Zhao Qi

趙琪

18821957

Lieu d'origine

Yexian 掖縣

Province d'origine

Shandong 山東

[parfois écrit à tort Zhao Qi 趙祺]

Originaire de Yexian 掖縣, dans l’actuelle agglomération de Laizhou 萊州 (ou de Yixian 嶧縣, au sud-est de la province, selon certaines sources erronées), Zhao Qi est issu d’une vieille famille de la région qui compte parmi ses ancêtres Zhao Shizhe 趙士哲 (1593-1655), célèbre lettré de la fin des Ming. Sa formation fait toutefois de lui un pur produit de la présence allemande dans la péninsule entre 1898 et 1914. Les sources se contredisent quant à l’institution dans laquelle il apprend la langue de Goethe. Plutôt que la Deutsch-Chinesische Hochschule (De-Hua daxue 德華大學) qui ne voit le jour qu’en 1909, il est plus probable qu’il ait suivi des cours à l’École supérieure germano-chinoise (De-Hua shuyuan 德華書院) fondée en 1898 pour doter le territoire à bail d’une élite indigène germanophone. Si Zhao intègre la police locale comme interprète une fois diplômé, ses compétences linguistiques se retournent en quelque sorte contre l’Allemagne par la suite. Au lendemain de la chute des Qing, il mène en effet une action en justice de longue haleine contre la Banque germano-chinoise (De-Hua yinhang 德華銀行) de Jinan. En août 1912, celle-ci refuse de restituer les sommes déposées par plusieurs dizaines de clients chinois, parmi lesquels Zhao, au prétexte qu’un certain Jin Xiangsun 金薌蓀, comprador ayant joué un rôle dans ces dépôts, a pris la fuite. Confiant dans l’État de droit allemand, Zhao porte l’affaire jusqu’à la Cour de justice de Berlin, où il obtient réparation (avec intérêts) au bout de trois ans de procédure. Les nombreuses pièces du dossier, dont un certain nombre traduites depuis l’allemand par ses soins, sont publiées sous forme d’ouvrage en 1917 sous le titre Hua-Yang zhaiwu susong cankaoshu 華洋債務訴訟參考書 (Documents relatifs au litige pour le recouvrement de dettes entre la Chine et l’Occident). Durant son séjour en Allemagne, il suit des cours en auditeur libre. De retour en Chine en 1914, Zhao travaille pour le Bureau des travaux de la ligne de chemins de fer Tianjin-Pukou (Jin-Pu tielu gongchengju 津浦鐵路工程局), avant d’occuper des charges publiques comme celle d’inspecteur général du Bureau de la police de Wusong-Shanghai (Song-Hu jingchating duchazhang 淞滬警察廳督察長) que vient de créer le Gouvernement Beiyang à Wusong. En 1916, il sert comme conseiller diplomatique de haut-rang (gaodeng waijiao guwen 高等外交顧問), à ce même échelon local. L’année suivante, Zhao Qi est nommé directeur général de l’Entreprise de construction du Port commercial de Longkou (Longkou shangbu xingzhu gongsi zongli 龍口商埠興築公司總理), avant d’être promu administrateur du port (Longkou shangbu zongban 龍口商埠總辦) en février 1921. En avril 1922, il intègre l’administration provinciale du Shandong comme conseiller (canyi 參議).

