Originaire de Changhua (Zhejiang), Xiong Jiandong part au Japon pour préparer l’École d’officiers de l’armée de terre (rikugun shikan gakkō 陸軍士官学校). À son retour en Chine, il intègre l’état-major de Feng Yuxiang, avant, semble-t-il, de rallier le Gouvernement national, sans toutefois que l’on connaisse son parcours dans les années 1930. On le retrouve au début de la guerre sino-japonaise menant des opérations de guérilla derrière les lignes ennemies dans la région de Changshu 常熟 (Jiangsu). Le chef des services secrets militaires nationalistes (le Juntong 軍統) Dai Li lui confie alors la direction de l’agence de renseignement de Shanghai. Arrêté par la police militaire japonaise (kenpeitai 憲兵隊) au début de l’année 1939, Xiong est emprisonné pendant plus d’un an avant de rallier le camp de la collaboration. Son épouse Tang Yijun se démène pour le faire libérer. Les services secrets nationalistes (le Zhongtong 中統) voient là l’occasion de tendre un piège à Ding Mocun, dont le goût des jeunes femmes est de notoriété publique. Sur les conseils du principal agent du Zhongtong à Shanghai, Chen Baohua 陳寶華, Tang Yijun se fait représenter par Zheng Pingru 鄭蘋如 (1918-1940) qui séduit Ding Mocun, avant d’être démasquée et exécutée en février 1940 ; épisode qui devait inspirer à Zhang Ailing 張愛玲 (1920-1995) la nouvelle Se, Jie 色戒 (Lust, Caution), adaptée à l’écran en 2007 par Ang Lee 李安.

Lorsqu’il le rencontre le 25 mai 1940, Zhou Fohai note au sujet de Xiong qu’il est “certainement un homme talentueux, mais dont il est à craindre qu’il ne soit difficile à contrôler” ; observation qu’il répète par la suite, mot pour mot, à plusieurs reprises. Le 10 juillet, Tang Yijun plaide auprès de Zhou Fohai pour que ce dernier obtienne la libération de son mari en se portant garant et qu’il envoie Xiong “étudier au Japon“, ce que fait Zhou en finançant son voyage. Lorsque Xiong revient du Japon début 1941, Zhou souhaite le nommer au sein du gouvernement central, mais, face à la méfiance qu’il suscite à Nankin, décide finalement de l’envoyer à Wuhan où, écrit-il dans son journal personnel, il le charge d’un plan secret qui échoue. S’il ne précise pas le contenu de ce plan, il s’agit sans doute de reprendre contact avec Chongqing. Lors d’une rencontre entre les deux hommes à Shanghai le 26 septembre 1941, Zhou s’entretient avec lui des “devoirs qui lui incombent [曉以大義]” et dit espérer que Xiong pourra servir dans les instances centrales. Xiong lui répond qu’il partage son état d’esprit, mais qu‘il est tributaire de la situation à Wuhan.

Entre-temps, Xiong est en effet parvenu à se tailler un rôle de choix au Hubei, avec le soutien de l’un de ses anciens enseignants à l’École d’officiers alors en poste en Chine. Il convainc les autorités japonaises locales de placer sous son commandement une “armée de protection de la race jaune”, la Huangweijun 黃衛軍, dont l’histoire est connue grâce au témoignage après-guerre de l’un de ses officiers, Zhu Shaowen 朱紹文. En avril 1941, Okamura Yasuji aide ainsi Xiong à recruter plus de 1400 hommes, parmi lesquels des bandits sévissant dans les zones marécageuses du district de Honghu 洪湖 au sud-ouest de Wuhan, ainsi que des soldats nationalistes déserteurs. Ils sont encadrés par des hommes de confiance de Xiong. Outre son chef d’état-major (canmouzhang 參謀長) Li Guochen 李果諶 (?-1941), un ancien chef de station du Juntong à Hankou arrêté par la kenpeitai que Xiong fait libérer, le commandement de la Huangweijun compte des anciens de l’Académie militaire de Huangpu (Xu Zhaoming 徐肇明 et Zou Pingfan 鄒平凡), ainsi que des proches originaires comme lui du Zhejiang tels que Gu Shuo 顧碩 et Zou Youjun 鄒佑軍. Entièrement financée et équipée par les Japonais, cette armée ne dépend en rien du Gouvernement national réorganisé de Nankin.

