D’extraction particulièrement modeste, Honda Kumatarō présente des dispositions certaines pour les études qui lui permettent d’intégrer l’École spécialisée de Tokyo (Tōkyō senmon gakkō 東京専門学校, future Université de Waseda), puis l’Institut de droit de Tokyo (Tōkyō Hōgakuin 東京法学院, future Université Chūō 中央大学). En mai 1894, il interrompt ses études pour passer le nouveau concours ouvert par le ministère des Affaires étrangères (gaimushō 外務省) afin de former des étudiants à l’étranger. Il est retenu avec quatre autres candidats pour étudier le chinois. En août 1895, Honda entre d’abord par la petite porte du Gaimushō en réussissant le concours des chanceliers (shokisei shiken 書記生試験). Alors que la victoire du Japon face à l’empire Qing quelques mois plus tôt soustrait la Corée de l’orbite chinoise, Honda débute sa carrière dans le port de Wŏnsan 원산 元山, au nord de la péninsule, puis dans le port ouvert de Niuzhuang 牛莊 (act. Yingkou 營口) dans la baie du Liaodong. En octobre 1898, il réussit brillamment le « grand concours » du corps diplomatique et consulaire (gaikōkan oyobi ryōjikan shiken 外交官及領事官試験) dont il sort premier. Durant ses années comme diplomate stagiaire (gaikōkanho 外交官補), il est successivement en poste en Corée, en Chine puis en Belgique. En septembre 1901, il est rappelé au Japon par le nouveau ministre des Affaires étrangères Komura Jutarō 小村壽太郎 (1855-1911) qui fait de Honda son secrétaire (gaimu daijin hishokan 外務大臣秘書官). Les deux hommes ont fait connaissance en juillet 1898, alors que Komura, alors vice-ministre, s’emploie à mettre en place ce qui prendra le nom de « diplomatie Komura ». Élaborée à partir de 1893 à la légation de Pékin où Komura est conseiller, cette politique vise à imposer les intérêts japonais en Asie du Nord-Est. Elle passe d’abord par une diplomatie agressive vis-à-vis de l’empire Qing, qui trouve son couronnement lors du Traité de Shimonoseki (17 avril 1895), dont Komura est l’un des principaux rédacteurs. Elle se poursuit en 1902 par une alliance militaire avec la Grande-Bretagne afin de prendre l’avantage sur la Russie. Elle aboutit, enfin, au lendemain de la victoire contre les troupes du Tsar en 1905, à la signature des traités de Paix avec la Russie et avec l’empire Qing qui permettent au Japon de prolonger sa sphère d’influence au-delà de la péninsule coréenne en obtenant les concessions ferroviaires russes dans le Sud de la Mandchourie. Étroitement associé à son mentor durant toute la durée de son premier mandat comme ministre des Affaires étrangères (1901-1906), Honda est connu à l’époque comme l’un des « Trois prodiges de Komura » (Komura no san shūsai 小村の三秀才), aux côtés de Yamaza Enjirō 山座円次郎 (1866-1914) et d’Abe Moritarō 阿部守太郎 (1872-1913).
En janvier 1906, Honda retourne en Chine comme Deuxième secrétaire (nitō shokikan 二等書記官) à la légation de Pékin, avant de rejoindre Komura à Londres l’année suivante. Lorsque ce dernier récupère le portefeuille des Affaires étrangère en 1908, Honda retrouve ses fonctions de secrétaire. En juin 1909, il est promu Premier secrétaire de la légation de Pékin où il traverse la Révolution de 1911, avant d’être nommé consul à Harbin en mars 1912. Honda s’y emploie à développer les intérêts économiques japonais en Mandchourie septentrionale en négociant avec la Russie. Il est aidé par Nishihara Kamezō 西原亀三 (1873-1954), envoyé par le gouverneur-général de Corée Terauchi Masatake 寺内正毅 (1852-1919) afin de développer l’activité de la Kongiksa 共益社, une association de marchands de coton coréens formée sous la houlette de Nishihara. Durant son séjour en Chine, Honda est très affecté par la mort de Komura survenue en novembre 1911, suivie du décès prématuré d’Abe Moritarō en 1913 et de Yamaza Enjirō en 1914. Il passe l’essentiel de la Grande guerre à l’ambassade de Londres où il occupe des fonctions de conseiller (sanjikan 参事官) à partir de novembre 1914. En dépit de l’éloignement avec l’Asie de l’Est, la question chinoise reste l’un de ses principaux sujets de préoccupation. Honda s’active ainsi au moment des « Vingt et une demandes » (janvier 1915), dont il se procure le contenu complet grâce à ses contacts à Pékin. Surtout, il obtient en novembre 1915 que la Grande-Bretagne retire son accord à une participation de la Chine dans la guerre, imposant ainsi l’idée que toute décision concernant la Chine doit passer par le Japon. Ce fait d’arme lui vaut le respect de ses supérieurs et l’admiration de diplomates plus jeunes tels que Shigemitsu Mamoru, alors stagiaire à Londres, qui se prend de passion pour la « question chinoise » à la suite de longues discussions au cours desquelles Honda argumente en faveur de la « diplomatie Komura ». En juillet 1918, Honda est nommé ministre plénipotentiaire (tokumei zenken kōshi 特命全権公使) en Suisse, puis délégué à la Conférence de la paix de Paris en février 1919. Au début des années 1920, il occupe plusieurs postes d’ambassadeur en Autriche (1921-1923), en Turquie (1923), avant d’achever son long séjour européen en Allemagne (1923-1926). De retour à Tokyo, il est poussé à la démission par son ministre de tutelle Shidehara Kijūrō 幣原喜重郎 (1872-1951) dans le cadre d’un plan de départ visant plusieurs ambassadeurs.