La carrière de Zhao Qi connaît une accélération spectaculaire en juillet 1925, lorsqu’il accède au poste particulièrement convoité d’administrateur général du port commercial de Jiao’ao (Jiao’ao shangbu 膠澳商埠), devenant ainsi la principale autorité civile de Qingdao, sous le nom de “gouverneur” ou de “maire” dans les sources anglophones. Il doit cette nomination à l’appui du seigneur de la guerre Zhang Zongchang 張宗昌 (1881-1932), dit “le général viande de chien” (gourou jiangjun 狗肉將軍), puissant allié de Zhang Zuolin dans la région et “pays” de Zhao. Ce dernier arrive littéralement dans les fourgons du nouvel homme fort du Shandong, qui fait une entrée remarquée à Qingdao dans son train blindé. Outre sa garde rapprochée d’un millier d’hommes, Zhang Zongchang est accompagné de 700 “clients” qui trouvent à se placer dans la nouvelle administration sous les ordres de Zhao. Depuis la Conférence de Washington à l’issue de laquelle le Japon a restitué à la Chine l’ancienne concession allemande le 4 février 1922, quatre hommes se sont déjà succédé à ce poste, au gré des revers de fortune des seigneurs de la guerre les patronnant. La prise de fonction de Zhao est donc suivie avec attention par la communauté étrangère, qui s’interroge sur la capacité de la Chine à administrer efficacement l’une de ses principales portes d’entrée au Nord de Shanghai. Jusque-là du ressort des autorités centrales de Pékin, la gestion de Qingdao passe alors dans le giron du gouvernement provincial du Shandong. Le nouveau maire est décrit en termes favorables : “Mayor Chao presents pleasing appearance, is very approachable, speaks German fluently, grasps things quickly and speaks directly to the point. If given fair chance, Chao Chi will undoubtedly prove himself capable of rendering efficient service” (The China Weekly Review, 01/11/1925). Cette bonne impression est renforcée par le choix des nouvelles autorités de créer un Conseil des finances dont quatre des neufs membres sont étrangers. Par la suite, Zhao Qi est félicité pour la transparence de son administration qui est l’une des seules en Chine à publier un bilan mensuel de ses revenus et dépenses. Le gouvernement de Zhao Qi est d’autant plus apprécié des milieux d’affaires, qu’il réprime sans ménagement toute revendication sociale. C’est notamment le cas du Club des travailleurs du Bureau des cours d’eau du port commercial de Jiao’ao (Jiao’ao shangbu gongren julebu 膠澳商埠水道局工人俱樂部), un syndicat d’obédience communiste fondé le 25 juin 1926 à Qingdao et presque aussitôt interdit. Parmi les signes indiquant un certain retour à la normale en dépit des troubles persistant dans la région, Zhao dirige en 1928 la compilation de la monographie locale de Jiao’ao (Jiao’ao zhi 膠澳志). Cette stabilité ne tarde pas toutefois à voler en éclats.

Au printemps 1928, la seconde phase de l’Expédition du Nord (beifa 北伐) atteint le Shandong, conduisant à la défaite de Zhang Zongchang. L’avancée de l’Armée nationale révolutionnaire provoque de vives tensions avec les troupes du général Fukuda Hikosuke 福田彦助 (1875-1959) déployées dans la province au nom de la protection des ressortissants japonais, dont 2000 résident dans la capitale Jinan et environ 15 000 à Qingdao. Un incident entre des soldats chinois et japonais à Jinan le 3 mai entraîne le massacre de plusieurs milliers de soldats et civils chinois par les troupes de Fukuda. Dans les mois qui suivent, ce dernier tente de soustraire à la souveraineté chinoise la voie de chemins de fer reliant Jinan à Qingdao, faisant craindre aux observateurs l’imposition d’une garnison japonaise sur le modèle de l’Armée du Guandong (Kantō-gun 関東軍) en Mandchourie. Si les troupes nordistes évacuent Qingdao, les autorités civiles sont, elles, confortées par le consul-général japonais Fujita Eisuke 藤田栄介 (1881-1940), qui, le 13 juin, demande à Zhao Qi de rester en place pour gérer les affaires courantes. Alors que la presse chinoise affirme qu’il s’apprête à quitter la ville, Zhao rassure ses administrés. L’Incident de Jinan sert de prétexte pour remettre sur la table la question du Shandong. La propagande nippone souligne l’incurie de Zhang Zongchang pour affirmer que le gouvernement chinois n’a pas tenu les promesses de la Conférence de Washington, espérant ainsi rallier les milieux d’affaires occidentaux de Qingdao afin d’imposer la mise en place d’un conseil municipal dominé par des délégués étrangers. Ce plan ne séduit guère les puissances occidentales en raison tout d’abord du rapport démographique très largement favorable au Japon – vingt ressortissants japonais pour un Occidental – qui laisse augurer un conseil dominé par le Japon. Cette propagande est ensuite contredite par les qualités reconnues de Zhao Qi présenté comme « le meilleur gouverneur qu’ait jamais connu le district de Qingdao » (The North China Herald, 14/07/1928).