En juillet 1941, Okamura stationne la Huangweijun sur le Mont Luo 螺山 (Jianli 監利), dans le sud du Hubei. Au cours d’une attaque de l’armée nationaliste, Xiong est blessé et son second Li Guochen tué. En risquant sa vie contre ses anciens compagnons d’armes, Xiong gagne la confiance des Japonais. En dépit de revers à répétition contre l’Armée nationale et la Nouvelle 4e armée, la Huangweijun obtient ainsi des moyens croissants en armes et en hommes, jusqu’à atteindre plus de 8000 hommes. Au printemps 1942, elle se dote d’une académie militaire (huangweijun junshi xuexiao 黃衛軍軍事學校), établie dans une ancienne école de jeunes filles à Hanyang qui, à la manière de l’Académie de Huangpu dans les années 1920, accorde une grande importance à l’idéologie comme le résume bien son hymne, composé par Xiong : “Peuples d’Asie de l’Est, unissons-nous contre le communisme! Nous sommes l’avant-garde de l’Asie orientale, nous sommes des héros de la nation! Unissons-nous! Tuons l’ennemi!“.

Les efforts du gouvernement de Wang Jingwei pour étendre son autorité sur le Hubei conduisent, en août 1942, à un remaniement important de la Huangweijun. Afin de l’intégrer dans l’armée de Nankin, celle-ci est scindée en deux : une partie demeure à Wuhan sous le nom de 29e division de l’Armée de terre (lujun di 29 shi 陸軍第29師) commandée par Zou Pingfan, tandis que Xiong Jiandong, nommé en novembre au sein du Comité des affaires militaires (junshi weiyuanhui 軍事委員會), emmène à Shanghai plus de 3000 hommes et autant de fusils. Cette force intègre la Brigade fiscale (shuijing zongtuan 税警總團) qui dépend du ministère des Finances de Zhou Fohai ; intégration qui ne va pas sans poser des difficultés, que ce soit au niveau de la formation politique des hommes de la Huangweijun à qui il faut inculquer la loyauté au gouvernement de Nankin, ou au niveau de l’organisation. Dans un premier temps, un second régiment est ajouté à la Brigade fiscale, avant que les deux ne fusionnent le 1er mars 1943 pour former la Brigade fiscale centrale (zhongyang shuijing zongtuan 中央稅警總團), avec à sa tête Luo Junqiang secondé par Xiong. À la suite d’un incident survenu le 19 décembre 1943 au cours duquel neufs policiers de la concession française sont tués par des soldats de la Brigade fiscale relevant de Luo Junqiang, les Japonais exigent que ce dernier soit remplacé par Xiong. Désireux de sauver la face de son fidèle lieutenant, très attaché à la Brigade fiscale dont il est le concepteur, mais conscient que Xiong dispose d’appuis solides au sein de la kenpeitai, Zhou prend le titre de chef de régiment (zongduizhang 總隊長) tout en confiant à Xiong, nommé second (fuzongduizhang 副總隊長), la réalité du commandement de la Brigade spéciale. Après le départ de Luo, le Juntong parvient à placer plusieurs de ses agents au sein de celle-ci. Xiong cumule, par ailleurs, le poste de chef du Bureau de la sûreté (bao’anchu 保安處) de Shanghai.

