Zhu Qinglai

諸青來

1880

Lieu d'origine

Shaoxing 紹興

Province d'origine

Zhejiang 浙江

[ming, Xiang 翔]

Principal transfuge du Parti national-socialiste chinois (Zhongguo guojia shehuidang 中國國家社會黨, PNS) à intégrer le gouvernement collaborateur de Wang Jingwei. Originaire de Shaoxing (Zhejiang) et natif de Shanghai, Zhu Qinglai fait des études d’économie au Japon, avant de travailler pour le ministère de l’Agriculture et du commerce et pour celui des Finances sous les Qing. Aux côtés de Zhang Junmai 張君勱 (Carson Chang, 1886-1969), Zhu fonde en 1911 l’Université Shenzhou 神州大學 à Shanghai. Il enseigne dans plusieurs établissements, dont l’Université Daxia 大夏, tout en éditant le Yinhang zhoubao 銀行週報 (l’Hebdomadaire de la banque). Il publie des articles dans le journal Xinlu 新路 (Nouvelle voie) de Zhang Junmai en faveur d’une troisième voie face à l’essor du GMD et du PCC. Membre du PNS dès sa fondation en 1932, Zhu est élu au sein de son Comité central des affaires générales lors de son premier congrès à Tianjin en 1934, puis comme l’un des cinq membres dirigeants du parti lors du deuxième congrès deux ans plus tard. Il occupe des postes importants au sein de l’organisation, dont il dirige notamment la branche shanghaienne. D’inspiration sociale-démocrate, ce parti est donc très différent de son homonyme allemand.

Zhu défend dans de nombreux textes l’autonomie locale et le gouvernement constitutionnel. Actif dans le mouvement anti-japonais, il dirige l’Association de Shanghai des professeurs d’université pour le salut national et se bat, aux côtés de Song Qingling notamment, pour la libération des “sept gentilshommes” (qi junzi 七君子) arrêtés en novembre 1936 par le GMD. En juillet 1937, Zhu publie un article dans la revue Xinxueshi 新學識 (Nouveau savoir) dans lequel il reproche au PCC de faire cavalier seul au sein du front uni en prétendant adopter les Trois principes du peuple (sanmin zhuyi 三民主義) tout en refusant de renoncer à son indépendance. Mao Zedong lui répond en septembre dans son texte sur les « Tâches urgentes après la formation du front uni GMD-PCC » (guo-gong hezuo chengli hou de poqie renwu 國共合作成立後的迫切任務).

En février 1940, Zhu participe avec un autre membre du PNS, Lu Dingkui 陸鼎揆 (1896-), à la réunion organisée à Shanghai par Wang Jingwei pour rallier les dirigeants des différents petits partis. Suite à la « déclaration de paix » de Wang, le 12 mars, Zhu et Lu répondent en apportant leur soutien au Mouvement pour la paix qu’ils justifient par les promesses faites par Konoe Fumimaro et par la situation en Europe. Ils insistent notamment sur la nécessité de mettre en place rapidement le gouvernement constitutionnel (xianzheng 憲政) promis par Wang. Dans le cadre du front uni des collaborateurs, Zhu devient membre du Conseil politique central (zhongyang zhengzhi weiyuanhui 中央政治委員會) et, le 28 mars 1940, lance un appel radiodiffusé en faveur de la paix. La défection de l’un de ses principaux associés est une source d’embarras pour Zhang Junmai qui fait déjà l’objet d’attaques du GMD et du PCC en raison de ses sympathies supposées pour l’occupant. Dans un article et une déclaration les 18 et 19 mars 1940, Zhang dénonce l’imposture du PNS pro-japonais et promet une fin rapide au gouvernement de Wang Jingwei qu’il compare à la Rhénanie. À la fondation du Gouvernement national réformé en mars 1940, Zhu Qinglai est nommé ministre des Communications (jiaotongbuzhang 交通部長) ; poste qu’il occupe jusqu’à son remplacement par Ding Mocun en août 1941. Par la suite, il enchaîne les sinécures comme président du Comité d’hydraulique (shuili weiyuanhui 水利委員會) jusqu’en août 1942, puis comme vice-président du Yuan législatif (lifayuan 立法院) jusqu’à la fin de la guerre.

Son sort après la dissolution du gouvernement de Nankin, le 16 août 1945, n’est pas très clair. Il semble qu’il ait trouvé refuge au Japon. De même que la poignée de collaborateurs chinois rescapés, tels que Zhao Yusong, autre représentant des petits partis de la “troisième voie”, Zhu y fréquente les cercles anticommunistes et affairistes formés par d’anciens officiers et diplomates japonais. Ces hommes vivotent dans des conditions souvent difficiles, comme en témoigne Iwai Eiichi dans ses mémoires. L’ancien chef des services secrets diplomatiques à Shanghai rapporte ainsi sa surprise de voir Zhu Qinglai, avec lequel il n’avait eu en Chine que de vagues rapports, sonner un jour à sa porte pour le supplier de l’héberger, se disant prêt à dormir sur un canapé. Qu’un ancien vice-président de Yuan en soit réduit à une telle misère lui serre le cœur, mais Iwai est lui-même dans une situation trop précaire pour pouvoir l’héberger. Il aide finalement Zhu à s’embarquer clandestinement sur un navire en partance de Kōbe, sans que l’on sache vers quelle destination.

Sources : MRDC, p. 1536 ; Jeans 2001 ; Fung 2000, p. 97 ; Chen Zhengqing 2006 ; Seki 2019, p. 457, 491 ; Iwai 1983, p. 253.

Pour citer cette biographie : David Serfass, "Zhu Qinglai  諸青來 (1880-)", Dictionnaire biographique de la Chine occupée, URL : https://bdoc.enpchina.eu/bios/zhu-qinglai/, dernière mise à jour le 27 juillet 2024. 

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