Ces louanges d’une presse anglophone qu’inquiète à la fois les ambitions territoriales nippones et la montée du nationalisme chinois traduisent bien la position inconfortable dans laquelle se trouve Zhao Qi à l’été 1928. S’il apparaît comme un rempart chinois aux visées impérialistes des autorités militaires japonaises au Shandong, Zhao est aussi célébré pour son attitude défiante à l’égard du GMD, symbolisée par le maintien du drapeau aux cinq couleurs du Gouvernement Beiyang, alors même qu’il a perdu ses deux principaux soutiens : le « vieux maréchal » a été assassiné le 4 juin et Zhang Zongchang est repoussé vers la Mandchourie par l’armée de Bai Chongxi. En fait de loyalisme aux Nordistes, Zhao Qi fait surtout preuve d’un pragmatisme prudent. L’interdiction du “drapeau au soleil blanc sur ciel bleu et terre rouge” répond en effet à une demande du consul-général japonais à qui Zhao Qi assure qu’elle sera respectée tant que les troupes nippones seront stationnées à Qingdao. Il n’en reste pas moins qu’il ne s’oppose pas aux privilèges que s’octroient le Japon, dont les résidents à Qingdao refusent de payer leurs taxes, tandis que les navires battant pavillon japonais ne sont pas contrôlés à l’entrée du port. Les autorités nationalistes, quant à elles, vilipendent le maire de Qingdao, accusé de vouloir sauver sa place en jouant le jeu des Japonais, eux-mêmes soupçonnés de financer le retour de Zhang Zongchang au Shandong. Les dirigeants de Qingdao semblent, quant à eux, favoriser une troisième voie, celle d’un gouvernement civil autonome débarrassé de l’ingérence des militaires et qui, sans être anti-étrangers, resterait majoritairement chinois. Son existence serait toutefois conditionnée par une protection étrangère mal perçue dans l’atmosphère anti-impérialiste qui domine alors.

Déjà mauvaises, les relations entre Zhao Qi et le gouvernement de Nankin s’enveniment un peu plus à la fin de l’année 1928 à propos de la question des Huagong 華工 (travailleurs chinois). Zhao s’est entendu avec la légation espagnole de Pékin pour autoriser l’envoi depuis Qingdao de 2000 travailleurs chinois vers la colonie espagnole de Fernando Poo (act. Guinée équatoriale), pourtant connue pour ses conditions de travail particulièrement pénibles. Le sort des coolies chinois est alors au cœur du discours anti-impérialiste que contribue à diffuser l’Expédition du Nord. En dépit des centaines de milliers de Chinois partis creuser les tranchées de la Grande Guerre, la Chine n’avait pas été payée en retour de sa contribution à l’effort des Alliés en voyant les possessions allemandes au Shandong être transférées au Japon en 1919. S’ils diminuent, les flux de Huagong vers l’étranger se poursuivent dans l’entre-deux-guerres, notamment depuis le Shandong. Certes, les autorités de Pékin cherchent à endiguer ce phénomène qui s’apparente à de l’esclavage moderne, mais il est favorisé par le règne de potentats locaux qui tirent profit de ce trafic. Dans ce contexte, Zhao Qi sent le besoin de justifier publiquement sa décision en affirmant qu’il agit “pour le bien à la fois de la nation et des travailleurs, et non pas pour lui-même“, expliquant que ces départs constituent un moyen de lutter contre la faim et le chômage aggravés par les catastrophes naturelles à répétition dans la péninsule. Le 27 décembre 1928, peu avant l’embarquement des travailleurs, le Comité des affaires des Chinois d’outre-mer (qiaowu weiyuanhui 僑務委員會) du gouvernement de Nankin met toutefois son veto à l’expédition. La position de Zhao Qi devient intenable après la signature, le 28 mars 1929, de l’Accord sino-japonais de Jinan (Zhong-Ri Jinan xieding 中日濟南協定) prévoyant le départ des troupes japonaises de Qingdao. Au même moment, Zhang Zongchang échoue dans sa tentative de reconquérir la péninsule. Le 14 avril, l’envoyé spécial du parti-État nationaliste Chen Zhongfu entre dans la ville portuaire pavoisée aux couleurs du GMD pour prendre le contrôle de l’administration locale. Ce même jour, Zhao et plusieurs de ses subordonnés embarquent sur un vapeur japonais à destination des enclaves japonaises de Tianjin et Dalian. De nombreux représentants de la communauté étrangère de Qingdao sont présents sur le quai pour saluer le départ de leur maire, signe que son administration était largement appréciée, du moins par les milieux d’affaires. La presse de Shanghai affirme cependant que, deux jours plus tôt, Zhao Qi a fait envoyer 1,59 million de yuans à Dalian.