Aux côtés de Yang Xinghua et de Luo Junqiang, Xiong devient le principal complice de Zhou Fohai dans ses activités secrètes pour le compte de Chongqing. Le 30 novembre 1943, Zhou explique à Xiong le travail clandestin qu’il attend de lui, en espérant tirer profit de la confiance que lui accorde la kenpeitai. Afin de ménager l’avenir, lui explique Zhou, il convient de faire preuve d’indulgence vis-à-vis des agents de Chongqing, sauf en cas d’opérations terroristes. Xiong devient proche de Zhou, qu’il invite régulièrement chez lui pour des dîners arrosés, souvent suivis de la projection d’un film. Cette proximité croissante n’empêche pas certaines tensions. En septembre 1944, Xiong met en place, à l’insu de Zhou, une Société des mœurs pures (zhengfengshe 正風社) destinée à créer un esprit de corps entre ses officiers et dont il prend la tête. Une fois l’organisation découverte par Zhou, Xiong la dissout. Contrit, il jure une totale loyauté à Zhou, dont il sait qu’il est son seul appui au sein du régime de Nankin. Magnanime, Zhou le rassure sur son soutien et l’enjoint à mener à bien ce projet. À la suite de cet épisode, Zhou note dans son journal personnel qu’il a tiré les leçons de la trahison de Li Shiqun : il lui faut ménager ses lieutenants s’il veut qu’ils lui restent fidèles. Du reste, les deux hommes partagent une vision similaire de la “collaboration dans la collaboration” (B. Martin) avec Chongqing, à savoir une volonté commune de contrôler étroitement les liens secrets avec le camp de la résistance. Le 31 octobre 1944, Xiong insiste ainsi auprès de Zhou pour que cesse la confusion entre résistance et collaboration qui règne dans les rangs de la Brigade fiscale. Il est indispensable, explique-t-il, que seuls les dirigeants du gouvernement de Nankin transmettent des informations à Chongqing. Zhou juge cette position très sage.

Dans les derniers mois de la guerre, les tensions persistantes entre Xiong et Luo Junqiang fragilisent le réseau clandestin mis en place par Zhou pour préparer la sortie de guerre, ce qui amène ce dernier à exiger des deux hommes qu’ils s’entendent. Le 3 juin 1945, Xiong demande à Zhou de pouvoir être relevé de ses fonctions de chef d’état-major du commandement de la gendarmerie (bao’an silingbu canmouzhang 保安司令部參謀長) et propose que Xu Zhaoming le remplace. Devant le refus de Zhou, à qui Xu n’inspire pas confiance, il recommande Liu Yuping 劉禹平, un autre de ses lieutenants issus de la Huangweijun, avant de renoncer à sa démission le lendemain. À la suite de Zhou Fohai, Xiong joue un rôle central dans la transition devant conduire à la prise de contrôle de la région du Bas-Yangzi par les autorités de Chongqing. Ce rôle est officialisé le 19 août 1945 lorsque le Comité des affaires militaires du Gouvernement national le nomme vice-commandant en chef des opérations de Shanghai (Shanghai xingdong zongdui silingbu fusiling 上海行動總隊司令部副司令). Remobilisé avec ses hommes de l’ancienne Brigade fiscale pour lutter contre les troupes communistes au début de la guerre civile, Xiong Jiandong est tué en juin 1946 dans l’Anhui (ou dans le Nord-Jiangsu selon les sources).

Sources : Xu Youchun 2007, p. 2399 ; Zhu Shaowen 1982 ; Edwards 2016, p. 144-146 ; ZR, p. 299, 320, 321, 356, 522-523, 676, 704, 713, 824, 829, 881, 899, 931, 944, 964, 1022-1023, 1053 ; Wakeman 2003, p. 314 ; Martin 2009, p. 70-72, 81.

Natif de Yangzhou (Jiangsu), Xia Qifeng part pour la France en 1916 dans le cadre de l’Association travail-études (qingong jianxue 勤工儉學). Il y reste jusqu’en 1919, travaillant comme traducteur. Reporter pour le Shibao 時報 de Shanghai, Xia retourne en Europe, occupant notamment des postes de correspondant de presse en France et en Suisse. En 1923, il devient secrétaire à la Société des nations et représente la Chine en France. De retour dans son pays en 1928, il est journaliste au Geming ribao 革命日報 (Le Révolutionnaire), et, de 1932 à 1934, membre du Comité des traités (tiaoyue weiyuanhui 條約委員會) au sein du ministère des Affaires étrangères alors dirigé par Wang Jingwei.