Rendu amer par cette fin de carrière anticipée, Honda met son expertise de la politique étrangère japonaise au service de la Kokuhonsha 国本社 (Société de l’État comme fondation), dont il devient l’un des directeurs. Cette organisation nationaliste a été fondée par Hiranuma Kiichirō 平沼騏一郎 (1867-1952) à la fin de l’année 1920, parallèlement à l’organisation secrète Shin’yūkai 辛酉会 (L’Association de 1921) qui vise à rétablir l’autorité de l’État impérial en réaction au parlementarisme de l’ère Taishō (1912-1926). Comme son nom l’indique, la Kokuhonsha s’oppose à la démocratie libérale (minpon shugi 民本主義) et au marxisme, dénoncés comme des idéologies étrangères contre lesquelles elle mène une bataille culturelle en réunissant des universitaires conservateurs et en publiant le mensuel Kokuhon 国本, qui se veut une alternative conservatrice aux deux grandes revues généralistes Chūō kōron 中央公論 et Kaizō 改造. Après sa réorganisation en 1924, la Kokuhonsha se développe en une organisation internationale avec des branches dans plusieurs pays. On ne sait pas dans quelle mesure Honda s’implique dans la composante clandestine de l’organisation bicéphale qui sera dissoute le 10 juin 1936 à la suite de la Rébellion du 26 février. S’il n’est jamais inquiété par la justice avant 1945, Honda est convoqué comme témoin lors du procès fleuve (1937-1941) d’un vaste projet de coup d’État déjoué le 11 juillet 1933 connu sous le nom d’ « Incident du Corps des soldats divins » (shinpeitai jiken 神兵隊事件). À défaut de se livrer au terrorisme, Honda prend une part active dans cette propagande en faveur d’une « Restauration Shōwa » (Shōwa ishin 昭和維新). Il multiplie les conférences, notamment aux cadets de l’École supérieure de guerre en juillet 1926, et publie quantité d’articles dans la revue Kokuhon ainsi que dans Gaikō jihō 外交時報 (Revue diplomatique). Il se lie également à la Seikyōsha 政教社 (Société pour l’éducation à la politique), cercle fondé en 1888 pour diffuser le kokusui shugi 国粋主義 (doctrine de la quintessence nationale). Alors dirigé par le chantre du panasiatisme Ioki Ryōzō 五百木良三 (1871-1937), la Seikyōsha fait ainsi paraître plusieurs articles de Honda dans les pages de sa revue Nihon oyobi Nihonjin 日本及び日本人 (Le Japon et les Japonais). Honda devient ainsi l’un des principaux contempteurs de la diplomatie japonaise, dont il dénonce les errances sous l’égide de Shidehara puis de Tanaka Giichi 田中義一 (1864-1929). S’il n’a pas pardonné son éviction au premier, Honda est d’abord un allié du second qui l’invite à rejoindre le Seiyūkai 政友会 en février 1927 et à lui servir de conseiller diplomatique. Ses préconisations, dont il publie peu après une synthèse dans Gaikō jihō, portent en particulier sur la politique chinoise du Japon. Honda élabore alors un discours qu’il ne va cesser de marteler par la suite : le contrôle de la Mandchourie est vital pour le Japon, non seulement parce qu’elle est sa « première ligne de défense », mais aussi parce que l’économie japonaise dépend d’elle. Il reproche au gouvernement sortant d’être resté passif face aux troubles provoqués par la rébellion de Guo Songling 郭松龄 (1883-1925) contre Zhang Zuolin en 1925. Prenant la suite de son mentor Komura, Honda prône une politique active du Japon afin de maintenir l’ordre, sans s’embarrasser des règles de non-ingérences dont il pense qu’elles ne s’appliquent pas de la même manière en Mandchourie et en Chine. Honda attaque également Shidehara pour son attitude conciliante vis-à-vis du GMD, dont l’offensive anti-impérialiste soutenue par le Komintern constitue à ses yeux une menace majeure pour les intérêts japonais.
Au moment de la formation du Cabinet Tanaka en avril 1927, Honda peut donc espérer obtenir le portefeuille des Affaires étrangères, que Tanaka décide finalement de cumuler. Vexé, Honda quitte le Seiyūkai en mai 1928 afin, dit-il, de pouvoir continuer à commenter la politique étrangère japonaise en toute liberté. Il ne s’en prive pas, fustigeant dans la presse la politique chinoise de Tanaka qu’il juge dans la continuité de celle de Shidehara, mais en plus maladroite. En cause notamment, la fameuse Conférence d’Orient (Tōhō kaigi 東方会議) réunie par Tanaka à l’été 1927. S’il semble, à première vue, répondre aux demandes de Honda en faveur d’une politique chinoise pro-active, ce sommet réunissant les principaux acteurs japonais sur la question se révèle un désastre en termes de communication, Honda déplorant l’explosion du sentiment anti-japonais qu’elle suscite. Ce sentiment sera durablement alimenté par le « Mémoire au trône de Tanaka » (Tanaka jōsōbun 田中上奏文), projet de conquête de l’Asie orientale concocté et diffusé, semble-t-il, par les services secrets chinois. De même, il blâme Tanaka pour sa mauvaise gestion du déploiement des troupes japonaises au Shandong au moment de l’Incident de Jinan. Plus largement, Honda se lamente de l’inconstance de cette « diplomatie ivre [yopparai gaikō 酔っぱらい外交] » (cité par Takahashi 2011, p. 121) qu’il explique par l’amateurisme de Tanaka et son incapacité à prêter l’oreille aux diplomates chevronnés comme lui. En 1929, Honda s’implique dans la mobilisation contre la ratification par le Japon du Pacte de Paris (ou Pacte Briand-Kellogg) dont les pays signataires s’engagent à une « franche renonciation à la guerre, comme instrument de politique nationale ». Outre la crainte de voir la Chine utiliser ce texte comme bouclier contre le Japon, Honda juge son premier article anticonstitutionnel dans la mesure où cette renonciation à la guerre se fait « au nom de leurs peuples respectifs [kakuji no jinmin no mei ni oite 各自ノ人民ノ名ニ於󠄁テ] ». Or, la Constitution de Meiji (1889) place la souveraineté dans la seule personne de l’empereur. Le 27 mars 1929, Honda cosigne une pétition à l’empereur aux côtés de figures ultranationalistes telles que Tōyama Mitsuru 頭山満 (1855-1944). En 1930, il combat tout aussi férocement le Traité naval de Londres visant à limiter les capacités de la marine japonaise. S’il échoue à empêcher la ratification de ces deux textes, Honda change alors de statut, sortant de son rôle d’expert pour devenir un acteur de poids dans le champs politique japonais.
