[parfois écrit 矢崎堪什]
Diplômé de l’École d’officiers de l’armée de terre (rikugun shikan gakkō 陸軍士官学校) en 1914 et de l’École supérieure de guerre (rikugun daigakkō 陸軍大学校) en 1924, Yazaki Kanjū sert notamment dans l’Armée du Guandong (kantō-gun 関東軍) au moment de l’invasion de la Mandchourie fin 1931. Pendant la guerre sino-japonaise, il entretient d’excellentes relations avec l’entourage cantonais de Wang Jingwei. Cherchant à prendre le contrôle du Guangdong aux dépens des collaborateurs locaux comme Peng Dongyuan, Chen Bijun obtient le départ de leur principal soutien, le colonel Nakano Hidemitsu 中野英光 (1890-1982). Yazaki remplace ce dernier à la tête de l’Agence des services spéciaux (tokumu kikan 特務機関) de Canton en mars 1940. Il est promu général de brigade (shōshō 少将) en juin.
Début 1942, il est nommé à la tête du département des affaires générales et des affaires civiles du Gouvernorat militaire japonais de Hong Kong. Disciple d’Ishiwara Kanji, il rédige en février un mémorandum prônant une politique de conciliation afin de gagner le soutien de la population locale. Dans les faits, les personnalités chinoises restées coincées dans la colonie britannique sont contraintes de rallier le gouvernement de Nankin. Yazaki est régulièrement en contact avec Chen Bijun et sait se faire apprécier de l’épouse de Wang Jingwei. En septembre 1942, elle écrit à Wang pour qu’il tente d’empêcher la mutation de Yazaki à Tokyo, soulignant qu’il s’est efforcé d’aider la Chine.
Élevé au grade de général de division (chūshō 中将) en juin 1944, Yazaki est nommé, le 30 août, conseiller militaire suprême (saikō gunji komon 最高軍事顧問) auprès du Gouvernement national réorganisé de Nankin ; poste qu’il conserve jusqu’au 23 avril 1945. À défaut d’un retour espéré de Kagesa Sadaaki, Yazaki apparaît alors comme la meilleure option possible aux yeux de Zhou Fohai en raison, écrit-il dans son journal personnel, de son « grand respect pour la Chine » et de sa proximité avec Wang Jingwei et son épouse. Au printemps 1945, Yazaki est détaché à l’Inspectorat de la formation militaire (kyōiku sōkanbu 教育総監部), alors dirigé par Doihara Kenji. Après-guerre, il dirige l’Association d’industrie et de commerce est-asiatique (tōa kōshō kyōkai 東亜工商協会), qui trouve son origine dans le Club de Chine du Sud (Kanan kurabu 華南クラブ). Fondée en 1959, elle compte jusqu’à 300 membres, japonais et chinois, parmi lesquels des dirigeants nationalistes n’ayant pas collaboré, comme l’ancien maire de Canton Liu Jiwen 劉紀文 (1890-1957), mais aussi d’anciens collaborateurs qui partagent l’anticommunisme des premiers. L’une de ses principales activités consiste à venir en aide à ces anciens collaborateurs, notamment en les accompagnant dans leurs démarches pour prolonger leur titre de séjour. L’Association d’industrie et de commerce est-asiatique trouve ainsi son prolongement dans l’Association de bon voisinage (zenrin yūgi-kai 善隣友誼会) fondée en juin 1959 à l’initiative de Shimizu Tōzō, dont Yazaki devient l’un des principaux cadres.
Sources : NRSJ, p. 160, 331 ; Yick 2014, p. 71 ; Snow 2003, p. 91 sqq. ; AH 118-010100-0024-050 ; ZR, p. 919 ; Seki 2019, p. 468, 470.