En 1938, Xia fait la connaissance de Chen Qun et devient son second au ministère de l’Intérieur (neizhengbu cizhang 內政部次長) du Gouvernement réformé (weixin zhengfu 微信政府) établi par l’occupant japonais à Nankin. En septembre, il est désigné chef adjoint des Affaires politiques (shiwubu zhengwu cizhang 事務部政務次長) du Conseil d’union (lianhe waiyuanhui 聯合委員會) censé réunir les gouvernements de Pékin et de Nankin. En octobre 1939, il est nommé ministre des Affaires étrangères (waijiaobu buzhang 外交部部長) de ce dernier. À la fondation du Gouvernement national réorganisé de Wang Jingwei en mars 1940, Xia obtient le poste de ministre des Comptes (shenjibu buzhang 審計部部長) au sein du Yuan de contrôle (jianchayuan 監察院) dirigé par son ancien supérieur au Gouvernement réformé, Liang Hongzhi. En 1943, il siège au Comité de recouvrement de la concession française (jieshou Faguo zhuanguan zujie weiyuanhui 接受法國專管租界委員會), puis, en 1945, au Comité pour l’abolition des droits extraterritoriaux en Chine (chefei geguo zai Hua zhiwaifaquan weiyuanhui 撤廢各國在華治外法權委員會). Condamné à la prison à perpétuité au lendemain de la guerre, il meurt en détention à Shanghai quinze ans plus tard.

Source : MRDC, p. 659.

Originaire du Guizhou, lycéen à Kyoto puis étudiant à Berlin, Xia Suchu sert dans l’administration pékinoise sous la houlette de Huang Fu 黃郛 (1883-1936). Dans les années 1930, il travaille pour les gouvernements autonomes successifs de Chine du Nord, notamment le Conseil des affaires politiques du Hebei-Chahar (Ji-Cha zhengwu weiyuanhui 冀察政務委員會) fondé en décembre 1935. Comme plusieurs de ses membres, il participe au Gouvernement provisoire (linshi zhengfu 臨時政府), établi par l’occupant japonais à Pékin le 14 décembre 1937, en tant que fonctionnaire du ministère de l’Aide aux réfugiés (zhenjibu 賑濟部) dirigé par Wang Yitang. En septembre 1938, à la création du ministère de l’Intérieur (neizhengbu 內政部), également dirigé par Wang, Xia est nommé à la tête des Affaires générales (zongwu juzhang 總務局長).

Au moment de la mise en place du Gouvernement national réorganisé de Wang Jingwei en mars 1940, Xia suit Wang Yitang au Yuan d’examen (kaoshiyuan 考試院), comme vice-ministre du Personnel chargé des affaires courantes (quanxubu changwu cizhang 銓敘部常務次長), puis comme secrétaire général (mishuzhang 秘書長) du Yuan d’examen. Avec d’autres fonctionnaires de Pékin en poste à Nankin, Xia signe en avril 1941 une pétition réclamant une aide afin de compenser les frais de change avec le Nord. Il occupe, par la suite, d’importantes fonctions au sein du Conseil des affaires politiques de Chine du Nord (huabei zhengwu weiyuanhui 華北政務委員會), comme directeur du Secrétariat (mishu tingzhang 秘書廳長), entre juillet 1941 et avril 1942, puis comme directeur du Bureau des affaires courantes (changwu tingzhang 常務廳長). La disgrâce de Wang Yitang, débarqué de la présidence du Conseil des affaires politiques de Chine du nord en février 1943, entraîne celle de Xia Suchu qui doit quitter ses fonctions. On perd ensuite sa trace.

Sources : SSY, p. 33 ; MZN, p. 1049, 1050, 1058 ; KG, n°12, p. 32-33 ; Wikipedia.