L’évolution de la situation sur le continent augmente encore l’audience de Honda. Le 19 septembre 1931, au lendemain de l’Incident de Mukden, il prononce un discours de plus d’une heure sur l’évolution de la question mandchoue lors d’un meeting informel réunissant une centaine de personnes parmi lesquelles des personnalités de premier plan telles que Matsuoka Yōsuke et Ōkawa Shūmei. Dès le 1er octobre, Honda appelle son pays à quitter la Société des Nations si celle-ci tente d’interférer dans les affaires mandchoues. En janvier 1932, il réunit ses vues sur la question dans un ouvrage appelant à Faire face à la crise nationale (Kokunan ni chokumen shite 国難に直面して, Aikokusha sonjuku) dans lequel il explique pourquoi la « race du Yamato [Yamato minzoku 大和民族] », coincée sur un archipel étroit, n’a d’autre choix que de s’étendre sur le continent. Honda accueille avec enthousiasme la nomination en janvier 1932 de son vieil ami Yoshizawa Kenkichi 芳沢謙吉 (1874-1965) comme ministre des Affaires étrangères dans le gouvernement de son beau-père Inukai Tsuyoshi. Après l’annonce par Matsuoka Yōsuke en mars 1933 que le Japon se retire de la SDN, Honda se félicite que « l’autorité du Grand Japon soit restaurée » (Gaikō jihō, 01/04/1933, cité par Takahashi 2011, p. 131). À ses yeux, cette évolution marque une rupture avec plus de deux décennies d’une politique étrangère trop timorée, dont la « diplomatie Shidehara » a constitué le paroxysme. Il ne manque pas de voir là une victoire posthume de son mentor Komura Jutarō auquel il rend régulièrement hommage, notamment dans son ouvrage Tamashii no gaikō : Nichi-Ro sensō ni okeru Komura-kō 魂の外交 : 日露戦争に於ける小村侯 (Une diplomatie inspirée : le marquis Komura dans la guerre russo-japonaise, Chikura shobō, 1938). Si la résolution du problème mandchou va dans le sens voulu par Honda, celui-ci ne tarde pas à relancer dans la presse sa croisade contre la politique chinoise du gouvernement qu’il qualifie de « diplomatie par slogans ». Dans une série d’articles publiés à la fin de l’année 1936 par l’édition d’Osaka du Mainichi shinbun 毎日新聞, Honda adopte une ligne dure, critiquant les « Trois principes » d’Hirota Kōki. Selon lui, les mots ne suffisent plus pour faire respecter les intérêts japonais face à un gouvernement chinois « hypocrite », prêt à quelques concessions pour gagner du temps. Comme le note l’ambassadeur Joseph Grew (1880-1965) dans son rapport mentionnant cette série d’articles, « Now that Japan realizes that its bluff of military pressure no longer works, some other aggressive method of dominating North China may be tried » (courrier au Secrétaire d’État, 01/01/1937).
L’invasion de la Chine « propre » par les troupes japonaises à partir de juillet 1937 ne calme pas l’ardeur de Honda qui participe à plusieurs meetings de masse. Le 22 novembre, il électrise une foule de plus de 4000 personnes réunies au parc Hibiya à qui il fait voter une résolution demandant des mesures de rétorsion contre la Grande-Bretagne accusée de s’ingérer dans les relations sino-japonaises à la suite de la Conférence de Bruxelles convoquée début novembre par la Chine en vertu du Traité des neuf puissances. Le meeting se transforme en une procession qui se rend devant l’enceinte du Palais impérial avant qu’une délégation ne soit envoyée à l’ambassade de Grande-Bretagne pour remettre un manifeste exigeant que les Britanniques changent d’attitude. Le 16 décembre, il participe à un nouveau meeting antibritannique organisé à Osaka par une association de marchands locaux et un groupe de députés. Londres est accusée de prendre le parti de la Chine pour mieux préserver ses intérêts économiques que menace l’occupation japonaise. En octobre 1938, Honda publie une synthèse de ses positions sur la Chine dans l’ouvrage Nisshi jihen gaikōkan 日支事変外交観 (Point de vue diplomatique sur l’Incident sino-japonais, Chikura shobō). Il y développe notamment l’idée selon laquelle le conflit en cours constituerait un tournant civilisationnel marquant la fin de plusieurs siècles de domination « blanche » (p. 211 sqq.). À cet égard, les traités internationaux de l’entre-deux-guerres, tels que le Pacte Briand-Kellog, n’auraient été qu’un moyen de maintenir ce statu quo aux dépens de pays comme le Japon. Aussi sa grille de lecture n’est-elle pas seulement raciale puisqu’elle conduit Honda à prôner un renforcement de l’alliance avec l’Allemagne et l’Italie, elles aussi perdantes du statu quo post-wilsonien. Sous le mandat de son ami Hiranuma, qui accède au poste de Premier ministre en janvier 1939, Honda prend ainsi parti avec le gouvernement en faveur d’une alliance plus poussée avec les forces de l’Axe déjà liées par le Pacte anti-Komintern. Lors d’une conférence prononcée le 5 juin, il critique ceux qui craignent qu’une telle alliance ne soit perçue comme dirigée contre Washington et Londres. Comment croire, professe-t-il, que l’on puisse un jour combattre l’Union soviétique d’un côté en serrant la main de la Grande-Bretagne et des États-Unis de l’autre ? Le fiasco de Nonmonhan à partir de juillet et le choc du Pacte germano-soviétique, le 23 août 1939, affaiblissent cette position et, avec elle, le cabinet Hiranuma qui est dissout le 30 août. À la faveur de la victoire écrasante de l’Allemagne en Europe de l’Ouest un an plus tard et du durcissement des sanctions économiques américaines, le projet d’une alliance plus complète entre le Japon et l’Allemagne souhaité par Honda finit toutefois par voir le jour avec le Pacte tripartite signé le 27 septembre 1940.
Cet engagement en faveur de l’Axe est la raison principale qu’avancent les commentateurs lorsque, le 7 décembre 1940, le ministre des Affaires étrangères Matsuoka Yōsuke choisit Honda comme ambassadeur du Japon auprès du Gouvernement national réorganisé de Wang Jingwei. Cette nomination intervient au lendemain de la reconnaissance formelle de Nankin par Tokyo, entérinée le 30 novembre par Abe Nobuyuki. Elle laisse perplexe Zhou Fohai qui se demande dans son journal personnel ce que Honda vient faire là alors qu’il a quitté le Gaimushō depuis plus de dix ans et qu’il n’a aucun lien avec le Mouvement pour la paix. La presse anglophone de Shanghai voit dans la nomination de cet « ardent admirateur du système totalitaire » ayant eu « le privilège et l’honneur de servir comme ambassadeur à Berlin et à Rome [sic] » (The China Weekly Review, 14/12/1940), un moyen pour Tokyo de faciliter la reconnaissance espérée du régime de Nankin par l’Allemagne et l’Italie ; espoir déçu dans un premier temps. Honda remet ses lettres de créance à Wang Jingwei le 28 décembre. Si les formes d’une relation entre États souverains sont donc respectées, Honda a reçu des instructions claires : les considérations diplomatiques devront être subordonnées aux objectifs militaires. Autrement dit, c’est à l’armée d’occupation que revient de transmettre aux autorités de Nankin les directives de Tokyo. Ce rôle ne l’empêche pas de gagner la confiance des dirigeants chinois. Zhou Fohai décrit ainsi Honda comme « extrêmement sincère » après que ce dernier a affirmé, le 1er mai 1941, ne pas être au courant d’une reprise des discussions secrètes entre Chongqing et Tokyo, en assurant Zhou que le Japon n’avait aucune intention d’intriguer dans le dos de Nankin. Dans un télégramme adressé une semaine plus tôt à Matsuoka, Honda fait pourtant état de contact à Shanghai entre un certain Yamazaki 山崎 et des représentants de Chongqing afin de « sonder l’atmosphère de la partie adverse ». Toujours est-il que Honda donne publiquement des gages de sa bonne foi en déclarant, dans un entretien à la presse japonaise le 9 mai, que des négociations directes avec Chongqing seraient contraires à la lettre comme à l’esprit des traités du 30 novembre 1940, ajoutant qu’il était bien trop tard pour des discussions de paix avec Jiang Jieshi.
