Originaire de Xugou (Shanxi), Qiao Wanxuan étudie à l’Université Tsinghua 清華大學 (Pékin) puis aux États-Unis où il obtient un doctorat de philosophie à l’Université Columbia (New York) et un doctorat en droit à l’Université de Chicago. À son retour en Chine à la fin des années 1920, il travaille comme juge au Tribunal provisoire (linshi fayuan 臨時法院) de la concession internationale de Shanghai, tout en enseignant le droit à l’Université Soochow (dongwu daxue 東吳大學), puis à l’Université centrale (guoli zhongyang daxue 國立中央大學). En février 1930, il est nommé chef du bureau des Statistiques au ministère de l’Intérieur (neizhengbu tongjisi 內政部統計司) du Gouvernement national.

En juin 1930, Yan Xishan 閻錫山 (1883-1960), alors allié à Wang Jingwei contre Jiang Jieshi, nomme son compatriote Qiao recteur de l’Université Tsinghua. Dans un contexte de guerre civile et de luttes internes au sein de l’établissement, Qiao vient prendre ses fonctions entouré de gardes. Il est accueilli par un groupe de professeurs et d’étudiants fidèles à Nankin qui, sous la menace, lui font promettre, par écrit, de renoncer à tout jamais au poste de recteur. Cette humiliation est restée dans les annales du prestigieux établissement sous le nom de « l’affaire de l’expulsion de Qiao » (qu Qiao shijian 驅喬事件). En 1935, il est nommé au tribunal local de la 2e zone spéciale de Shanghai puis, l’année suivante, au tribunal de grande instance du Jiangsu.

Sous l’occupation, Qiao prend la présidence de ce même tribunal en novembre 1940, sous l’autorité du gouvernement de Wang Jingwei. Il occupe également brièvement des postes au ministère de la Justice (sifa xingzhengbu 司法行政部) comme vice-ministre en charge des affaires générales (mars-juin 1942), puis des affaires politiques (juin 1942-février 1943). En mars 1944, il est désigné, au côté de Qian Sen 錢森, juge du Tribunal spécial (guominzhengfu tebie fating 國民政府特別法庭). Présidé par Chen Enpu, puis, à partir de juillet 1944, par Qiao lui-même, cette instance est créée pour traiter la vaste affaire de corruption impliquant Hou Dachun et ses complices. Son sort après-guerre n’est pas très clair. Certaines sources affirment qu’il serait parti enseigner à Chongqing à l’École spéciale de journalisme de Nanquan (nanquan xinwen zhuanke xuexiao 南泉新聞專科學校), ce qui semble surprenant pour un ancien collaborateur.

Sources : Xu Youchun 2007, p. 2003 ; ZKD, p. 244 ; Wikipedia ; MZN, p. 1045 sq.

Militaire né à Ninghe au Zhili (act. Tianjin), formé en Chine, au Japon et en Allemagne, Qi Xieyuan est membre de la clique du Zhili (zhixi 直系). Après la seconde guerre contre la clique du Fengtian en 1924, il trouve refuge au Japon. De retour en Chine, il prend part en 1926 puis en 1930 au mouvement anti-Jiang Jieshi aux côtés des seigneurs de la guerre. Défait, il se réfugie à Tianjin avant d’être invité par le Gouvernement national à siéger dans la branche pékinoise du Comité des affaires militaires, créée dans le contexte d’union sacrée qui suit l’invasion de la Mandchourie. Il participe ensuite au Conseil des affaires politiques du Hebei-Chahar (Ji-Cha zhengwu weiyuanhui 冀察政務委員會) établi en 1935 sous la pression des Japonais.

Au début de l’occupation, Qi occupe des positions importantes à Pékin. Ministre de l’Ordre public (zhi’an buzhang 治安部長) dans le Gouvernement provisoire (linshi zhengfu 臨時政府), il dirige les campagnes de « pacification » dans le Nord. Si les autorités japonaises n’autorisent pas les collaborateurs à se doter d’une véritable armée, le Gouvernement provisoire dispose tout de même de 5000 hommes à vocation uniquement défensive. Placés sous le commandement nominal de Qi Xieyuan, ils sont en réalité contrôlés par l’occupant. En mars 1940, Qi intègre le Comité des affaires militaires (junshi weiyuanhui 軍事委員會) du gouvernement de Wang Jingwei, tout en continuant à s’occuper du maintien de l’ordre pour le Conseil des affaires politiques de Chine du Nord (Huabei zhengwu weiyuanhui 華北政務委員會). La défection en faveur de Chongqing d’un millier de ses hommes en 1942 lui vaut toutefois de tomber en disgrâce auprès des Japonais.

Lorsqu’en février 1943 Zhu Shen remplace Wang Yitang à la tête du Conseil des affaires politiques de Chine du Nord, il confie à Qi le poste de haut-commissaire du bureau général aux affaires intérieures (neiwu zongshu duban 內務總署督辦) qu’occupait Wang Yitang. Profitant de la mauvaise santé de Zhu Shen, Qi s’emploie à renforcer son pouvoir en plaçant des proches au sein de l’administration régionale. En mars 1943, il évince ainsi deux gouverneurs de province, Wu Zanzhou 吳贊周 (1885-1949) au Hebei et Chen Jingzhai 陳靜齋 au Henan, pour les remplacer respectivement par Du Xijun 杜錫鈞 (1882-1951) et Tian Wenbing 田文炳 (1891-1944). L’ascension de Qi en Chine du Nord est stoppée nette par la mort de Zhu Shen en juillet 1943 et son remplacement par Wang Kemin. Ce dernier ne tarde pas à s’entendre avec Wang Yintai et Wang Shijing pour se débarrasser de Qi en supprimant, en novembre 1943, le bureau général aux affaires intérieures dont il avait la charge. Arrêté à l’été 1945, Qi Xieyuan est jugé pour trahison et fusillé le 18 décembre 1946.

Sources : Xu Youchun 2007, p. 2316-2317 ; BDRC, vol. 1, p. 297-299 ; SSY, p. 97 ; ADF 327 ; Zhang Bingru 2010 ; Liu Shih-ming 2002, p. 14-15.

Biographical Dictionary of Occupied China

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