Originaire de Shenze (Hebei), Xu Buwu devient membre du PCC en 1924 puis du GMD en 1926, dans le cadre du Front uni. Cette même année, il suit une formation à l’Institut du mouvement paysan de Canton (Guangzhou nongmin yundong jiangxisuo 廣州農民運動講習所). Il retourne ensuite au Hebei, où, sous couvert de son travail d’enseignant, il met sur pied une organisation communiste dans son district natal. En raison de la répression qui s’abat sur les activités du PCC à partir de 1928, Xu se réfugie au Jilin et cesse d’être en contact avec le Parti communiste. Il participe au mouvement contre Jiang Jieshi mené au sein du GMD par Wang Jingwei notamment. En 1931, Xu aide Wang Baozhen 王葆真 (1880-1977) à organiser un Conseil extraordinaire du GMD, en préparation du 4e Congrès, dans lequel Xu est élu comme représentant du Hebei. À la suite de l’invasion de la Mandchourie par les troupes japonaises, il participe à la Fédération des associations de salut national de Shanghai (Shanghai getuanti jiuguo lianhehui 上海各團體救國聯合會), qui s’oppose à l’attentisme de Jiang Jieshi. Ces activités lui valent d’être arrêté. Après sa libération, il retourne au Hebei.

Lorsque la guerre éclate à l’été 1937, il travaille à Tianjin comme vice-directeur d’une entreprise pharmaceutique. En août 1939, Xu prend part au “6e Congrès” du GMD pro-japonais réuni par le Mouvement pour la paix de Wang Jingwei. Il est nommé chef de bureau au sein du Département d’organisation du Bureau central (zhongyang zuzhibu 中央組織部) de ce GMD “orthodoxe”, travaillant sous la direction de Mei Siping et de Dai Yingfu. Dans un témoignage rédigé après la guerre, Xu explique que les effectifs des bureaux locaux du GMD pro-japonais étaient généralement gonflés en ajoutant des membres fictifs. En 1944, il devient magistrat du district de Baoshan 寶山, dans l’agglomération de Shanghai.

Il ne semble pas affecté par l’épuration d’après-guerre, puisqu’on le retrouve vice-président de l’Agence des nouvelles photographiques de Chine (Zhongguo sheying tongxun she 中國攝影通訊社) en octobre 1945. Durant la guerre civile, il travaille clandestinement pour le PCC à Shanghai, notamment au sein du Comité révolutionnaire du GMD (Zhongguo guomindang geming weiyuanhui 中國國民黨革命委員會), fondé en 1948 par des dissidents du GMD et qui devient l’un des petits partis du Front uni organisé par le PCC après la guerre. En février 1949, Xu participe à l’”insurrection de Nankin et Shanghai” (Jing-Hu baodong 京滬暴動). Suite à son échec, il est fait prisonnier par les autorités nationalistes. Après 1949, il travaille dans l’administration de Shanghai, tout en restant un membre actif du Comité révolutionnaire du GMD. Étiqueté comme “gauchiste” en mai 1958, il est réhabilité en 1960. Xu est l’auteur de plusieurs wenshi ziliao, dont l’un porte sur l’organisation du GMD “orthodoxe” de Wang Jingwei.

Sources : Zhang Yilei 1994, p. 956-957 ; Horii 2011, p. 101.

Né à Qingjiang (Jiangxi), Xu Suzhong fait ses études à l’Université Hōsei 法政大学 de Tokyo, à la même époque que Wang Jingwei, et adhère comme lui à la Ligue jurée (tongmenhui 同盟會). Dans les années 1920, il travaille pour plusieurs périodiques tels que le Chenzhongbao 晨鍾報 et le Zhongguo Guomindang zhoukan 中國國民黨週刊, l’un des organes du GMD. Il est l’auteur de plusieurs traductions d’ouvrages de droit ainsi que de L’État de Kropotkine, sans doute depuis le japonais. Xu représente le Jiangxi lors du 1er congrès du GMD en 1924. Il occupe des postes dans l’administration de Canton, notamment au secrétariat de Sun Yat-sen, ainsi que comme secrétaire général du Conseil exécutif central (zhongyang zhixing weiyuanhui 中央執行委員會). Par la suite, il siège au conseil des chemins de fer Canton-Wuhan (Yue-Han tielu chaban weiyuanhui 粵漢鐵路查辦委員) et préside le Comité du fisc du Jiangxi (juanshui jiancha weiyuanhui 捐税監察委員會).

