Ogawa Heikichi

小川平吉

18701942

Lieu d'origine

Suwa 諏訪郡 (act. Nagano 長野県)

Province d'origine

Shinano 信濃国

Fils d’un marchand de kimono de l’actuelle préfecture de Nagano, Ogawa Heikichi suit une formation en droit français à l’Université impériale de Tokyo, dont il sort diplômé en 1892. Exerçant comme avocat, il participe en 1900 à la formation de l’un des principaux partis politiques japonais du premier XXe siècle, l’Association des amis du gouvernement constitutionnel (rikken seiyūkai 立憲政友会). Candidat malheureux lors des élections législatives d’août 1902, il est élu l’année suivante à la Chambre des représentants (shūgiin 衆議院), mais quitte son parti jusqu’en 1910 en raison de divergences avec son chef, Itō Hirobumi (1841-1909). En tout, Ogawa effectue dix mandats parlementaires jusqu’en 1936. Partisan de la guerre contre la Russie pour le contrôle de la Corée, il dénonce le Traité de Portsmouth signé à l’issue de la victoire japonaise en 1905 comme une humiliation pour son pays. Sa participation à l’Émeute de Hibiya (hibiya yakiuchi jiken 日比谷焼打事件) le 5 septembre lui vaut d’être arrêté même s’il échappe à une condamnation.

Ce fort nationalisme s’articule à un panasiatisme qui pousse Ogawa à s’impliquer dans la politique chinoise du Japon. Proche de Konoe Atsumaro 近衛篤麿 (1863-1904), père de Fumimaro, il contribue avec lui à diffuser un discours prônant une alliance entre le Japon et la Chine exprimée par le slogan « dōbun, dōshu 同文同種 » (une même culture, une même race) dans le cadre notamment de l’Association est-asiatique pour la culture commune (tōa dōbunkai 東亜同文会) qu’il intègre en 1898. Au moment de la Révolution de 1911, il plaide avec Tōyama Mitsuru 頭山満 (1855-1944) pour que le gouvernement japonais ne s’ingère pas dans l’insurrection en cours et se rend peu après à Shanghai pour y rencontrer Sun Yat-sen, Song Jiaoren et Huang Xing. Dans le même temps, ce proche de Kita Ikki 北一輝 (1883-1937) et de Uchida Ryōhei 内田良平 (1873-1937), transmet les informations obtenues auprès des dirigeants nationalistes chinois aux autorités militaires et diplomatiques de son pays. Devenu proche de Sun Yat-sen, il participe aux négociations concernant le prêt que souhaite obtenir ce dernier auprès du gouvernement japonais et participe au banquet de réception organisé en sa faveur le 19 février 1914 par le président de la Chambre des Représentants, Ōoka Ikuzō 大岡育造 (1856-1928).

Au début des années 1920, Ogawa poursuit son activisme panasiatiste en faveur de l’enseignement du chinois. Il prend ainsi part à la création de l’Association pour la culture du Grand Orient (daitō bunka kyōkai 大東文化協会) qui obtient du Parlement le financement d’une Académie pour la culture du Grand Orient (daitō bunka gakuin 大東文化) inaugurée en 1923. Au lendemain de l’Incident de la Porte du Tigre (toranomon jiken 虎ノ門事件), le 27 décembre 1923, au cours duquel le prince héritier Hirohito manque d’être assassiné, Ogawa lance l’Association du Ciel bleu (seitenkai 青天会). Son nationalisme radical (kokusui shugi 国粋主義) s’exprime dans les pages du Nippon shinbun 日本新聞 (Journal du Japon), dont Ogawa reprend la direction avec le frère cadet de Kita Ikki, Kita Reikichi 北昤吉 (1885-1961). Il joue un rôle central dans la conception de la Loi de préservation de la paix (chian iji hō 治安維持法), qui marque un coup d’arrêt à la diffusion du communisme au Japon, et dans son adoption lors de son bref passage à la tête du ministère de la Justice (hōmushō 法務省) en février 1925. Ministre des Chemins de fer (tetsudō taijin 鉄道大臣) entre 1927 et 1929, Ogawa est impliqué dans le “scandale de corruption des cinq lignes de chemin de fer privées” (go shitestu gigoku jiken 五私鉄疑獄事件) qui lui vaut, en 1936, d’être condamné à deux ans de prison.