Au Japon, où Honda arrive le 11 mai 1941, ces déclarations sont interprétées par l’ambassadeur Grew comme apportant du crédit à la rumeur d’une « divergence d’opinion croissante entre le ministère des Affaires étrangères et l’ambassadeur japonais à Nankin » (télégramme au Secrétaire d’État, 19/05/1941). Elles valent à Honda quelques critiques dans la presse japonaise, mais aussi le soutien de grands titres comme le Yomiuri shinbun. Pour faire taire la rumeur, le porte-parole du gouvernement déclare, le 13 mai, que le Cabinet Konoe approuve les propos de Honda et qu’il entend continuer à soutenir le régime de Wang Jingwei. Au sujet des relations entre Matsuoka et Honda, le porte-parole note que le premier traite le second avec les marques de respect dues à un aîné. La question des négociations secrètes avec Chongqing est directement liée à celle du « renforcement » (kyōka 強化) du gouvernement de Nankin. S’il renvoie notamment à la mise en place d’une nouvelle administration destinée à superviser les opérations de « pacification rurale » (qingxiang gongzuo 清鄉工作), ce slogan est interprété de manières différentes par les deux parties. Pour le groupe de Wang Jingwei, il s’agit de renforcer la légitimité du Gouvernement national réorganisé en obtenant une plus grande autonomie de la part du Japon et la garantie d’un soutien pérenne. Pour les autorités japonaises, cette politique doit viser avant tout à rationaliser une structure administrative rendue pléthorique par le besoin de respecter l’organigramme « orthodoxe » d’avant-guerre, mais aussi d’offrir des sinécures aux différentes factions en présence. C’est pour défendre les revendications de la partie chinoise que Honda se rend au Japon. Le 13 mai, le groupe de Wang Jingwei transmet une liste de doléances devant lui permettre de renforcer son contrôle politique et économique sur la Chine occupée. Le point d’orgue de cette offensive organisée par Honda, avec l’aide d’Aoki Kazuo, est la visite d’État au Japon de Wang Jingwei et de ses principaux ministres du 17 au 28 juin 1941.
L’espoir placé par ces derniers dans Honda est quelque peu douché par l’annonce de sa démission. Prévenu des intentions de Honda dès le 6 juillet alors qu’il est encore à Tokyo, Zhou Fohai s’empresse de lui écrire pour l’en dissuader. Honda n’en présente pas moins sa démission le 19 juillet, déclarant qu’il part avec le sentiment du devoir accompli. Il semble toutefois que cette démission soit en partie une marque de respect pour Matsuoka Yōsuke, contraint de laisser son maroquin à l’amiral Toyoda Teijirō 豊田貞次郎 (1885-1961). De fait, Toyoda n’a guère de mal à convaincre Honda de rester en poste en l’assurant que le remaniement ne remet pas en cause les engagements du Japon envers le gouvernement de Wang Jingwei, et ce d’autant plus qu’il choisit Amau Eiji 天羽英二 (1887-1968) – un disciples de Honda proche de Shigemitsu Mamoru – comme vice-ministre des Affaires étrangères. Après une absence de plus de de trois mois, Honda retourne à Nankin le 22 août 1941. Entre-temps, l’Allemagne a enfin accepté de reconnaître le gouvernement de Wang Jingwei, le 1er juillet, et, à sa suite, huit autres pays de l’Axe (Italie, Roumanie, Slovaquie, Croatie, Hongrie, Bulgarie, Espagne et Danemark). Lors de sa première conférence de presse après son retour, Honda met en garde Nankin quant aux nouvelles responsabilités qu’implique cette reconnaissance diplomatique susceptible, poursuit-il, de s’accompagner de pressions de la part des pays concernés par le biais de leurs représentants. Honda exprime à demi-mot la crainte du Japon de voir sa relation « privilégiée » avec Nankin être gênée par l’interférence de ses alliés européens, notamment allemands. Il se félicite, par ailleurs, de la compression administrative amorcée par le régime de Wang Jingwei dans le cadre du « Projet de réforme de l’appareil administratif et de remaniement de son personnel » (gaige xingzheng jigou ji tiaozheng renxuan an 改革行政機構及調整人選案) adopté le 16 août qui entraîne la suppression ou la fusion de plusieurs ministères.
Les derniers mois du mandat de Honda comme ambassadeur sont marqués par la montée des tensions entre le Japon et les États-Unis. Dans ses discussions avec les dirigeants du Gouvernement national réformé, Honda se montre rassurant sur la situation internationale. Le 27 août 1941, il affirme ainsi à Zhou Fohai que Churchill est sorti déçu du Sommet de l’Atlantique (9-12 août 1941) avec Roosevelt, faute d’obtenir des États-Unis qu’ils entrent en guerre. Non seulement les États-Unis n’ont pas l’intention de prendre part au conflit mondial, s’avance Honda, mais leur aide matérielle à la Grande-Bretagne est bien en deçà des attentes de Churchill. Les tentatives du premier ministre Konoe Fumimaro visant à impliquer Washington dans des négociations avec Chongqing provoquent un petit incident diplomatique nippo-japonais. Le 10 octobre 1941, Honda est furieux d’apprendre par Kagesa Sadaaki l’existence de ces tractations. Il se plaint à son ministre de tutelle Toyoda Teijirō qui, à son tour, reproche à Konoe d’avoir été laissé dans l’ignorance. Ce dernier est d’autant plus embarrassé qu’il avait tenu Wang Jingwei responsable de cette indiscrétion, lui reprochant d’avoir ébruité leurs discussions personnelles à ce sujet ; preuve s’il en était besoin du peu d’importance que revêt la voie diplomatique dans le contexte de l’occupation. Durant ses douze mois comme ambassadeur à Nankin, Honda s’implique également dans la diplomatie culturelle en organisant le transfert aux autorités chinoises de près d’un million d’objets d’art et de livres en possession de l’occupant, dans le cadre du Comité de préservation du patrimoine culturel (wenwu baoguan weiyuanhui 文物保管委員會) établi au sein du Yuan exécutif et présidé par le ministre des Affaires étrangères Xu Liang.
