Shao Shijun

邵式軍

19091964

Lieu d'origine

Shanghai 上海

Province d'origine

Né à Shanghai dans une famille de hauts fonctionnaires originaire de Yuyao 餘姚 (Zhejiang) – son grand-père avait été intendant du circuit de Shanghai –, Shao Shijun est le frère cadet de Shao Xunmei 邵洵美 (1906-1968), le « Verlaine chinois ». Il sort sans diplôme de l’Université Fudan 復旦大學 où il rencontre sa femme, Jiang Dongrong 蔣冬榮 (1909-1952). Celle-ci est la fille de Jiang Zungui 蔣尊簋 (1882-1931), ancien chef d’état-major de Sun Yat-sen, mort en prison pour avoir refusé de travailler sous les ordres de Jiang Jieshi.

Au début de la guerre, Shao Shijun remplace l’oncle maternel de son épouse à la tête du bureau des Taxes de Shanghai. En février 1939, il devient chef du bureau général des Taxes des provinces du Jiangsu, Zhejiang et Anhui (Su-Zhe-Wan shuiwushu 蘇浙皖稅務署) au sein du Gouvernement réformé (weixin zhengfu 維新政府) de Nankin. Cette position stratégique lui vaut le surnom de « Dieu des finances » (caishenye 財神爺) de Shanghai, mais aussi d’être victime de plusieurs tentatives d’assassinat. Shao bénéficie de puissants soutiens dans l’armée japonaise, qui lui assurent une place de choix dans la nouvelle administration, après la formation du gouvernement de Wang Jingwei en mars 1940. Il obtient ainsi la direction du convoité bureau des Impôts (shuiwushu 稅務署) du ministère des Finances (caizhengbu 財政部) ; poste qu’il occupe sans interruption jusqu’à la fin de la guerre. À partir de décembre 1940, il travaille également comme contrôleur (hangjianshi 行監事) à la Banque centrale de réserve (zhongyang choubei yinhang 中央籌備銀行), toujours sous les ordres du ministre des Finances Zhou Fohai, dont il devient proche.

Derrière cette image de “hanjian” (traître) en puissance, qui plus est opiomane, se cache toutefois l’un des principaux soutiens financiers de la guérilla communiste. Ce choix, original parmi les collaborateurs, d’aider les Communistes plutôt que Chongqing s’explique en partie par l’influence de son épouse qui abhorre Jiang Jieshi, responsable à ses yeux de la mort de son père. Le neveu de cette dernière, Feng Shaobai 馮少白 (alias Feng Long 馮龍), est un officier de la Nouvelle 4e armée (xinsijun 新四軍), en poste dans le Nord-Jiangsu. En décembre 1941, Chen Yi 陳毅 (1901-1972) et Liu Shaoqi 劉少奇 (1898-1969) l’envoient en mission à Nankin afin qu’il mette à profit ses relations pour récolter des fonds. Feng est porteur d’une lettre de Chen Yi destinée à Shao Shijun, dans laquelle Chen le remercie pour les 30 000 yuans fabi 法幣 qu’il a déjà offerts au PCC. Feng demande à son oncle par alliance de l’aider à mettre en place une coopération secrète entre la Nouvelle 4e armée et les troupes de Nankin stationnées dans le Nord-Jiangsu. Shao communique avec Feng par l’intermédiaire de Jiang Dawei 蔣大煒, frère adoptif de ce dernier et chef adjoint du bureau des Impôts. Il se dit dépourvu de contacts dans l’armée mais lui remet 10 000 yuans supplémentaires. Il parvient également à débloquer une partie de la cargaison médicale envoyée par Song Qingling depuis Hong Kong, qui avait été mise sous séquestre par les Japonais.

La deuxième mission de Feng auprès de Shao intervient en 1943 et vise à sonder l’attitude de Zhou Fohai et de Chen Gongbo vis-à-vis du PCC, dont ils sont tous deux membres fondateurs. À la date du 2 mars, Zhou note dans son journal personnel que Xiaoyue 筱月 (Shao Shijun) est venu lui dire que Yan’an n’était pas satisfait de sa relation avec Chongqing et cherchait à s’entendre avec le régime de Wang Jingwei. Shao ajoute que l’espion Pan Hannian 潘漢年 (1906-1977) a déjà été chargé de contacter Li Shiqun à ce sujet, mais que ce dernier n’étant pas assez haut placé, il a été décidé de dépêcher Feng Shaobai. Le 8 mars, Shao revient chez Zhou accompagné de Feng. La discussion porte sur la situation internationale : les Anglo-saxons finiront par se retourner contre l’URSS, qui doit donc préparer une alliance avec le Japon. Feng affirme qu’il est à Shanghai sur ordre de Mao Zedong et que seuls trois à quatre dirigeants communistes sont au courant de sa mission. Il rencontre également Chen Gongbo. Jin Xiongbai, qui ne porte pas Shao Shijun dans son cœur, rapporte qu’à l’été 1945, ce dernier est soupçonné par Zhou Fohai d’être impliqué, au moins indirectement, dans un plan visant à l’assassiner.

Au lendemain de la reddition japonaise, Shao et Feng tentent d’aider la Nouvelle 4e armée à prendre pied dans la région du bas-Yangzi, mais échouent en raison des liens étroits tissés par Chongqing avec les dirigeants de Nankin. Le rôle de Shao finit par être découvert par le GMD qui lance un mandat d’arrêt contre lui. Il s’enfuit alors pour le Nord-Jiangsu, emportant avec lui de l’or et des armes pour le PCC. En 1948, Shao prend le nom de Shao Chaojun 邵超軍 et devient fonctionnaire dans le gouvernement municipal de Jinan 濟南 (Shandong), désormais aux mains des Communistes. Feng Shaobai, qui dirige le bureau des Affaires civiles de la mairie de Hangzhou sous le nom de Feng Mengdong 馮萌東, est emprisonné au moment de la Campagne des trois-anti, en 1951. Pendant la Révolution culturelle, Lin Biao 林彪 (1907-1971) et Jiang Qing 江青 (1914-1991) ressortent le journal personnel de Zhou Fohai pour accuser Liu Shaoqi d’avoir collaboré avec les « traîtres » en envoyant Feng Shaobai auprès de Shao Shijun. Arrêté en 1967, Liu meurt en détention deux ans plus tard. Les passages en question du journal sont censurés par l’historien Cai Dejin dans l’édition de 1986, avant d’être rétablis dans l’édition complète de 2003.

Sources : Xu Youchun 2007, p. 786 ; MZN, p. 1078-1079 ; Ma Chenglie 1995 ; Shao Li 1996 ; Rottmann 2004, p. 106-107 ; MZN, p. 1027, 1078-1081 ; Feng Zhengwu 2001 ; ZR, p. 713, 716 ; WKS, p. 304-307 ; Hu Baoqi 1987.

Pour citer cette biographie : David Serfass, "Shao Shijun  邵式軍 (1909-1964)", Dictionnaire biographique de la Chine occupée, URL : https://bdoc.enpchina.eu/bios/shao-shijun/, dernière mise à jour le 4 octobre 2023. 

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