Au début de la guerre sino-japonaise, Xu crée l’École professionnelle supérieure du Jiangxi (Jiangxi gaoji zhiye xuexiao 江西高級職業學校). Il est approché par Chen Gongbo, issu comme lui de la clique réorganisationniste (gaizupai 改組派), qui le convainc de rallier Wang Jingwei. En signe de ralliement au Mouvement pour la paix, il publie une tribune intitulée « Adresse respectueuse à Jiang Jieshi » dans le Zhonghua ribao 中華日報 de Lin Baisheng. À la formation du gouvernement de Nankin en mars 1940, il est désigné, comme dans les années 1920, secrétaire de la présidence (wenguanzhang 文官長), ce qui l’amène à être systématiquement présent lors des nombreuses cérémonies organisées pour asseoir la légitimité du régime. Il n’est jamais très loin de Tang Mang, son homologue pour les questions militaires.

Comptant parmi les rares dirigeants du Gouvernement national réorganisé à être originaire du Jiangxi, Xu voit son nom proposé comme gouverneur de la province dans plusieurs pétitions envoyées au gouvernement central par les élites locales, qui tardent de voir la création d’un gouvernement provincial au Jiangxi. Lancé en février 1941, le processus n’aboutit qu’en juin 1943 en raison de la résistance des autorités chinoises et japonaises de Wuhan, qui contrôlent les quelques districts du Jiangxi situés en zone occupée. S’il ne devient pas gouverneur, Xu représente le gouvernement central lors de la cérémonie d’inauguration à Jiujiang, le 19 juin 1943. Lettré dépourvu d’ambitions politiques, il hérite en novembre 1944 du poste de vice-président du Yuan de contrôle (jianchayuan 監察院) et disparaît sans laisser de trace.

Sources : « Xu Suzhong » ; Chen Ronghua 2005, p. 195-196, 203 ; ZR, p. 454.

Originaire de Sanshui (Guangdong), Xu Liang est le fils de Xu Qin 徐勤 (1873-1945) ancien disciple de Kang Youwei 康有為 (1858-1927) qui s’est rapproché de Sun Yat-sen après l’échec de la Réforme des Cent jours tout en participant à l’Association pour le maintien de l’Empereur, et plus tard, au Parti constitutionnel et au Parti national-socialiste chinois. Accompagnant son père autour du monde, Xu Liang étudie, de 8 à 12 ans, à l’École chinoise de Yokohama, créée en 1898 à l’initiative de Sun Yat-sen et dirigée par Xu Qin. Il poursuit sa formation à Londres puis aux États-Unis à l’Université Columbia et à l’Université de Washington. De retour en Chine, il travaille pour le gouvernement de Pékin comme secrétaire au ministère de la Justice (sifabu 司法部), des Affaires étrangères (waijiaobu 外交部) et de l’Intérieur (neizhengbu 內政部), à l’ambassade chinoise des États-Unis et dans divers gouvernements provinciaux. Après 1928, il se met au service du Gouvernement nationaliste, toujours dans la diplomatie.

Invité par Wang Jingwei à participer à son gouvernement collaborateur fondé à Nankin en mars 1940, Xu Liang devient numéro deux du ministère des Affaires étrangères, tout en siégeant dans plusieurs comités. Il remplace Chu Minyi comme ministre de décembre 1940 à octobre 1941, puis comme ambassadeur au Japon. De même que Chu avant lui, sa nomination à Tokyo est une manière de se débarrasser de Xu qui est peu apprécié. En effet, les conditions de la collaboration rendent superflue la voie diplomatique, privant ainsi ses agents de toute espèce de pouvoir. Le consul Pierre Salade livre, en août 1941, un portrait cruel de l’intéressé : « M. Siu Leang semble n’avoir donné satisfaction à personne. Je ne sache pas qu’il se soit attiré de graves inimitiés, mais il n’est pas pris au sérieux. Son manque d’expérience politique et de pratique diplomatique, son manque d’intérêt pour les affaires de l’État et, d’une façon générale, son incompétence, l’ont rendu indésirable dans son poste actuel. Son envoi à Tokyo ne présenterait pas trop de désavantages, le travail diplomatique sino-japonais pouvant aisément se faire en entier à Nankin ». Xu obtient par la suite des sinécures, notamment au Conseil des affaires de Chine du Nord (Huabei zhengwu weiyuanhui 華北政務委員會) à partir de novembre 1943.

