Ye Peng

葉蓬

18951947

Lieu d'origine

Huangpi 黃陂

Province d'origine

Hubei 湖北

Fils d’un grand propriétaire foncier de Huangpi (Hubei), Ye Peng sort diplômé de l’Académie militaire de Baoding (Baoding lujun junguan xuexiao 保定陸軍軍官學校) en 1912. Commandant de régiment dans la XIIIe armée du GMD en 1929, il se distingue dans la lutte contre les Communistes. Devenu gouverneur du Hubei, son protecteur Xia Douyin 夏斗寅 (1885-1951) le recommande à Jiang Jieshi pour le poste de commandant de la garnison (jingbei siling 警備司令) de Wuhan en 1931. Il bénéficie également du soutien de He Yingqin 何應欽 (1890-1987), dont l’épouse est très proche de la sienne. Plein d’ambitions, Ye Peng pâtit toutefois de n’appartenir à aucune faction. Il se lie avec le représentant de Dai Li 戴笠 (1897-1946) à Wuhan, Qiu Kaiji 邱開基 (1905-1993), avant de se rapprocher de la clique des sciences politiques à l’invitation de Liu Zhenhua 劉鎮華 (1883-1955). Cependant, l’une des principales figures de cette clique, et nouveau gouverneur du Hubei, Zhang Qun 張群 (1889-1990), ne l’apprécie guère. De même, Ye ne parvient pas à s’entendre avec un autre proche de Jiang, Chen Cheng 陳誠 (1897-1965). Par fierté, il refuse en effet de servir un homme diplômé deux ans après lui de l’Académie de Baoding.

Cette double inimitié envers deux des hommes les plus puissants du régime nationaliste aura de lourdes conséquences. Partageant le nationalisme populaire de l’époque, Ye Peng s’attire les foudres du consul japonais de Wuhan en raison d’une affiche sur des exercices de défense antiaérienne utilisant le drapeau au soleil rouge comme cible. Connu pour ses sympathies pro-japonaises, Zhang Qun profite de l’occasion pour se débarrasser de Ye Peng en obtenant de Jiang Jieshi qu’il soit remplacé. Ye s’installe à Nankin où il rejoint la Fuxingshe 復興社 (Société de la renaissance) et prend la tête du Bureau général de la police du ministère des Chemins de fer (tiedaobu tiedaodui jingcha zongju 鐵道部鐵道隊警察總局) grâce à l’aide de He Yingqin. Incapable de pardonner son éviction de Wuhan à Zhang Qun, qui a succédé à Wang Jingwei fin 1935 comme ministre des Affaires étrangères, Ye Peng complote avec deux acolytes qui tentent d’assassiner Zhang. Arrêtés en flagrant délit, ils dénoncent Ye. Sur les conseils de He Yingqin, celui-ci se constitue prisonnier auprès de Jiang Jieshi qui le tance en le comparant au mutin Zhang Xueliang et le révoque, sans pour autant lui retirer entièrement sa confiance.

En 1938, Jiang décide de lui confier la direction de la police militaire mais renonce en raison de l’obstruction de Chen Cheng. Suite à ce nouveau revers, Ye Peng rejoint le Mouvement pour la paix de Wang Jingwei à Shanghai en septembre 1939 par l’intermédiaire de Zhou Fohai, dont il était devenu proche durant le repli du gouvernement à Wuhan. En novembre, il est contacté par un agent de Dai Li exigeant qu’il assassine Wang Jingwei, ce qu’il refuse de faire. Dans ses mémoires rédigés après-guerre, Tang Shengming affirme qu’il a également cherché, après son arrivée à Shanghai à l’été 1940, à recruter Ye Peng pour le compte de Chongqing. Tang connaît bien Ye dont l’épouse est la fille adoptive de sa mère. Ye lui aurait, dans un premier temps, rétorqué qu’il préférait demeurer un “traître à la nation” (hanjian 漢奸) pour le restant de ses jours plutôt que de redevenir un subordonné de Jiang Jieshi. Finalement, Tang Shengming parvient à le convaincre de servir les intérêts de Chongqing en lui expliquant que Dai Li déteste Chen Cheng autant que lui. Par la suite, toutefois, Ye n’applique pas les directives de Chongqing dans la lutte contre le PCC ce qui lui vaut, toujours selon Tang Shengming, de ne pas être épargné par l’épuration d’après-guerre contre les collaborateurs.