Le 20 décembre 1941, Honda démissionne de son poste d’ambassadeur à Nankin en invoquant des problèmes de santé. Il est remplacé par Hidaka Shinrokurō, qui occupe son poste par intérim jusqu’à l’arrivée de Shigemitsu Mamoru en janvier 1942. De retour au Japon, Honda publie dès mars 1942 un ouvrage intitulé Shina jihen kara Tōa sensō e 支那事変から大東亜戦争へ (De l’Incident de Chine à la guerre de la Grande Asie orientale, Chikura shobō). En mai 1944, Honda est recruté comme conseiller par Shigemitsu, devenu entre-temps ministre des Affaires étrangères, aux côtés de deux autres diplomates de premier plan : Arita Hachirō 有田八郎 (1884-1965) et Yamakawa Tadao 山川端夫 (1873-1962). Il conseille également l’Association de soutien au Trône. Au lendemain de la victoire alliée, son rôle durant la guerre, à la fois comme diplomate et comme partisan de l’expansionnisme nippon, valent à Honda d’être placé sur une liste des « principaux criminels de guerre japonais ». Il y est décrit comme « Extremely active behind the scenes. Close relations fighting services, imperialist opinions. Pro-Axis. » (George Atcheson, Jr. au Secrétaire d’État, 16/11/1945). Arrêté en tant que suspect de classe A (crime contre la paix) avant d’être reclassé en catégorie B (crime de guerre) faute d’avoir été jugé dans le cadre du Tribunal militaire international pour l’Extrême-Orient, Honda est finalement relâché le 14 janvier 1948, semble-t-il en raison de son état de santé. Il décède chez lui le 18 décembre 1948 des suites d’une angine. La veille, son nom apparaît parmi 19 dirigeants japonais n’ayant pas encore été jugés, toujours détenus à la prison de Sugamo ou placés en résidence surveillée. Alors qu’il est encore question de les faire passer devant un tribunal, les autorités d’occupation décident de les libérer le 24 décembre, estimant que « The period in office of the suspects investigated by Legal Section were of such limited duration as to render it unlikely that ‘B’ and ‘C’ charges would be supported on the basis of the responsibility of their official position » (William J. Sebald au Secrétaire d’État, 24/12/1948). Honda est finalement réhabilité à titre posthume en mars 1952. Une partie de l’abondant corpus de ses textes a été publiée sous le titre Honda Kumatarō kankei monjo 本多熊太郎関係文書 (Documents relatifs à Honda Kumaratō, Kokusho kankōkai, 2018).
Sources : NKJRJ, p. 463 ; Takahashi 2011 ; Honda 1932, 1938, 1942 ; Uchida 2023, p. 147 ; Szpilman 1998 ; Sastre 2016, p. 467 ; Stephan 1973 ; The North China Herald, 25/08/1928, 22/12/1937, 14/05/1941, 23/07/1941 ; FRUS, 01/01/1937, 19/05/1941, 16/11/1945, 24/12/1948 ; Hunter 1984, p. 201 ; The China Weekly Review, 13/11/1937, 14/12/1940, 30/08/1941 ; The China Press, 23/11/1937 ; South China Morning Post 06/06/1939, 15/03/1941, 16/05/1941, 21/05/1941, 16/06/1941, 23/07/1941, 18/08/1941, 18/09/1948 ; Bunker 1972, p. 264-265 ; WZQS, p. 1557, 1563-1565 ; ZR, p. 389, 458, 488, 510, 527 ; JACAR B02030602600, 24/04/1941 ; Henshaw 2019, p. 130-131 ; AS, 20/12/1941, 24/05/1944, 13/12/1945, 20/12/1948, 25/12/1948.
Born into modest circumstances, Honda Kumatarō demonstrated an aptitude for studies, which enabled him to enroll in the Tokyo Specialized School (Tōkyō senmon gakkō 東京専門学校, later Waseda University), and subsequently, the Tokyo Institute of Law (Tōkyō Hōgakuin 東京法学院, later Chūō University). In May 1894, he interrupted his studies to sit for a new competitive examination held by the Ministry of Foreign Affairs (Gaimushō 外務省) designed to train students for overseas service. He was selected along with four other candidates to study Chinese. In August 1895, Honda began his career at the Gaimushō through the chancellery examination (shokisei shiken 書記生試験). As Japan’s victory over the Qing Empire months earlier had removed Korea from the Chinese sphere of influence, Honda started his career in the port of Wŏnsan 원산 元山 in the north of the peninsula, and then in the open port of Niuzhuang 牛莊 (present-day Yingkou 營口) in the Liaodong Bay. In October 1898, he excelled in the “grand examination” for the diplomatic and consular service (gaikōkan oyobi ryōjikan shiken 外交官及領事官試験), finishing first. During his years as a probationary diplomat (gaikōkanho 外交官補), he was posted successively in Korea, China, and Belgium. In September 1901, he was recalled to Japan by the new Foreign Minister Komura Jutarō 小村壽太郎 (1855-1911), who made Honda his private secretary (gaimu daijin hishokan 外務大臣秘書官). The two men had met in July 1898, while Komura, then Vice-Minister, was working on what would become known as “Komura Diplomacy.” Conceived since 1893 at the Beijing legation where Komura was an adviser, this policy aimed to assert Japanese interests in Northeast Asia. It began with aggressive diplomacy towards the Qing Empire, reaching its zenith with the Treaty of Shimonoseki (April 17, 1895), for which Komura was a key drafter. It continued in 1902 with a military alliance with Great Britain to gain an advantage over Russia. Finally, following the victory over the Tsar’s troops in 1905, it led to the signing of peace treaties with Russia and with the Qing Empire, allowing Japan to extend its sphere of influence beyond the Korean Peninsula by obtaining Russian railway concessions in southern Manchuria. Closely associated with his mentor throughout his first term as Foreign Minister (1901-1906), Honda was known at the time as one of “Komura’s Three Prodigies ” (Komura no san shūsai 小村の三秀才), alongside Yamaza Enjirō 山座円次郎 (1866-1914) and Abe Moritarō 阿部守太郎 (1872-1913).