La traversée du désert entamée alors par Zhao, et qui s’achève avec l’invasion japonaise de l’été 1937, n’a laissé presque aucune trace à l’exception d’une mention de son nom dans les événements qui secouent le Shandong au tournant de l’année 1932. Zhao Qi semble en effet avoir été impliqué dans un complot visant à reprendre le contrôle de l’ancien territoire à bail. Dans une séquence encadrée par l’invasion de la Mandchourie fin 1931, bientôt suivie par le coup de force nippon à Shanghai en janvier 1932, le Shenbao fait état, le 17 décembre 1931, d’événements mystérieux survenus à Qingdao les jours précédents. Un groupe d’officiers de marine menés par Ling Xiao se serait emparé de l’amiral Shen Honglie 沈鴻烈 (1882-1969), qui vient d’être nommé maire de Qingdao par le Gouvernement national. Approuvé par le Japon, le plan prévoirait de kidnapper les dirigeants de la ville avant que la Marine japonaise ne prenne le contrôle de la ville portuaire. Un “comité local de maintien de l’ordre fantoche [wei difang weichihui 僞地方維持會]” doit alors être établi avec Zhao Qi à sa tête. Selon le journal, ce dernier serait arrivé dix jours plus tôt dans le plus grand secret pour les derniers préparatifs. Rapidement libéré, Shen Honglie s’oppose à ce que les mutins soient exécutés. Ces événements annoncent, semble-t-il, l'”Incident de Laoshan” (Laoshan shijian 嶗山事件), en avril 1932, au cours duquel le groupe de Ling Xiao échoue de nouveau à renverser Shen Honglie. Pour sa part, Zhao Qi n’est pas inquiété et réside à Qingdao jusqu’en septembre 1937. Il s’associe notamment à deux anciens cadres de l’administration du Port commercial de Jiao’ao, Yao Zuobin 姚作賓 (1893-1951) et Yao Huasun 姚華孫 (1892-?), dans l’entreprise Zhongguoshi 中國石 fondée par ces dernier en 1933 pour exploiter une carrière de pierre à proximité de Qingdao. Dans les années qui précèdent la guerre, Zhao ne fait guère parler de lui, sinon dans des encarts publicitaires pour ses publications : une réédition de son ouvrage de 1917 par la prestigieuse maison d’édition Zhonghua shuju 中華書局 en 1933, ainsi qu’une série en douze volumes sur l’histoire de sa famille intitulée Donglai Zhaoshi yingshu congkan 東萊趙氏楹書叢刊 (Collection sur la famille Zhao de Laizhou-est). Selon l’usage, elle contient des dédicaces de personnalités importantes telles que Wu Yusheng 吳郁生 (1854-1940), qui comme son plus célèbre disciple, Kang Youwei, connaît Zhao pour s’être installé à Qingdao après la chute des Qing, ou encore de Wang Jingwei, adversaire politique mais habitué des cercles poétiques. Le succès de ces ouvrages ne doit pas être à la hauteur de ses attentes, puisque Zhao Qi fait don, en octobre 1935, de cent exemplaires invendus de chacun d’eux (soit une somme totale de seulement 200 yuans pour le premier!), pour venir en aide aux sinistrés de la crue du Yangzi survenue quatre mois plus tôt.