Ogawa sort de sa retraite politique contrainte au début de la guerre sino-japonaise en s’engageant activement en faveur des négociations de paix, aux côtés des anciens soutiens japonais de la Ligue jurée (tongmenghui 同盟會) tels que Tōyama Mitsuru. Le 29 mars 1939, il prend ainsi part aux discussions secrètes tenues à Hong Kong avec l’épouse de Jiang Jieshi, Song Meiling, dans le cadre du canal de négociation ouvert par Kayano Nagatomo 萱野長知 (1873-1947), un autre compagnon de route de Sun Yat-sen, et Du Shishan 杜石山 (alias Du Shishan 杜石珊), un agent de Dai Li. Ogawa propose que Jiang mette fin à sa coopération avec le PCC contre le Japon pour s’unir avec ce dernier contre les Communistes. Song Meiling lui répond qu’un retournement du généralissime contre le PCC est envisageable dans le cadre d’un accord secret ; plan confirmé par Jiang lui-même.

Ogawa écrit à ce dernier en juin 1939 pour l’exhorter à entamer des négociations, ajoutant qu’il est prêt, pour ce faire, à se rendre à Chongqing en compagnie de Kayano. Cherchant à empêcher la formation du nouveau gouvernement de Wang Jingwei en laissant entendre aux Japonais qu’il est prêt à négocier, sans pour autant affaiblir la légitimité qu’il tire de son statut de chef de la résistance, Jiang laisse la missive d’Ogawa sans réponse. Il maintient tout de même le dialogue ouvert en confiant à Yang Jie 楊杰 (1889-1949) le soin de prévenir la partie japonaise que les Communistes ont eu vent de la lettre d’Ogawa, obligeant ainsi Jiang “à tenir son engagement pris à Xi’an” en décembre 1936. Suite à la rencontre au début du mois de juin 1939 entre Wang Jingwei et le premier ministre Hiranuma Kiichirō 平沼騏一郎 (1867-1952), Du Shishan relance Ogawa, qui s’apprête à rentrer au Japon, en l’informant qu’il est encore temps de parvenir à la paix avant que Wang ne mette en place son gouvernement, mais que si le régime de Nankin devait voir le jour, de telle négociations deviendraient alors très difficiles. Du affirme à Ogawa que Jiang est résolu à négocier et qu’il doit donc faire tout son possible pour bloquer le projet gouvernemental de Wang Jingwei.

De retour à Tokyo, Ogawa tente de convaincre Hiranuma, qu’il avait fréquenté au sein de l’Association du Ciel bleu, de privilégier la perspective de négociations avec Jiang Jieshi au détriment de Wang Jingwei. Il reçoit de Du Shishan l’assurance que Jiang est prêt à rompre avec les Communistes et à entamer un processus de paix. Ayant transmis la nouvelle au Cabinet Hiranuma, Ogawa se voit confier une lettre à destination de Jiang lui demandant de se faire représenter par Kong Xiangxi ou une personnalité de même calibre à Hong Kong, Chongqing ou ailleurs. Jiang ayant entre-temps appris par ses services de renseignement que la formation du gouvernement de Wang Jingwei rencontrait des difficultés, il se désintéresse du canal porté par Ogawa et Kayano.

Après l’inauguration du Gouvernement national réorganisé le 30 mars 1940, Chongqing réactive les canaux de discussions avec Tokyo dans l’espoir d’empêcher la reconnaissance officielle du régime de Nankin. Le 21 juin 1940, Jiang ordonne à Du Shishan de reprendre ses discussions avec Kayano Nagatomo. Ogawa soutient l’envoi de Kayano à Hong Kong en août, mais la mission est annulée par crainte qu’elle ne gêne l’« Opération Kiri » (Kiri kōsaku 桐工作) menée par Imai Takeo à l’initiative d’Itagaki Seishirō et l’ « Opération Sen » (Sen kōsaku 銭工作) menée par Tajiri Akiyoshi et Nishi Yoshiaki à l’initiative de Matsuoka Yōsuke 松岡洋右 (1880-1946). Ogawa décède le 5 février 1942. Ses funérailles sont présidées par son vieil ami Tōyama Mitsuru.

Sources : NKJRJ, p. 125-126 ;  KSDJ ; Wikipedia ; Sun Wen jinianguan 2017 ; Hashikawa 1980, p. 342-343 ; Ward 2019, p. 140-145 ; Barrett, Shyu 2001b, p.  62-63.

Pour citer cette biographie : David Serfass, "Ogawa Heikichi  小川平吉 (1870-1942)", Dictionnaire biographique de la Chine occupée, URL : https://bdoc.enpchina.eu/bios/ogawa-heikichi/, dernière mise à jour le 5 octobre 2023. 

Biographical Dictionary of Occupied China

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