In January 1906, Honda returned to China as a Second Class Secretary (nitō shokikan 二等書記官) at the Peking legation, before joining Komura in London the following year. When the latter reassumed the portfolio of Foreign Minister in 1908, Honda resumed his role as secretary. In June 1909, he was promoted to First Secretary of the Peking legation, where he experienced the 1911 Revolution, before being appointed consul in Harbin in March 1912. In Harbin, Honda dedicated himself to expanding Japanese economic interests in northern Manchuria by negotiating with Russia. He was assisted by Nishihara Kamezō 西原亀三 (1873-1954), sent by the Governor-General of Korea, Terauchi Masatake 寺内正毅 (1852-1919), to develop the activities of the Kongiksa 共益社, an association of Korean cotton merchants organized by Nishihara. During his time in China, Honda was deeply affected by the death of Komura in November 1911, followed by the premature deaths of Abe Moritarō in 1913 and Yamaza Enjirō in 1914. He spent most of the Great War at the London embassy where he served as a councillor (sanjikan 参事官) from November 1914. The Chinese question remained one of his principal concerns, despite the distance from East Asia. Honda was particularly active during the “Twenty-One Demands” episode (January 1915), obtaining the complete content through his contacts in Peking. Most significantly, in November 1915, he successfully lobbied the British government to withdraw its agreement to Chinese participation in the war, thus imposing the idea that any decision concerning China must go through Japan. This achievement earned him the respect of his superiors and the admiration of younger diplomats such as Shigemitsu Mamoru, then a trainee in the London embassy, who became deeply interested in the “Chinese question” following extensive discussions during which Honda argued in favor of “Komura diplomacy.” In July 1918, Honda was appointed Minister Plenipotentiary (tokumei zenken kōshi 特命全権公使) to Switzerland, then delegate to the Paris Peace Conference in February 1919. In the early 1920s, he held several ambassadorial posts in Austria (1921-1923), Turkey (1923), and Germany (1923-1926). Upon returning to Tokyo, he was forced to resign by the new Foreign minister, Shidehara Kijūrō 幣原喜重郎 (1872-1951), as part of a retirement plan targeting several ambassadors.
Embittered by this premature end to his career, Honda put his expertise in Japanese foreign policy to the service of the Kokuhonsha 国本社 (National Foundation Society), becoming one of its directors. This nationalist organization had been founded by Hiranuma Kiichirō 平沼騏一郎 (1867-1952) towards the end of 1920, in parallel with the secret Shin’yūkai 辛酉会 (1921 Association), which aimed to restore the authority of the Imperial State in reaction to the the Taishō era’s parliamentarism. As its name suggests, Kokuhonsha opposed liberal democracy (minpon shugi 民本主義) and Marxism, which it denounced as foreign ideologies, against which it waged a cultural battle by bringing together conservative academics and publishing the monthly journal Kokuhon 国本, intended as a conservative alternative to the two major mainstream reviews, Chūō kōron 中央公論 and Kaizō 改造. After its reorganization in 1924, the Kokuhonsha expanded into an international organization with branches in several countries. It remains unclear to what extent Honda was involved in the clandestine component of the dual-headed organization, which was dissolved on June 10, 1936, following the February 26 Incident. Although he was not prosecuted before 1945, Honda was called as a witness during the lengthy trial (1937-1941) of a vast coup d’État plot foiled on July 11, 1933, known as the “God-sent Troops Incident” (shinpeitai jiken 神兵隊事件). While he did not resort to terrorism, Honda actively participated in this propaganda in favor of a “Shōwa Restoration” (Shōwa ishin 昭和維新). He gave numerous lectures, including to the cadets of the War College in July 1926, and published a multitude of articles in Kokuhon as well as in Gaikō jihō 外交時報 (The Diplomatic Review). He also became associated with the Seikyōsha 政教社 (Society for Political Education), a circle founded in 1888 to disseminate the doctrine of national essentialism (kokusui shugi 国粋主義). Headed at the time by the Asianist Ioki Ryōzō 五百木良三 (1871-1937), Seikyōsha published several articles by Honda in the pages of its journal Nihon oyobi Nihonjin 日本及び日本人 (Japan and the Japanese). Thus, Honda became one of the main critics of Japanese diplomacy under Shidehara and Tanaka Giichi 田中義一 (1864-1929). While he had not forgiven the former for his dismissal, Honda initially allied with the latter, who invited him to join the Seiyūkai 政友会 in February 1927 and serve as a diplomatic advisor. His recommendations, which he soon after published in Gaikō jihō, focused particularly on Japan’s policy towards China. Honda then developed an argument that he would continue to hammer home in the years to come: control of Manchuria was vital for Japan, not only because it was its “first line of defense” but also because the Japanese economy depended on it. He criticized the outgoing government for remaining passive in the face of the unrest caused by Guo Songling’s 郭松龄 (1883-1925) rebellion against Zhang Zuolin in 1925. Following in the footsteps of his mentor Komura, Honda advocated for Japan to adopt an active policy to maintain order in Manchuria regardless of the rules of non-interference, which he believed did not apply in the same way in Manchuria and China. Honda also attacked Shidehara for his conciliatory attitude towards the GMD, whose anti-imperialist offensive supported by the Comintern he saw as a major threat to Japanese interests.
When the Tanaka Cabinet was formed in April 1927, Honda could therefore hope to secure the post of Foreign Minister, but Tanaka eventually decided to assume it himself. Feeling slighted, Honda left the Seiyūkai in May 1928 in order, he claimed, to freely express his views on Japanese foreign policy. Indeed, he did not hold back, lambasting Tanaka’s Chinese policy in the press, which he considered a clumsy continuation of Shidehara’s approach. Particularly problematic was, in his opinion, the infamous Eastern Conference (Tōhō kaigi 東方会議) convened by Tanaka in the summer of 1927. While ostensibly meeting Honda’s demands for a proactive Chinese policy, this summit, which brought together key Japanese figures concerning China, proved to be a disaster in terms of public relations, with Honda deploring the consequent surge in anti-Japanese sentiment. This sentiment was further fueled by the so-called “Tanaka Memorial” (Tanaka jōsōbun 田中上奏文), a plan for the conquest of East Asia concocted and purportedly disseminated by Chinese intelligence services. He also criticized Tanaka for his mishandling of the deployment of Japanese troops to Shandong following the Jinan Incident. More broadly, Honda decried the inconsistency of this “drunken diplomacy [yopparai gaikō 酔っぱらい外交]” (quoted from Takahashi 2011, p. 121), attributing it to Tanaka’s amateurism and his failure to heed advice from seasoned diplomats like himself. In 1929, Honda engaged in the mobilization against Japan’s ratification of the Pact of Paris (also known as the Kellogg–Briand Pact), in which signatory countries committed to “the renunciation of war as an instrument of national policy.” Besides fearing that China might use the treaty as a shield against Japan, Honda considered its first article unconstitutional since the renunciation of war was made “in the names of their respective peoples [kakuji no jinmin no mei ni oite 各自ノ人民ノ名ニ於󠄁テ]”, whereas the Meiji Constitution (1889) vested sovereignty solely in the Emperor. On March 27, 1929, Honda co-signed a petition to the Emperor alongside ultranationalist figures such as Tōyama Mitsuru 頭山満 (1855-1944). In 1930, he fought just as fiercely against the London Naval Treaty, which aimed to limit the capabilities of the Japanese navy. Although Honda failed to prevent the ratification of these two treaties, his status changed, as he moved from expert to influential player in the Japanese political arena.
