Né à Jianshi (Hubei), He Peirong sort diplômé de l’École d’officiers de l’armée de terre (rikugun shikan gakkō 陸軍士官学校) de Tokyo en 1906. De retour en Chine, il enseigne à l’Académie militaire de Baoding (Baoding lujun junguan xuexiao 保定陸軍軍官學校) et devient commandant de régiment dans l’Armée Beiyang. En 1915, il suit le seigneur de la guerre Wang Zhanyuan 王占元 (1861-1934), qui le nomme gouverneur du Hubei en 1919. À la chute de Wang, en 1921, He se réfugie dans les concessions japonaises de Tianjin puis de Wuhan.
Au début de la guerre sino-japonaise, He Peirong dirige le Conseil de Wuhan (Wuhan canyifu 武漢參議府) et son Comité des affaires politiques (Wuhan zhengwu weiyuanhui 武漢政務委員會). Après la prise de la capitale du Hubei en octobre 1938, il accepte de collaborer avec les Japonais, qui le placent à la tête du Comité de maintien de l’ordre (zhi’an weichihui 治安維持會) local. En 1939, l’armée d’occupation le charge d’organiser un gouvernement régional basé à Wuhan, qui devient finalement le gouvernement provincial du Hubei, dont il prend la tête en novembre. Il forme avec Shi Xingchuan, qui partage un parcours identique au sien, un binôme au service des ambitions régionalistes des services spéciaux de Hankou, dirigés par Shibayama Kenshirō.
Au moment de la formation du gouvernement de Nankin le 30 mars 1940, He est nommé membre du Comité politique central (zhongyang zhengzhi weiyuanhui 中央政治委員會), mais rentre précipitamment ce même jour à Wuhan, après avoir refusé de siéger, si l’on en croit le consul de France à Hankou, Fernand Roy. Dans un témoignage d’après-guerre, Chen Chupu rapporte que, poussés par leurs patrons japonais, He Peirong et Shi Xingchuan exigent de pouvoir participer au Comité politique central et se rendent dans la capitale sans attendre l’autorisation du nouveau gouvernement, qui est contraint d’ajouter, au dernier moment, des sièges de simples auditeurs (liexi 列席).
Afin de consolider son assise politique locale, He Peirong fonde en mai 1940 le Parti républicain (gonghedang 共和黨), qui n’est en rien apparenté au parti homonyme créé en mai 1912 par Li Yuanhong 黎元洪 (1864-1912), bien qu’il en revendique l’héritage. Soucieux de ne pas laisser se développer une force dissidente au Hubei, Zhou Fohai exige que le Parti républicain prête allégeance aux Trois principes du peuple (sanmin zhuyi 三民主義) et qu’il soumette le brouillon de son manifeste au gouvernement central pour examen préalable, comme l’ont fait les ersatz pro-japonais du Parti de la jeunesse (Zhongguo qingnian dang 中國青年黨) et du Parti national-socialiste (guojia shehui dang 國家社會黨). Contrairement à ces derniers et malgré son nom, le Parti républicain s’apparente toutefois davantage à une organisation de masse, encore embryonnaire, comme les Japonais en avaient créées à Pékin (Xinminhui 新民會) et en Chine centrale (Daminhui 大民會). C’est sans doute la raison pour laquelle le GMD “orthodoxe” de Nankin exige et obtient sa dissolution en décembre 1940, intégrant dans ses rangs les 40 000 membres revendiqués par le Parti républicain.
Tout en se déclarant loyaux au gouvernement de Wang Jingwei, He Peirong et sa tutelle japonaise ne renoncent pas à conserver une grande autonomie face à la politique centralisatrice de Nankin. Cette ambition s’exprime notamment au Jiangxi, dont neuf des onze districts occupés sont placés sous le contrôle des autorités de Wuhan, qui en tirent une partie non négligeable de leurs ressources fiscales. Désireux de s’émanciper de cette administration gourmande en impôts, les notables du Jiangxi, réunis au sein du Comité pour l’accélération de la formation du gouvernement provincial du Jiangxi (Jiangxi shengzheng cucheng weiyuanhui 江西省政促成委員會), pétitionnent auprès des autorités centrales de Nankin. Ils accusent He Peirong d'”accaparer l’administration du Jiangxi pour la placer sous sa direction personnelle“. He n’est plus là quand un gouvernement provincial du Jiangxi est finalement inauguré le 19 juin 1943. Les circonstances de sa mort, le 6 juin 1942, ne sont pas claires. Selon les sources, He est, au choix, empoisonné par les Japonais, par sa femme, ou meure plus simplement de maladie. He est un opiomane invétéré, tout comme son successeur au poste de gouverneur du Hubei, Yang Kuiyi.
