Wang Yintai

王蔭泰

18861961

Lieu d'origine

Linfen 臨汾

Province d'origine

Shanxi 山西

Né à Linfen (Shanxi) mais originaire de Shaoxing (Zhejiang), Wang Yintai est diplômé en 1906 du Premier Lycée de Tokyo (daiichi kōtō gakkō 第一高等學校), école préparatoire de l’Université impériale de Tokyo, avant de suivre des études de droit à l’Université de Berlin. Durant son séjour dans la capitale allemande, Duanfang 端方 (1861-1911), alors l’un des principaux promoteurs des Nouvelles politiques (xinzheng 新政) à la tête de l’État Qing, lui commande en 1909 un rapport sur le système constitutionnel et les gouvernements locaux allemands. À son retour en Chine en 1913, Wang travaille comme traducteur et conseiller au bureau des Affaires juridiques (guowuyuan fazhiju 國務院法制局) du gouvernement de Pékin, en enseignant parallèlement le droit à l’Université de Pékin. Après avoir été nommé juge au Parquet supérieur (gaodeng jianchating 高等檢察廳) en 1917, il est désigné, en août, conseiller de l’Office de séquestre des biens ennemis, à la suite de la déclaration de guerre de la Chine aux Empires centraux. Wang est donc directement impliqué dans les luttes qui entourent la participation de la Chine à la Grande Guerre. Pour le compte de Duan Qirui 段祺瑞 (1865-1936), il séjourne longuement à Tokyo dans le cadre des négociations accompagnant les “prêts Nishihara”, du nom de Nishihara Kamezō 西原亀三 (1873-1954), un proche du premier ministre Terauchi Masatake 寺内正毅 (1852-1919). Utilisés par Duan pour financer l’armée avec laquelle il compte unifier la Chine à son profit, ces prêts valent à leurs promoteurs chinois d’être fustigés par les jeunes patriotes qui manifestent le 4 mai 1919 à Pékin.

En octobre 1919, Wang est attaché à la mission extraordinaire envoyée à Ourga (Ulan Bator) sous la direction de Xu Shuzheng 徐樹錚 (1880-1925) pour forcer les dirigeants de Mongolie extérieure à revenir sur leur proclamation d’autonomie en pleine guerre civile russe. En 1920, il devient directeur du Bureau des affaires générales de l’Armée de défense des frontières du Nord-Ouest (xibei bianfang jun 西北邊防軍). Chassé d’Ourga par les troupes russes blanches du baron von Ungern-Sternberg (1885-1921) en février 1921, Wang s’installe en Mandchourie où il sert comme conseiller de Zhang Zuolin. De retour à Pékin en janvier 1922, il retrouve un poste dans le gouvernement de Yan Huiqing 顏惠慶 (1877-1950), avant de redevenir conseiller au bureau des Affaires juridiques. En 1926, il est nommé président de la Commission des affaires sino-russes, puis, en juin, vice-ministre des Affaires étrangères (waijiaobu cizhang 外交部次長), ministre un an plus tard, et ministre de la Justice (sifabu zongzhang 司法部總長) en juin 1928, quelques jours avant que l’Expédition du Nord ne renverse le gouvernement de Pékin. Après la victoire des Nationalistes, il devient directeur d’une banque sino-japonaise, l’Exchange Bank of China (Zhonghua huiye yinhang 中華匯業銀行) qui fait faillite en décembre 1928. Il se retire alors à Shanghai où il exerce comme avocat.

Au début de la guerre, Wang Yintai participe au Gouvernement provisoire (linshi zhengfu 臨時政府) de Pékin comme ministre de l’Industrie (shiyebu zongzhang 事業部總長) ; poste qu’il conserve au sein du Conseil des affaires politiques de Chine du Nord (Huabei zhengwu weiyuanhui 華北政務委員會) jusqu’en novembre 1943, tout en siégeant au comité permanent du Conseil. Il s’y distingue par l’efficacité de son administration et par sa résistance à certaines demandes japonaises, n’hésitant pas à critiquer la Compagnie pour le développement de la Chine du Nord (Kahoku kaihatsu kabushiki gaisha 華北開発株式会社) à travers laquelle le Japon exerce sa domination économique. Il supervise notamment le recouvrement des usines réquisitionnées. Il est, dans un premier temps, allié à Wang Kemin contre le groupe de Wang Jingwei, dont il remet en cause le patriotisme devant David Rhein de l’ambassade française. Son rapprochement avec Nankin provoque une rupture avec Wang Kemin. À l’issue d’un entretien avec lui le 16 novembre 1944, Zhou Fohai ne mâche pas ses mots, en paraphrasant le néo-confucéen Zhu Xi 朱熹 (1130-1200) : “Lui qui soutenait Wang Kemin, désire aujourd’hui le remplacer. Quel malheur! Le goût du pouvoir nuit à l’homme“. Wang Yintai obtient satisfaction en prenant la tête du Conseil des affaires politiques de Chine du Nord en février 1945. Il est très apprécié de la communauté française de Pékin, dont il veille au ravitaillement.

Arrêté et jugé au lendemain de la guerre, Wang Yintai est condamné à mort le 8 octobre 1946 par la Haute cour de Nankin (Nanjing gaodeng fayuan 南京高等法院), avant de voir sa sentence commuée en peine de réclusion à perpétuité en décembre 1947 (certaines sources affirment à tort qu’il est exécuté cette même année). Détenu à la prison Tilanqiao de Shanghai (Shanghai tilanqiao jianyu 上海提籃橋監獄), Wang se consacre au bouddhisme et à la rédaction d’un dictionnaire allemand-chinois. Il meurt dans sa cellule en décembre 1961.

Sources : MRDC, p. 96 ; BDRC, vol. 3, p. 399-400 ; MZN ; Park ; ADF 327, 503 ; Coble 2003, p. 70 ; Zeng Zhinong 2001, p. 124 ; ZR 950 ; WZQS, p. 1482, 1615.

Pour citer cette biographie : David Serfass, "Wang Yintai  王蔭泰 (1886-1961)", Dictionnaire biographique de la Chine occupée, URL : https://bdoc.enpchina.eu/bios/wang-yintai/, dernière mise à jour le 4 octobre 2023. 

Biographical Dictionary of Occupied China

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