The evolving situation on the continent further amplified Honda’s influence. On September 19, 1931, the day after the Mukden Incident, he delivered an hour-long speech about the evolution of the Manchurian question at an informal meeting attended by about a hundred people, including prominent figures such as Matsuoka Yōsuke and Ōkawa Shūmei. By October 1st, Honda was calling for Japan to leave the League of Nations if it attempted to interfere in Manchurian affairs. In January 1932, he collected his views on the subject in a book titled “Confronting the National Crisis” (Kokunan ni chokumen shite 国難に直面して, Aikokusha sonjuku), wherein he argued why the “Yamato race [Yamato minzoku 大和民族]”, confined to a narrow archipelago, had no choice but to expand onto the continent. That same month, Honda welcomed the appointment of his old friend Yoshizawa Kenkichi 芳沢謙吉 (1874-1965) as Foreign Minister in the government of the latter’s father-in-law, Inukai Tsuyoshi. Following Matsuoka Yōsuke’s announcement in March 1933 that Japan was withdrawing from the League of Nations, Honda expressed satisfaction that “the authority of Greater Japan had been restored” (Gaikō jihō, 04/01/1933, quoted in Takahashi 2011, p. 131). He saw this development as a break from over two decades of over-cautious foreign policy, culminating in “Shidehara diplomacy”. He perceived this change as a posthumous triumph of his mentor Komura Jutarō, to whom he regularly paid tribute, notably in his book Tamashii no gaikō : Nichi-Ro sensō ni okeru Komura-kō 魂の外交 : 日露戦争に於ける小村侯 (Soulful Diplomacy: Marquis Komura in the Russo-Japanese War, Chikura shobō, 1938). While the resolution of the Manchurian issue aligned with Honda’s vision, he soon resumed his crusade in the press against the government’s Chinese policy, which he labeled “diplomacy by slogans.” In a series of articles published at the end of 1936 by the Osaka edition of the Mainichi Shinbun 毎日新聞, Honda took a hard line, critiquing Hirota Kōki’s “Three Principles”. He argued that words were no longer sufficient to defend Japanese interests against a deceptive Chinese government willing to make minor concessions to buy time. As Ambassador Joseph Grew (1880-1965) noted in his report mentioning this series of articles, “Now that Japan realizes that its bluff of military pressure no longer works, some other aggressive method of dominating North China may be tried” (dispatch to the Secretary of State, 01/01/1937).
The invasion of China “proper” by Japanese troops starting in July 1937 did not dampen the fervor of Honda, who took part in several mass meetings. On November 22, he electrified a crowd of more than 4,000 people gathered in Hibiya Park into voting a resolution calling for retaliatory measures against Great Britain, accused of interfering in Sino-Japanese relations following the Brussels Conference convened in early November by China under the Nine-Power Treaty. The meeting turned into a procession along the Imperial Palace’s wall before a delegation was sent to the British Embassy to deliver a manifesto demanding that the British change their attitude. On December 16, he participated in another anti-British meeting organized in Osaka by a local merchants’ association and a group of members of parliament. London was accused of siding with China in order to better safeguard its economic interests threatened by the Japanese occupation. In October 1938, Honda published a summary of his positions on China in the book Nisshi jihen gaikōkan 日支事変外交観 (Diplomatic Views on the Sino-Japanese Incident, Chikura Shobo). Therein, he particularly developed the idea that the Sino-Japanese conflict represented a civilizational turning point marking the end of several centuries of “white” domination (p. 211 sqq.). In this regard, international treaties of the interwar period, such as the Kellogg–Briand Pact, were nothing more than a means to maintain this status quo at the expense of countries like Japan. Therefore, his analytical framework was not solely racial, as it led Honda to advocate for strengthening the alliance with Germany and Italy, also losers of the post-Wilsonian status quo. Under the mandate of his friend Hiranuma, who became Prime Minister in January 1939, Honda thus sided with the government in favor of a deeper alliance with the Axis powers, already bound by the Anti-Comintern Pact. During a speech on June 5, he criticized those who feared that such an alliance might be perceived as directed against Washington and London. “Who can readily think it possible, he declared, that we may one day be fighting with the Soviet Union on the one hand and shaking hands with Great Britain and the United States on the other?” (quoted from the South China Morning Post, 06/06/1939). The Nonmonhan debacle starting in July and the shock of the German-Soviet Pact on August 23, 1939, weakened this stance and with it, the Hiranuma cabinet, which was dissolved on August 30. However, as a result of Germany’s crushing victory in Western Europe a year later and the tightening of American economic sanctions, the project for a more complete alliance between Japan and Germany desired by Honda eventually came to fruition with the signing of the Tripartite Pact on September 27, 1940.
This commitment to the Axis is the main reason commentators cited when, on December 7, 1940, Foreign Minister Matsuoka Yōsuke selected Honda as the Japanese ambassador to Wang Jingwei‘s reorganized National Government (RNG). This appointment followed the formal recognition of Nanking by Tokyo, finalized on November 30 by Abe Nobuyuki. It left Zhou Fohai puzzled, who wondered in his personal diary what Honda was doing there, considering he had left the Foreign Ministry over ten years prior and had no connection with the Peace Movement. The English-language press in Shanghai saw in the appointment of this “ardent admirer of the totalitarian system” who had the “privilege and honor of serving as Ambassador to Berlin and Ambassador to Rome [sic]” (The China Weekly Review, 12/14/1940), a way for Tokyo to facilitate the hoped-for recognition of the Nanking regime by Germany and Italy, a hope that was dashed at first. Honda presented his credentials to Wang Jingwei on December 28. While the forms of a relationship between sovereign states were thus observed, Honda had received clear instructions: diplomatic considerations were to be subordinated to military objectives. In other words, it was up to the occupying army to convey Tokyo’s directives to the Nanking authorities. This role did not prevent Honda from gaining the trust of the Chinese leaders. Zhou Fohai thus described Honda as “extremely sincere” after the latter affirmed, on May 1, 1941, that he was unaware of any resumption of secret discussions between Chongqing and Tokyo, assuring Zhou that Japan had no intention of scheming behind Nanking’s back. However, in a telegram sent a week earlier to Matsuoka, Honda reported contact in Shanghai between a certain Yamazaki and representatives of Chongqing to “gauge the atmosphere of the opposing side“. Nevertheless, Honda publicly provided guarantees of his good faith by declaring, in an interview with the Japanese press on May 9, that direct negotiations with Chongqing would be contrary to both the letter and the spirit of the treaties of November 30, 1940, adding that it was far too late for peace talks with Jiang Jieshi.