Le retour de Zhao Qi aux affaires se fait, une nouvelle fois, dans les fourgons des maîtres du moment. La prise de Qingdao par l’armée japonaise est relativement tardive puisqu’elle n’intervient qu’au milieu du mois de janvier 1938, soit plus de six mois après le déclenchement des hostilités. Le retour de Zhao à Qingdao est annoncé dans la presse le 15 janvier pour prendre la tête, selon le processus adopté dans toutes les localités de la zone occupée, d’un Comité de maintien de l’ordre (zhi’an weichihui 治安維持會). Celui-ci publie un communiqué deux jours plus tard dans lequel il justifie sa formation par la situation de désordre attribuée au maire Shen Honglie qui a détruit des infrastructures avant de se replier avec ses troupes dans le Sud du Shandong. Le comité compte dans ses rangs plusieurs proches de Zhao comme Yao Zuobin et Lu Mengxiong 陸夢熊 (1881- 1940), qui ont tous deux travaillé sous ses ordres dans l’administration du Port commercial de Jiao’ao, ainsi que Wu Zhenwen 吳振文 ou encore Han Pengjiu 韓鵬九 (1893-). Le nombre de fonctionnaires travaillant dans l’administration établie sous la direction de Zhao passe de 796 personnes à sa formation, à 1052 à la fin de l’année 1938. Comme durant son mandat une décennie plus tôt, Zhao rassure les Occidentaux présents en Chine : “The Peace Maintenance Committee under Mr Chao Chi is doing good work and it’s civic activities appear to be in the right direction and for the good of the public and these efforts do not seem to be subject to interference from the military.” (The North China Herald, 06/08/1938). En réalité, les autorités d’occupation ont plus que leur mot à dire. Le 10 janvier 1939, le Consulat-général japonais et les services spéciaux (tokumu kikan 特務機関) de l’Armée de terre et de la Marine remplacent le Comité de maintien de l’ordre par un gouvernement de la municipalité spéciale de Qingdao (Qingdao tebieshi gongshu 青島特別市公署) à la tête duquel Zhao Qi se maintient en qualité de maire. Cette ingérence est formalisée le 25 mars 1939 par un mémorandum prévoyant que les “conseillers” (komon 顧問) japonais devront être consultés avant toute décision du gouvernement municipal. Zhao est cornaqué par le contre-amiral Shibata Yaichirō 柴田弥一郎 (1889-1981), qui dirige l’agence locale du Comité de liaison du Kōa-in en Chine du Nord (Kahoku renrakubu shutchōjo 華北連絡部青島出張所).