Il est emprisonné à Tianjin au lendemain de la guerre puis libéré peu avant la prise de la ville par l’Armée de libération. Immédiatement arrêté par les autorités communistes, il est condamné à mort et exécuté en juillet 1951.

Sources : MRDC, p. 699 ; Nagamatsu 1942, p. 174-179 ; ADF 327.

Né en 1893 (ou 1885 selon les sources) à Qiongshan sur l’île de Hainan, qui relève à l’époque de la province du Guangdong, Xu Tianshan étudie dans le département de politique de l’Université du Japon (Nihon daigaku 日本大學) à Tokyo et adhère à la Ligue jurée (tongmenghui 同盟會) en 1911 à son retour en Chine. En 1922, il intègre l’état-major de Sun Yat-sen et occupe des postes de commandement dans l’armée jusqu’à la fin de l’Expédition du Nord. Durant le schisme du GMD en 1927, Xu se range du côté de Wuhan. En 1928, il est envoyé en Europe pour observer la situation politique et économique. Membre de la clique réorganisationniste (gaizupai 改組派), il occupe, à son retour en Chine en 1931, des postes au Yuan exécutif (xingzhengyuan 行政院) dirigé par Wang Jingwei et au ministère de l’Industrie (shiyebu 事業部) sous les ordres de Chen Gongbo.

Si sa proximité avant-guerre avec Wang et Chen n’explique pas son choix de la collaboration, elle n’est sans doute pas étrangère au choix des autorités de Chongqing de faire de lui un agent double. Au moment de l’organisation par le groupe de Wang Jingwei du “6e congrès” du GMD “orthodoxe” en août 1939, le Juntong 軍統 (les services secrets militaires) demande ainsi à Xu de rallier le Mouvement pour la paix. Il se rend régulièrement chez Chen Gongbo à Shanghai pour collecter des renseignements. À la formation du Gouvernement national réformé en mars 1940, il est nommé au sein du Yuan de contrôle (jianchayuan 監察院) comme membre du Comité de contrôle (jianchayuan weiyuan 監察委員) et comme contrôleur (jianchashi 監察使) ; postes qu’il occupe jusqu’à la fin de la guerre.

Fin 1943, Chen Gongbo, alors maire de Shanghai, le nomme chef du bureau de l’Économie (jingjiju 經濟局) et membre du Comité d’enquête sur les ressources matérielles (wuzi diaocha weiyuanhui 物資調查委員會) au sein de la municipalité spéciale de Shanghai. Xu joue également un rôle important dans la réorganisation du Comité de contrôle des prix (wujia duici weiyuanhui 物價對刺委員會), rebaptisé en décembre 1943 Comité d’évaluation des prix (wujia pingyi weiyuanhui 物價評議委員會). À partir de cette époque, Chen Gongbo communique avec Chongqing au moyen d’un transmetteur radio installé au domicile de Xu. Lorsque Chen devient chef du gouvernement à la mort de Wang Jingwei en novembre 1944, Xu est nommé à la tête du secrétariat civil de la présidence (wenguanchu wenguanzhang 文館處文官長). Après la guerre, il s’installe à Hong Kong où il est actif dans le mouvement politique en faveur d’une troisième voie. Après la dissolution de ce dernier, il s’installe à Xiamen.

Sources : Xu Youchun 2007, p. 1203 ; Wu Yunqiu 1993, p. 333-334 ; Fan Yunxi 1999, p. 349 sqq. ; Geng Liyuan 1993, p. 37 ; MZN, p. 1052-1054, 1136 ; Henriot 2002, p. 12.

