Shibayama Kenshirō

柴山兼四郎

18891956

Lieu d'origine

Ibaraki 茨城県

Province d'origine

Kantō 関東地方

[parfois transcrit Shibayama Kaneshirō]

Considéré par Ishii Itarō comme le meilleur spécialiste de la Chine au sein de l’armée, Shibayama Kenshirō suit la voie classique des Shinatsū 支那通, avec la particularité d’être un officier de logistique, corps le plus méprisé de l’armée impériale, ce qui ne l’empêche pas d’avoir une très belle carrière. Après avoir débuté des études à l’Université coloniale (takushoku daigaku 拓殖大学), il se réoriente vers une carrière militaire en sortant diplômé de l’École d’officiers de l’armée de terre (rikugun shikan gakkō 陸軍士官学校) en 1912, puis de l’École supérieure de guerre (rikugun daigakkō 陸軍大学校) en 1922. Affecté en 1925 à l’état-major général de l’Armée de terre (sanbōhonbu 参謀本部) comme “chercheur sur la Chine” (Shina kenkyūin 支那研究員), Shibayama devient conseiller (komon hosakan 顧問補佐官) de Zhang Xueliang en novembre 1928, peu après l’assassinat de son père Zhang Zuolin par les militaires nippons. De retour à l’état-major général en novembre 1931, à la suite de l’invasion de la Mandchourie, il repart pour la Chine en mai 1933 comme attaché militaire adjoint (bukan hosakan 武官補佐官) à la légation de Beiping (Pékin). À la fin de l’année suivante, il est envoyé en tournée d’observation en Europe et aux États-Unis.

En mars 1937, Shibayama prend la tête de la section des Affaires militaires (gunmuka 軍務課) du ministère de l’Armée (rikugunshō 陸軍省). Opposé comme Ishiwara Kanji à la poursuite des combats en Chine, il s’entretient le 31 juillet avec Ishii Itarō afin d’élaborer avec lui un plan pour amorcer des négociations de paix avec Nankin, qui se concrétise avec la rencontre entre Funatsu Tatsuichirō et Gao Zongwu en août 1937. En juin 1938, il est nommé à la direction de l’agence des services spéciaux (tokumubu kikan 特務機関) de Tianjin, et membre du Comité spécial pour la Chine (taishi tokubetsu iinkai 対支特別委員会) créé en juillet sous la direction de Doihara Kenji pour superviser les opérations menées en Chine par l’armée pour recruter des collaborateurs et déstabiliser le gouvernement de Jiang Jieshi. Accédant au grade de général de brigade (shōshō 少将) en mars 1939, il devient chef de l’agence des services spéciaux de Hankou en novembre. Shibayama s’efforce de résister à la politique centralisatrice du Gouvernement national réorganisé fondé le 30 mars 1940 par Wang Jingwei. S’il montre un visage conciliant à Zhou Fohai, qui le rencontre à Wuhan en mai pour tenter d’obtenir que les autorités locales reversent une partie des impôts au gouvernement central, il entretient des relations exécrables avec Ye Peng.

Promu général de division (chūshō 中将) en octobre 1941, Shibayama succède en avril 1943 à Matsui Takurō comme conseiller militaire suprême (saikō gunji komon 最高軍事顧問) du gouvernement de Nankin. Alors qu’il avait œuvré au morcellement de la Chine occupée en défendant bec et ongles l’autonomie du gouvernement provincial du Hubei et des districts du Jiangxi contrôlés par celui-ci, Shibayama déclare alors à Zhou Fohai qu’il entend désormais consacrer toute son énergie à la réunification du pays. Désabusé, l’homme fort de Nankin note dans son journal personnel : “Les Japonais sont tous pareils ! Ils changent d’avis en changeant de poste“. Sa prise de fonction coïncide avec la mise en application de la “nouvelle politique envers la Chine” (tai-Shi shin seisaku 対支新政策) adoptée en décembre 1942, notamment dans le domaine des “conseillers” japonais, censés éviter dorénavant toute ingérence. Dans les faits, l’assentiment de Shibayama continue à être nécessaire pour toute décision du gouvernement chinois. L’année 1943 est notamment marquée par la disgrâce de Li Shiqun que Shibayama fait assassiner en septembre.

En août 1944, Shibayama est nommé vice-ministre de l’Armée (rikugun jikan 陸軍次官). À ce poste, il tente d’imposer un plan de réorganisation du gouvernement de Nankin prévoyant de transférer l’autorité politique du Yuan exécutif (xingzhengyuan 行政院) au Comité des affaires militaires (junshi weiyuanhui 軍事委員會), tout en renforçant le Bureau des conseillers militaire du Gouvernement national (guominzhengfu junshi guwen bu 國民政府軍事顧問部) en instituant, sous le conseiller militaire suprême, un bureau des affaires militaires et un autre des affaires économiques. Ce projet, dont les dirigeants de Nankin n’apprennent l’existence qu’indirectement, est mis en échec par le ministre des Affaires étrangères et de la Grande Asie orientale, Shigemitsu Mamoru. À l’automne 1944, Shibayama participe à la relance des opérations de paix visant Chongqing, en se rendant à Nankin en compagnie d’Ugaki Kazushige à la demande du premier ministre Koiso Kuniaki 小磯國昭 (1880-1950).

Condamné en novembre 1948 à sept ans de prison pour crime de guerre, il est remis en liberté en août 1951 à la faveur de la Guerre froide. Deux ans plus tard, il prend la direction de la Fédération nationale des pensions militaires (gunjin onkyū zenkoku rengōkai 軍人恩給全国連合会). Shibayama a laissé des mémoires publiés en 2010 sous le titre Kyōdo no senkakusha 郷土の先覚者 (Prophète en son village).

Sources : NRSJ, p. 80 ; Brooks 2000, p. 255 ; KSDJ ; Barrett, Shyu 2001b, p. 49 ; ZR, p. 293, 738, 945 ; AH 118-010100-0033-087 ; AH 118-010100-0036-031 ; Martin 2001, p. 134.

Pour citer cette biographie : David Serfass, "Shibayama Kenshirō  柴山兼四郎 (1889-1956)", Dictionnaire biographique de la Chine occupée, URL : https://bdoc.enpchina.eu/bios/shibayama-kenshiro/, dernière mise à jour le 4 octobre 2023. 

Biographical Dictionary of Occupied China

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