In Japan, where Honda arrived on May 11, 1941, his statements were interpreted by Ambassador Grew as lending credibility to the rumor of an “increasing divergence of opinion between the Foreign Ministry and the Japanese ambassador to Nanking” (telegram to the Secretary of State, May 19, 1941). These statements subjected Honda to some criticism in the Japanese press, but also the support from major newspapers like the Yomiuri Shimbun. To quell the rumor, the government spokesperson declared on May 13 that the Konoe Cabinet endorsed Honda’s remarks and intended to continue supporting the Wang Jingwei regime. Regarding the relationship between Matsuoka and Honda, the spokesperson noted that the former pays respect to the latter, who is his senior. The issue of secret negotiations with Chongqing was directly related to the “strengthening” (kyōka 強化) of the Nanjing government. While this slogan referred in part to the establishment of a new administration aimed at overseeing the operations of “rural pacification” (qingxiang gongzuo 清鄉工作), it was interpreted differently by both parties. For the Wang Jingwei group, it involved bolstering the legitimacy of the RNG by obtaining greater autonomy from Japan and the guarantee of enduring support. For the Japanese authorities, this policy was primarily aimed at rationalizing an administrative structure made cumbersome by the need to respect the “orthodox” pre-war organizational chart and to offer sinecures to the various factions. Honda traveled to Japan with the express purpose of advocating for the Chinese side’s demands. On May 13, the Wang Jingwei group conveyed a list of demands that aimed to enhance their political and economic grip on the occupied territories of China. The highlight of this strategic push orchestrated by Honda, assisted by Aoki Kazuo, was the state visit to Japan by Wang Jingwei and his principal ministers, which took place from June 17 to June 28, 1941.
The hopes vested in Honda by the Wang group were somewhat dashed by the announcement of his resignation. Informed of Honda’s intentions as early as July 6 while still in Tokyo, Zhou Fohai promptly wrote to Honda in an attempt to dissuade him. Nevertheless, Honda tendered his resignation on July 19, stating that he was leaving with a sense of duty fulfilled. However, it appears that his resignation was partly a gesture of respect for Matsuoka Yōsuke, who was compelled to cede his portfolio to Admiral Toyoda Teijirō (1885-1961). Indeed, Toyoda had little trouble convincing Honda to remain in his post by assuring him that the reshuffle did not compromise Japan’s commitments to the Wang Jingwei government, especially since he selected Amau Eiji (1887-1968)—a disciple of Honda and close to Shigemitsu Mamoru—as the Deputy Minister of Foreign Affairs. After an absence of over three months, Honda returned to Nanking on August 22, 1941. In the meantime, Germany had finally agreed to recognize the RNG on July 1, followed by eight other Axis countries (Italy, Romania, Slovakia, Croatia, Hungary, Bulgaria, Spain, and Denmark). During his first press conference upon his return, Honda cautioned Nanking about the new responsibilities entailed by this diplomatic recognition, which, he continued, could lead to pressure from the recognizing countries through their representatives. Honda subtly expressed Japan’s concern that its “privileged” relationship with Nanking could be hampered by the interference of its European allies, Germany in particular. Furthermore, he welcomed the administrative downsizing initiated by the Wang Jingwei regime as part of the “Project for the Reform of the Administrative Apparatus and the Readjustment of its Personnel” (gaige xingzheng jigou ji tiaozheng renxuan an 改革行政機構及調整人選案) adopted on August 16, which resulted in the abolition or merger of several ministries.
The final months of Honda’s tenure as ambassador were marked by escalating tensions between Japan and the United States. In his discussions with the leaders of the RNG, Honda sought to provide reassurances about the international situation. On August 27, 1941, he informed Zhou Fohai that Churchill had left the Atlantic Conference (August 9-12, 1941) with Roosevelt feeling disappointed, having failed to persuade the United States to enter the war. Honda suggested that not only did the United States have no intention of joining the global conflict but also that their material aid to Great Britain fell far short of Churchill’s expectations. The attempts by Prime Minister Konoe Fumimaro to engage Washington in negotiations with Chongqing led to a minor diplomatic incident. On October 10, 1941, Honda was infuriated to learn from Kagesa Sadaaki about these back-channel discussions. He lodged a complaint with his supervising minister, Toyoda Teijirō, who, in turn, reproached Konoe for having been kept in the dark. Konoe was particularly embarrassed since he had blamed Wang Jingwei for this indiscretion, accusing him of leaking their private discussions on the matter—a clear indication of the limited significance of diplomatic channels in the context of the occupation. During his twelve months as ambassador in Nanjing, Honda also engaged in cultural diplomacy by arranging for the transfer of nearly a million artifacts and books in the possession of the occupying forces to the Chinese authorities. This was part of the activities of the Committee for the Preservation of Cultural Heritage (wenwu baoguan weiyuanhui 文物保管委員會), established within the Executive Yuan and chaired by the Minister of Foreign Affairs, Xu Liang.
On December 20, 1941, Honda resigned from his post as ambassador to Nanking, citing health problems. He was temporarily replaced by Hidaka Shinrokurō until the arrival of Shigemitsu Mamoru in January 1942. Returning to Japan, Honda quickly published a work in March 1942 titled Shina jihen kara Tōa sensō e 支那事変から大東亜戦争へ (From the China Incident to the Greater East Asia War, Chikura Shobō). In May 1944, Honda was recruited as an advisor by Shigemitsu, who had in the meantime become the Minister for Foreign Affairs, alongside two other prominent diplomats: Arita Hachirō (1884-1965) and Yamakawa Tadao (1873-1962). He also advised the Imperial Rule Assistance Association. Following the Allied victory, Honda’s role during the war, both as a diplomat and as a proponent of Japanese expansionism, led to his placement on a list of “Major Japanese War Criminals.” in which he was described as “Extremely active behind the scenes. Close relations with the fighting services, imperialist opinions. Pro-Axis.” (George Atcheson, Jr. to the Secretary of State, 11/16/1945). Arrested as a Class A suspect (crimes against peace) before being reclassified as Category B (war crimes) due to not being tried by the International Military Tribunal for the Far East, Honda was eventually released on January 14, 1948, apparently due to his health condition. He passed away at home on December 18, 1948, from angina. The day before his death, his name appeared among 19 Japanese leaders who had not yet been tried, still detained at Sugamo prison or placed under house arrest. While there was talk of bringing them to trial, the occupying authorities decided to release them on December 24, judging that “The period in office of the suspects investigated by the Legal Section were of such limited duration as to render it unlikely that ‘B’ and ‘C’ charges would be supported on the basis of the responsibility of their official position” (William J. Sebald to the Secretary of State, 12/24/1948). Honda was posthumously rehabilitated in March 1952. A portion of the extensive corpus of sources produced by Honda has been published under the title Honda Kumatarō kankei monjo 本多熊太郎関係文書 (Documents Related to Honda Kumatarō, Kokusho Kankōkai, 2018).