe was the last to hold the position of Governor-General of Korea (Chōsen sōtoku 朝鮮總督), serving from July 1944 to September 1945. Shortly after assuming office, he learned of the death of his younger son, who was killed on October 19 by the British fleet off the Nicobar Islands. On the eve of Japan’s surrender, Abe established a transitional body composed of Korean personalities tasked with maintaining order and preventing anti-Japanese violence before the arrival of Allied troops. After unsuccessfully proposing to Song Jin-woo 송진우 宋鎭禹 (1889-1945) to head this body, he secured the agreement of Yeo Un-hyeong 여운형 呂運亨 (1886-1947), who agreed to serve as prime minister in exchange for the release of Korean political prisoners. Following the landing of American troops on the Korean coast on September 8, 1945, General John R. Hodge (1893-1963) announced that Abe would remain in place, prompting demonstrations during which two Koreans were killed by Japanese soldiers. In the face of the unpopularity of this policy, Hodge relieved Abe of his position on September 12. Arrested on his return to Japan, Abe was charged as a “Class A” war criminal. Just before the proceedings of the International Military Tribunal for the Far East began in April 1946, Abe was removed from the list of defendants to be tried immediately, alongside General Masaki Jinzaburō 真崎甚三郎 (1876-1956). It appears that this reversal was intended to make room for the indictment of Shigemitsu Mamoru and Umezu Yoshijirō 梅津美治郎 (1882-1949), as demanded by the USSR. Released shortly thereafter, Abe passed away in 1953, a few months after being rehabilitated.