Originaire de Puding (Guizhou), Yuan Yuquan fait des études d’économie à l’Université Keiō 慶応大学 de Tokyo. À partir de 1931, il dirige un bureau de la Banque des communications (jiaotong yinhang 交通銀行). Resté à Shanghai au début de l’invasion, il est contacté à l’été 1938 par son vieil ami Ogawa Aijirō 小川愛次郎 (1876-1971). Directeur du bureau de Shanghai de la Mantetsu 滿鐵 (Compagnie du chemin de fer sud-mandchourien), ce dernier est emprisonné en janvier 1938 par la police militaire japonaise (kenpeitai 憲兵隊) en raison de ses prises de position contre la guerre. Il reçoit à cette occasion le soutien d’Ishii Itarō. Par l’intermédiaire d’Ogawa, Yuan fréquente les concepteurs japonais du Mouvement pour la paix tels que Kagesa Sadaaki.
Au moment de la formation du gouvernement de Wang Jingwei en mars 1940, il est présenté à Mei Siping par son ancien camarade de l’Université Keiō, Gu Baoheng. D’abord nommé conseiller (canshi 參事) au ministère de l’Industrie et du Commerce (gongshangbu 工商部, devenu le shiyebu 實業部 en août 1941) dirigé par Mei, Yuan succède en août 1940 à Gu au poste de chef du bureau du Commerce (shangyesi 商業司). À partir d’octobre, il cumule la charge de secrétaire général du Comité de gestion des vivres (liangshi guanli weiyuanhui 糧食管理委員會). Il est notamment chargé de négocier avec l’occupant la rétrocession des usines chinoises spoliées. Après la réorganisation du ministère en août 1941, il est promu vice-ministre chargé des affaires générales (changwu cizhang 常務次長) en avril 1942. En octobre 1943, il suit Mei Siping au ministère de l’Intérieur (neizhengbu 內政部), toujours comme vice-ministre. Bien qu’il effectue donc toute sa carrière de collaborateur sous l’aile de Mei Siping, Yuan devient son rival en 1944. Suite à un conflit entre les deux hommes au sujet d’une nomination, Yuan confie à Chen Gongbo des renseignements compromettants au sujet de Mei.
Yuan est condamné à quinze ans de prison en novembre 1947. Sa trace se perd ensuite. Il est l’auteur de plusieurs wenshi ziliao sur la politique économique du régime de Wang Jingwei, ce qui laisse penser qu’il est resté en Chine. Dans l’un d’eux, il dit être retourné au Japon en 1950 ; signe qu’il était alors libre de ses mouvements.
Sources : SWHB, p. 986-1058 ; Brooks 2000, p. 187, 256 ; MZN, p. 1093-1094 ; Coble 2003, p. 82 ; Kobayashi 2000, p. 354 ; Martin 2003, p. 407 ; Yuan Yuquan 2010.