Natif de Hangzhou, cadet de l’Académie militaire de Baoding (Baoding lujun junguan xuexiao 保定陸軍軍官學校), dont il sort diplômé en 1916, Xiang Zhizhuang rallie Canton et participe à l’Expédition du Nord (beifa 北伐) au sein de la garde du Gouvernement nationaliste (jingweijun 警衛軍). Parent éloigné de Chen Guofu 陳果夫 (1892-1951), patron avec son frère Chen Lifu 陳立夫 (1900-2001) de la clique CC, Xiang occupe dans les années 1930 des postes militaires dans le Jiangsu, dont Chen Guofu est le gouverneur. Il côtoie à cette époque Zhou Fohai, alors directeur du Bureau de l’éducation. Il est promu au grade de général de brigade (shaojiang 少將) en 1936. Au début de la guerre, Xiang occupe à Chongqing la direction du Bureau des affaires générales de l’École politique centrale (zhongyang zhengzhi xuexiao 中央政治學校), présidée par Jiang Jieshi et Chen Guofu. Par la suite, il est nommé vice-commandant de l’artillerie (paobing fuzongzhihuiguan 炮兵副總指揮官) au sein de la 3e zone de guerre, à cheval sur le Jiangsu et le Zhejiang. C’est alors qu’il fait défection en faveur du Japon, dans des circonstances qui demeurent floues.

Selon le témoignage d’un ancien élève de l’École politique centrale, Xiang se rend à Shanghai à l’hiver 1942 pour rendre visite à un parent. Fait prisonnier, il est contraint de participer au gouvernement de Wang Jingwei. D’autres sources affirment que c’est sa proximité avec Zhou Fohai qui l’aurait poussé à choisir la collaboration. Certaines avancent même que Xiang aurait intégré dès août 1939 le GMD “orthodoxe” de Wang, sans toutefois expliquer pourquoi il n’occupe aucune fonction à Nankin après la fondation du Gouvernement national réorganisé en mars 1940. En février 1947, Zhou Fohai note dans son journal personnel que l’arrivée de son vieil ami à Shanghai en 1942 a été une surprise. Alors que Li Shiqun s’empresse de vouloir recruter Xiang, Zhou est persuadé que celui-ci s’est volontairement jeté dans la gueule du loup pour infiltrer le régime de Nankin sur ordre de Chongqing. Le sort réservé à Xiang par les autorités de Chongqing après la guerre laisse toutefois penser qu’il n’en est rien. Croyant donc servir le “Centre”, Zhou fait nommer Xiang en février 1943 au Comité des affaires militaires (junshi weiyuanhui 軍事委員會). Après avoir tardé à le rencontrer, il se réuni à Shanghai avec Xiang et Ge Jing’en 葛敬恩 (1989-1979), un officier nationaliste ayant servi avant-guerre dans l’administration du Zhejiang avant de faire de la prison pour corruption. Ce dernier insiste pour que Xiang se voit confier un commandement militaire, afin qu’il puisse servir les intérêts de Chongqing le moment venu.

En décembre 1943, Xiang est ainsi nommé commandant en chef de la Ve armée puis, l’année suivante, de la XIIe armée. Selon Zhou Fohai, son refus de collaborer avec les troupes d’occupation lui rend la vie difficile et conduit à l’écarter des opérations militaires. En septembre 1944, il accède au poste de gouverneur du Zhejiang. Son profil particulier lui vaut de faire l’objet d’une surveillance redoublée de la part des autorités japonaises. Il doit céder son poste à Ding Mocun en mai 1945.  À en croire Huang Qingzhong, lorsque Xiang reçoit la nouvelle de son remplacement, il s’accroche à sa charge en menaçant Nankin de mobiliser les troupes stationnées dans la province pour s’opposer à cette décision. Chen Gongbo, devenu numéro un à la mort de Wang Jingwei, demande alors aux Japonais de faire pression sur Xiang, lequel doit se résoudre à envoyer un télégramme de bienvenue à son successeur. Arrêté le 27 septembre 1945 par le Juntong 軍統 (services secrets militaires), Xiang Zhizhuang est condamné à mort pour trahison et fusillé à Shanghai le 26 novembre 1946.

Sources : MRDC, p. 1086 ; Yu Songhua 1991 ; Luo Junqiang 2010, p. 37 ; ZR, p. 457, 689, 1056 ; Wikipedia ; He Zhiping 1996, p. 501 ; Huang Qingzhong 1979, p. 81.

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