Wang Shijing

汪時璟

18871952

Lieu d'origine

Jingde 旌德

Province d'origine

Anhui 安徽

Originaire de Jingde (Anhui), Wang Shijing étudie à l’École d’intendance de l’armée de terre de Pékin, puis, au Japon, à l’École d’intendance de l’Armée de terre (rikugun keiri gakkō 陸軍経理学校). À son retour en Chine, il est engagé par le gouvernement Beiyang comme secrétaire du ministre des Finances Wang Kemin. Après l’avènement du Gouvernement nationaliste en 1928, Wang travaille pour la Banque de Chine (Zhongguo yinhang 中國銀行) dans les succursales de Hankou et de Shenyang, où l’invasion japonaise de la Mandchourie fin 1931 entraîne l’arrêt des activités de la Banque de Chine.

Wang met alors ses talents au service du Manzhouguo 滿洲國, sans toutefois obtenir la direction de la nouvelle Banque centrale mandchoue (Manzhou zhongyang yinhang 滿洲中央銀行) qu’il convoitait. Outre son expertise dans le domaine bancaire, Wang profite des relations de son beau-frère Yin Tong avec les Japonais pour nouer des liens avec Koyama Sadamoto 小山貞知 (1888-1968), un conseiller de la Mantetsu 滿鐵 (Compagnie du chemin de fer sud-mandchourien) et de l’Armée du Guandong (Kantō-gun 関東軍) proche de Doihara Kenji. Koyama l’envoie à Shanghai où il a pour mission de s’informer sur les milieux bancaires pour le compte du Japon.

Au début de la guerre, Koyama présente Wang au directeur de la Mantetsu, Sakatani Saichi 坂谷希一 (1889-1957), qui cherche alors à mettre en place une banque centrale contrôlée par le Japon en Chine du Nord. Le mois suivant, Wang arrive à Pékin où il reprend du service aux côtés de son ancien chef, Wang Kemin. Ce dernier est placé par l’occupant à la tête du Gouvernement provisoire (linshi zhengfu 臨時政府), dont Wang Shijing devient le ministre des Finances (caizhengbu zongzhang 財政部總長) en janvier 1938. Avec l’aide de Koyama, Wang établit la Banque fédérale de réserve (lianhe zhunbei yinhang 聯合準備銀行), plus connue sous son diminutif de Lianyin 聯銀, au moyen de laquelle le Japon cherche à intégrer la Chine du Nord au bloc yen.

Lui-même un banquier chevronné, Wang Kemin entend cumuler le poste de directeur de la nouvelle banque. Sous la pression de Koyama, le conseiller en chef du Gouvernement provisoire, Kita Seiichi, est toutefois contraint de laisser le poste à Wang Shijing. Furieux, Wang Kemin retarde son décret de nomination jusqu’à la veille de l’inauguration de la Banque fédérale de réserve, le 10 mars 1938. Afin de consolider son statut de grand argentier de la Chine du Nord, Wang Shijing place à la tête de la dizaine de succursales que comptent la banque les hommes qui travaillaient pour lui à Shenyang avant 1932. Leur activité est toutefois étroitement chapeautée par des conseillers détachés de la Banque du Japon. Incité par sa tutelle à se rendre à Tokyo afin de remercier les différents “soutiens” de la Banque fédérale de réserve, Wang Shijing repousse l’invitation jusqu’en janvier 1940. Accompagné de son principal conseiller japonais, Sakatani Saichi, Wang rencontre alors les membres du gouvernement.

Après la formation du régime de Wang Jingwei en mars 1940, Wang Shijing conserve la direction des Finances (caiwu zongshu duban 財務總署督辦) au sein du Conseil des affaires politiques de Chine du Nord (Huabei zhengwu weiyuanhui 華北政務委員會) jusqu’à la fin de la guerre. Il siège également dans plusieurs comités du gouvernement central de Nankin à partir de 1943. En septembre 1944, il se rend au chevet de Wang Jingwei à Nagoya, au nom du gouvernement de Pékin. Lors de son séjour dans l’Archipel, il fait don au gouvernement japonais de vingt mille tonnes de sel et signe un prêt de trois cent millions de yens.

S’il a su, dès le début des années 1930, gagner la confiance de l’occupant japonais, Wang Shijing prend toutefois garde de ne jamais rompre ses liens avec le Gouvernement nationaliste, à commencer par ceux qu’il entretient avec son ancien supérieur à la Banque de Chine, Song Ziwen 宋子文 (T.V. Soong, 1894-1971). Ainsi, lorsqu’il est pressenti fin 1937 pour prendre la direction de la Banque fédérale de réserve, Wang prend soin d’obtenir au préalable l’accord de Jiang Jieshi, qu’il contacte par l’intermédiaire de Wu Dingchang 吳鼎昌 (1884-1950). Du reste, son beau-frère Yin Tong est lui-même une source d’information précieuse pour Chongqing. Tous deux sont en contact avec la cellule pékinoise du Juntong 軍統 (les services secrets nationalistes). Avec l’accord tacite des autorités militaires japonaises, ils installent en 1942 un émetteur radio au domicile de Yin Tong afin de faciliter leurs échanges avec Chongqing. Si l’on en croit certaines sources, c’est à l’aide de cet émetteur que l’état-major japonais à Pékin transmet à Chongqing sa demande de reddition le 15 août 1945.

Au lendemain de la défaite japonaise, Wang rassemble tous les documents sensibles qu’il peut trouver afin de les transmettre aux agents du Juntong. En octobre, il s’envole pour Chongqing dans l’espoir de faire valoir ses états de service dans la résistance, mais il n’obtient pas d’être reçu par Jiang Jieshi. Revenu à Pékin dix jours plus tard, Wang retourne travailler à la Banque fédérale de réserve, alors en train d’être reprise en main par les autorités chinoises, avant de se raviser devant la colère des employés qui exigent de pouvoir toucher leur indemnité de départ. En décembre 1945, le chef de la Police et du Juntong à Pékin, Ma Hansan 馬漢三 (1906-1948), demande à Wang de bien vouloir organiser chez lui un banquet réunissant les principales figures de la collaboration en Chine du Nord, telles que Wang Kemin, Wang Yitang, ou encore Zhou Zuoren. Un invité surprise vient gâcher la soirée : le chef du Juntong, Dai Li 戴笠 (1897-1946), fait irruption et annonce aux convives qu’ils sont consignés au domicile de Wang jusqu’à nouvel ordre. En janvier 1946, Wang est transféré à Nankin où il est condamné à la prison à vie, en dépit des efforts de sa femme pour obtenir sa libération. Détenu à la prison Tilanqiao de Shanghai (Shanghai tilanqiao jianyu 上海提籃橋監獄), Wang meurt dans sa cellule en août 1952.

Sources : Xu Youchun 2007, p. ; 722 ; Wang Tongli 1996 ; SWHB, p. 1346-1376 ; MZN, p. 1021 ; Baidu.

Pour citer cette biographie : David Serfass, "Wang Shijing  汪時璟 (1887-1952)", Dictionnaire biographique de la Chine occupée, URL : https://bdoc.enpchina.eu/bios/wang-shijing/, dernière mise à jour le 7 octobre 2023. 

Biographical Dictionary of Occupied China

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