Sources : HSRZ, p. 97 sq. ; MRDC, p. 388 ; ADF 503, 9 avril 1940 ; Chen Chunpu 2010, p. 94 ; AH 118-010100-0035-051 ; Horii 2011, p. 102 ; WZQS, p. 1504 ; Chen Ronghua 2005, p. 193 ; Cheng Hua 1986a, p. 28-29.
Born in Jianshi, Hubei, He Peirong graduated in 1906 from the Imperial Japanese Army Academy (Rikugun shikan gakkō 陸軍士官学校) in Tokyo. After returning to China, he worked as an instructor at the Baoding Military Academy (Baoding lujun junguan xuexiao 保定陸軍官學校) and commanded a regiment in the Beiyang Army. In 1915, he followed the warlord Wang Zhanyuan 王占元 (1861-1934), who appointed him governor of Hubei in 1919. When Wang fell in 1921, He took refuge in the Japanese concessions of Tianjin and then Wuhan.
At the beginning of the Sino-Japanese War, He Peirong headed the House of Councillors of Wuhan (Wuhan canyifu 武漢參議府) and the Political Affairs Committee (Wuhan zhengwu weiyuanhui 武漢政務委員會). After the capture of the Hubei capital in October 1938, he accepted to collaborate with the Japanese, who appointed him head of the local Peace Maintenance Committee (Zhi’an weichihui 治安維持會). In 1939, the occupation army instructed him to organize a regional regime based in Wuhan. It eventually became the Hubei provincial government, of which he became the head in November. Along with Shi Xingchuan, whith whom he shared an identical background, He served the regionalist ambitions of the Hankou special services, headed by Shibayama Kenshirō.
At the time of the formation of the RNG on March 30, 1940, He was appointed to the Central Political Council (zhongyang zhengzhi weiyuanhui 中央政治委員會), but hurriedly returned to Wuhan that same day after refusing to sit on it, according to the French consul in Hankou, Fernand Roy. In a post-war testimony, Chen Chupu reports that He Peirong and Shi Xingchuan were urged by their Japanese sponsors to demand to be allowed to participate in the Central Political Council. They went to the capital without waiting for the permission of the new government, which was forced to add auditors seats (liexi 列席) for them at the last moment.
In order to consolidate his local political base, He Peirong founded the Republican Party (gonghedang 共和黨) in May 1940. It was in no way related to the party of the same name established in May 1912 by Li Yuanhong 黎元洪 (1864-1912), although it claimed its heritage. Fearing that a dissident force might emerge in Hubei, Zhou Fohai demanded that the Republican Party pledge allegiance to the People’s Three Principles and submit the draft of its manifesto to the central government for prior review, as did the pro-Japanese ersatz of the Youth Party (Zhongguo qingnian dang 中國青年黨) and the National Socialist Party (guojia shehui dang 國家社會黨). Unlike the latter and despite its name, the Republican Party was, however, more akin to a mass organization, albeit a small one, similar to the ones the Japanese had set up in North China (Xinminhui 新民會) and in central China (Daminhui 大民會). This is probably the reason why the Nanjing GMD demanded and obtained its dissolution in December 1940, absorbing into its ranks the 40,000 members claimed by the Republican Party.
While declaring themselves loyal to the government of Wang Jingwei, He Peirong and his Japanese tutelage did not give up their desire to retain a large autonomy in the face of Nanjing’s centralization policy. This ambition was particularly manifest in Jiangxi, where nine of the eleven occupied districts were placed under the control of the Wuhan authorities, who drew a significant part of their fiscal resources from them. Eager to emancipate themselves from this greedy administration, the Jiangxi gentry organized into the Committee for Accelerating the Formation of the Jiangxi Provincial Government (Jiangxi shengzheng cucheng weiyuanhui 江西省政促成委員會) and petitioned the central authorities in Nanjing. They accused He Peirong of “monopolizing the administration of Jiangxi to put it under his personal leadership.” He was no longer alive when a Jiangxi provincial government was eventually inaugurated on June 19, 1943. The circumstances of his death, on June 6, 1942, are not clear. According to the sources, He was either poisoned by the Japanese, by his wife, or simply died of illness. He was an inveterate opium addict, as was his successor as Hubei governor, Yang Kuiyi.