Matsui Takurō

松井太久郎

18871969

Lieu d'origine

Fukuoka 福岡県

Province d'origine

Kyūshū 九州地方

Diplômé de l’École d’officiers de l’armée de terre (rikugun shikan gakkō 陸軍士官学校) en 1910, puis de l’École supérieure de guerre (rikugun daigakkō 陸軍大学校) en 1919, Matsui Takurō participe à l’Expédition de Sibérie l’année suivante avant d’être nommé en 1920 à la Section Chine (Shina-ka 支那課) de l’état-major général de l’Armée de terre (sanbōhonbu 参謀本部). Il sert ensuite sur le continent, notamment dans l’Armée du Guandong (Kantō-gun 関東軍) en 1921, puis dans l’Armée expéditionnaire de Vladivostok (Urajio hakengun 浦塩派遣軍) en 1922. Après un nouveau passage à l’état-major général et une courte mission en Europe entre février et août 1930, il travaille pour le Service de presse du ministère de l’Armée (rikugunshō shinbunhan 陸軍省新聞班), avant de retrouver l’Armée du Guandong en septembre 1931, au moment de l’invasion de la Mandchourie. En décembre 1936, il prend la tête de l’agence des services spéciaux (tokumu kikan 特務機関) de Beiping 北平 (Pékin).

Dans les jours qui suivent l’Incident du 7 juillet 1937, Matsui est le principal représentant japonais lors de la signature des différents accords passés avec les autorités chinoises locales, dont le rejet par Nankin débouche sur un conflit à l’échelle du pays. Il dirige à partir de septembre 1937 les services spéciaux à Zhangjiakou 張家口 (Hebei), accédant au grade de général de brigade (shōshō 少将), avant d’être nommé en août 1939 conseiller militaire suprême de l’Armée du Manzhouguo (Manshūkokugun saikō gunji komon 満州国軍最高軍事顧問). Matsui est promu général de division (chūshō 中将) un an plus tard et affecté au commandement de la 5e division d’infanterie (dai-go shidan 第5師団) qui prend part à la Bataille de Malaisie puis à la prise de Singapour entre décembre 1941 et février 1942.

Muté au sein de l’Armée expéditionnaire de Chine (Shina hakengun 支那派遣軍), Matsui exerce la charge de conseiller militaire suprême auprès du gouvernement de Wang Jingwei de mai 1942 à mars 1943. Il a la lourde tâche de succéder à Kagesa Sadaaki dans une période de transition pour le régime de Nankin qui, deux ans après sa fondation, peine à maintenir la fiction du “retour à la capitale” (huandu 還都) censé faire de lui le prolongement légitime du Gouvernement national d’avant-guerre. Du point de vue japonais, l’espoir placé dans le “nouveau gouvernement central” pour sortir du bourbier chinois apparaît d’autant plus lointain que les premiers revers dans le Pacifique à l’été 1942 obligent Tokyo à repenser sa politique chinoise. C’est dans ce contexte qu’en juillet 1942, Matsui fait pression sur Wang Jingwei pour que le “renforcement” (qianghua 強化) du gouvernement de Nankin espéré par celui-ci – dans le sens d’une plus grande marge de manœuvre politique et financière, s’accompagne d’une rationalisation de l’administration, autrement dit le dégraissage d’un organigramme enflé de sinécures distribuées pour acheter le soutien des différentes factions en présence.

Après avoir laissé son poste de conseiller militaire suprême à Shibayama Kenshirō, Matsui demeure à Nankin comme chef d’état-major de l’Armée expéditionnaire de Chine (sōsanbōchō 総参謀長) ; mutation dont Zhou Fohai se félicite car elle devrait, estime-t-il, faciliter les relations avec les autorités militaires. Matsui n’en continue pas moins à exercer son ingérence dans les affaires du gouvernement de Nankin, alors même qu’il n’est plus conseiller suprême et en dépit de la “Nouvelle politique” censée respecter l’autonomie des collaborateurs. Le 5 mars 1944, il réclame ainsi à Zhou Fohai la peine capitale pour Hou Dachun et Hu Zheng, tous deux impliqués dans le scandale du ministère des Vivres. Il explique à Zhou que son intention première avait été de confier leur jugement à la partie chinoise, mais que la chose est rendue difficile par l’hospitalisation récente de Wang Jingwei au Japon. En outre, l’implication de dirigeants comme Gu Baoheng et Zhou Naiwen risque, selon lui, de « créer des problèmes politiques », en raison de leurs relations haut placées à Nankin. Il exige, par conséquent, que le procès soit confié à un tribunal militaire japonais. Bien qu’elle fasse « un peu perdre la face au gouvernement », cette solution présente, selon Matsui, l’avantage de régler rapidement l’affaire. Soucieux de maintenir les apparences d’une justice chinoise souveraine, Zhou Fohai parvient finalement à trouver un compromis avec Matsui en organisant un tribunal spécial qui condamne à mort Hou et Hu.

Si Matsui continue donc de peser sur le gouvernement collaborateur, la même chose n’est pas vraie dans l’armée japonaise. Le 2 mars 1945, Zhou se plaint en effet que son “vieil ami” Matsui ne lui soit pas d’une grande aide dans sa gestion de Shanghai en vue de la sortie de guerre, faute de contrôler ses subordonnés hostiles à toute initiative des collaborateurs chinois. Amer, Zhou en tire le constat que, au sein de l’appareil d’occupation, “personne n’est capable d’apporter son aide, mais n’importe qui est en mesure de mettre son veto. Les difficultés que nous rencontrons au gouvernement viennent principalement de là“. En février 1945, Matsui prend le commandement de la 13e armée (dai-jū-san gun 第13軍) stationnée à Shanghai. Il est démobilisé en juillet 1946. En dépit de ses états de services en Malaisie et à Singapour, où de nombreuses exactions ont été commises sous son commandement, Matsui n’est pas inquiété après-guerre.

Sources : NJDJ ; NRSJ, p. 147 ; Wikipedia ; Zhonggong zhongyang dangxiao… 1986, p. 26 sqq. ; AH 118-010100-0039-043 ; ZR, p. 720, 861-862, 991.

Pour citer cette biographie : David Serfass, "Matsui Takurō  松井太久郎 (1887-1969)", Dictionnaire biographique de la Chine occupée, URL : https://bdoc.enpchina.eu/bios/matsui-takuro/, dernière mise à jour le 5 octobre 2023. 

Biographical Dictionary of Occupied China

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