Si la bonne gestion financière de l’administration municipale est portée au crédit de Zhao Qi, il en va autrement du maintien de l’ordre. Désarmée par l’occupant qui se méfie de ses supplétifs chinois, la police de Qingdao est critiquée par son peu d’entrain à combattre le crime et sa propension à tirer profit de la situation en extorquant la population. Le maire lui-même est victime de cette insécurité le 29 décembre 1940. Comme de nombreux collaborateurs visés par des agents de la résistance, Zhao est victime d’une tentative d’assassinat au cours de laquelle il est atteint par une balle à la jambe. Les festivités prévues pour le nouvel an solaire sont annulées et des mesures de sécurité drastiques sont adoptées. La loi martiale est promulguée et 700 suspects arrêtés. Si Qingdao accueille, en janvier 1940, le sommet entre Wang Jingwei, Wang Kemin et Liang Hongzhi, qui précède la formation du gouvernement “central” en mars, Zhao Qi semble demeurer largement à l’écart des tractations qui accompagnent ce tournant, sans doute protégé par sa popularité auprès des Japonais. Il conserve ainsi son poste de maire jusqu’à son remplacement, le 18 mars 1943, par Yao Zuobin, ne gardant dès lors que son siège au Conseil des affaires politiques de Chine du Nord (Huabei zhengwu weiyuanhui 華北政務委員會). Son sort dans les mois qui suivent la capitulation du Japon n’est pas très clair. Arrêté en 1946 par les autorités nationalistes, Zhao Qi est jugé par la Haute cour de justice du Hebei. Le 29 mai 1947, elle le condamne à la peine de mort, assortie d’une privation de ses droits civiques à vie et de la confiscation de tous ses biens. La sentence n’est pas appliquée, puisque Zhao est jugé à nouveau par les nouvelles autorités communistes en 1949. Faisant preuve d’une magnanimité rare (et surprenante, faute de sources) pour les dignitaires “traîtres”, ces dernières libèrent Zhao qui finit ses jours à Pékin où il s’éteint en 1957.

Sa fille Zhao Zhongyu 趙仲玉 (1919-2001) est une peintre reconnue. Elle doit sa vocation à son père qui, passionné d’art, embauche le peintre russe exilé Nicolai Pickulevitch (1883-1965) comme précepteur pour sa fille. Sous l’occupation, Zhao Zhongyu contribue à développer la scène artistique de Qingdao en organisant, avec Lü Pin 呂品 (1918-1990), le Salon de peinture de Qindao (Qindao huahui 琴島畫會), autre nom pour Qingdao, à partir de novembre 1938. Elle y expose notamment l’œuvre d’une jeune peintre, Hou Yingmin 侯英民, à la suite de laquelle elle s’engage dans la résistance. Hou Yingmin est en effet la fille de Hou Zhiting 侯芝庭(1886-1981), vétéran de la Ligue jurée (tongmenghui 同盟會), qui refuse de servir dans l’administration pro-japonaise de Qingdao et participe à la résistance dans les rangs de la guérilla nationaliste au Shandong. Comme ce dernier, Zhao Zhongyu rallie le PCC pendant la guerre civile.

Sources : Zupulu ; SKJ, p. 3-4 ; SSY, p. 132 ; Xu Youchun 2007, p. 2260 ; Schrecker 1977, p. 241-244 ; Baidu (德華書院) ; Zhao Qi 1917, 1933 ; Han Shaojiang 2021, p. 12 ; Shenbao, 17/06/1928, 04/11/1928, 16/04/1929, 17/12/1931, 08/02/1934, 21/09/1935, 25/10/1935, 31/05/1947 ; The North China Herald, 01/08/1925, 08/08/1925, 14/07/1928, 19/01/1938, 06/08/1938, 18/01/1939, 25/01/1939 ; The China Weekly Review, 01/11/1925, 02/06/1928, 07/07/1928, 28/07/1928, 22/12/1928, 16/02/1929, 23/02/1929, 20/04/1929, 11/01/1941 ; The China Press, 16/06/1928, 09/09/1928, 16/04/1929 ; Benton 2022, p. 207-209 ; Zhao Xiuning 2020 ; NRSJ, p. 217 ; Qi Ren 1995 ; Wikipedia ; Zang Jie 2021.

Pour citer cette biographie : David Serfass, "Zhao Qi  趙琪 (1882-1957)", Dictionnaire biographique de la Chine occupée, URL : https://bdoc.enpchina.eu/bios/zhao-qi/, dernière mise à jour le 27 juillet 2024. 

Biographical Dictionary of Occupied China

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