À la fondation du Gouvernement national réorganisé en mars 1940, Wang Jingwei lui confie la formation des officiers de l’armée du nouveau régime et lui offre un siège au sein du Comité des affaires militaires (junshi weiyuanhui 軍事委員會). Ye Peng obtient d’être nommé dans sa province d’origine en tant que Commissaire à la pacification de Wuhan (Wuhan suijing zhuren gongshu 武漢綏靖主任公署). Il retrouve là-bas le chef du bureau local des services spéciaux militaires, Shibayama Kenshirō, avec lequel il avait eu maille à partir quatre ans plus tôt lors de l’affaire de l’affiche anti-japonaise, alors que celui-ci était attaché militaire. Lors de leur première entrevue, Shibayama se sent insulté par l’insolence de Ye et le gifle. À la demande des Japonais, Nankin lui préfère Yang Kuiyi  pour le poste de gouverneur du Hubei en juin 1942. Ye Peng se voit confier des postes prestigieux mais sans réel pouvoir. Il est ainsi désigné inspecteur général de l’entraînement militaire (lujun bianlian zongdu 陸軍編練總督) au printemps 1942, puis ministre de l’Armée de terre (lujun buzhang 陸軍部長) en juillet 1943. N’exerçant aucun contrôle sur les troupes, le ministère n’est compétent que dans la gestion de quelques hôpitaux et écoles militaires. À ce poste, Ye Peng organise notamment l’envoi de plus de trois cent élèves officiers au Japon, ce qui lui vaut les félicitations de l’occupant. Aux côtés d’une dizaine de responsables militaires, il participe fin 1942 à un voyage d’observation dans l’archipel au cours duquel il s’entretient avec l’empereur Shōwa.

Ye Peng retourne une dernière fois au Hubei dont il est nommé gouverneur en mars 1945. Cherchant à asseoir son autorité sur la province, Ye remplace plusieurs magistrats de district. Dès son arrivée, il se heurte aux officiers chinois locaux et notamment au plus puissant d’entre eux, Zou Pingfan 鄒平凡. Ce dernier s’allie contre Ye avec l’ancien secrétaire privé de Wang Jingwei, désormais à la tête du principal journal de Wuhan, Hu Lancheng. À la veille de la capitulation japonaise, Ye Peng s’entend avec les services secrets militaires de Chongqing (le Juntong 軍統) pour organiser la sortie de guerre. À la différence des officiers comme Zou Pingfan qui livrent leurs troupes au GMD et obtiennent le pardon de Chongqing, Ye Peng est arrêté, sans doute à la demande de Chen Cheng qui a la haute main sur le recouvrement de la région. Malgré les soutiens dont il dispose au Juntong et sa contribution au “salut national par des voies détournées” (quxian jiuguo 曲線救國), Ye Peng ne peut être sauvé. Chen Cheng porte lui-même son ordre de condamnation à Jiang Jieshi qui le signe. Ye Peng est exécuté le 18 septembre 1947 à Nankin.

Sources : MRDC, p. 1251 ; Lan Shuxuan 1992 ; Wu Ming 1993 ; Bao Zhihong 1982 ; Tang Shengming 2012, p. 114-115.

Pour citer cette biographie : David Serfass, "Ye Peng  葉蓬 (1895-1947)", Dictionnaire biographique de la Chine occupée, URL : https://bdoc.enpchina.eu/bios/ye-peng/, dernière mise à jour le 5 octobre 2023. 

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