Né à Wuchang, fils cadet de Zhang Zhidong 張之洞 (1837-1909) – l’un des « quatre ministres fameux » (si da mingchen 四大名臣) de la fin des Qing –, Zhang Renli est, pour sa part, resté connu comme l’un des « quatre grands traîtres du Hubei » (Hubei si da hanjian 湖北四大漢奸). Poète et calligraphe raffiné, Zhang est aussi un fumeur d’opium invétéré. Diplômé de l’Université de Pékin, il travaille comme magistrat de district dans le Hebei à partir de 1926. Son demi-frère, Zhang Yanqing 張燕卿 (1898-1952), collabore avec le Japon d’abord comme ministre de l’Industrie et des Affaires étrangères du Manzhouguo 滿洲國, puis comme vice-président de la Xinminhui 新民會, principale organisation de masse en Chine du Nord occupée.
Zhang Renli est, quant à lui, nommé chef du bureau des affaires civiles (minzhengting 民政廳) du Conseil autonome anticommuniste du Hebei oriental (Jidong fangong zizhi weiyuanhui 冀東反共自治委員會) établi en novembre 1935 avec Yin Rugeng à sa tête. Après que Wuhan est tombée aux mains des armées japonaises à l’automne 1938, le Comité de liaison des ministères de l’Armée de terre, de la marine et des affaires étrangères à Wuhan (genchi rikukaigai sanshō renraku kaigi 現地陸海外三省連絡会議) envisage, dans un premier temps, de recruter Zhang Yanqing pour occuper la charge de maire de l’agglomération tricéphale. Ce dernier décline l’offre car Doihara Kenji lui a fait miroiter un poste de premier ministre dans le futur gouvernement central s’il parvient à inciter Wu Peifu 吳佩孚 (1874-1939) à en prendre la tête. Le colonel Asami 浅見, chef de la première section du Bureau des services spéciaux (tokumubu 特務部) de Wuhan, se rabat sur son frère cadet Zhang Renli, en espérant profiter de l’aura de leur père, qui avait occupé le poste de gouverneur général du Hubei-Hunan à trois reprises entre 1889 et 1907.
Inaugurée le 20 avril 1939, la Municipalité spéciale de Wuhan (Wuhan tebie shizhengfu 武漢特別市政府) est conçue par la 11e armée – plus connue sous son nom de code “Groupe ryo” (Ryo shūdan 呂集団) – avec l’ambition d’en faire, à terme un véritable gouvernement régional, sur le modèle du Gouvernement provisoire (linshi zhengfu 臨時政府) de Pékin et du Gouvernement réformé (weixin zhengfu 維新政府) de Nankin ; ambition empêchée par une emprise territoriale insuffisante pour justifier l’établissement d’un nouveau régime et, surtout, par l’entrée en scène de Wang Jingwei qui lance, au printemps 1939, son projet de nouveau gouvernement central à Nankin. Faute d’obtenir la mise en place d’un Conseil des affaires politiques du Hunan-Hubei-Jiangxi (Xiang-E-Gan zhengwu weiyuanhui 湘鄂灨政務委員會), les officiers japonais de Wuhan forment, le 5 novembre 1939, un gouvernement provincial du Hubei, dirigé par He Peirong, qui vient directement concurrencer le gouvernement municipal de Zhang Renli. Ce dernier fait savoir à ses patrons japonais qu’il n’entend pas jouer les seconds rôles. Comme souvent, la rivalité entre les deux échelons administratifs se joue sur le terrain fiscal : alors que la municipalité captait jusque-là les revenus appréciables générés par les taxes sur l’opium et le sel, He Peirong obtient de pouvoir participer à la gestion de ces impôts. Après la fondation du Gouvernement national réorganisé en mars 1940, cette lutte d’influence locale laisse place à une rivalité entre Wuhan et Nankin.
Lorsque Wuhan est rétrogradée au rang de ville ordinaire en 1943 à l’initiative de Yang Kuiyi, Zhang utilise l’appui de ses patrons japonais pour obtenir, en novembre, la mairie de Tianjin, tout en siégeant au sein du Conseil des affaires politiques de Chine du Nord (Huabei zhengwu weiyuanhui 華北政務委員會). Il démissionne de son poste de maire en février 1945. Condamné à la prison à perpétuité par les autorités nationalistes au lendemain de la guerre, Zhang est exécuté en 1951 par les autorités communistes.
Sources : MRDC, p. 906 ; Cheng Hua 1985 ; JACAR C04120709100 ; Xu Xuyang 2007, p. 372, 380, 432-433 ; Cheng Hua 1988, p. 55 ; MZN, p. 1058, 1140-1141, 1144-1146 ; Baidu.