Zhao Yusong

趙毓松

18971971

Lieu d'origine

Liping 黎平

Province d'origine

Guizhou 貴州

Originaire de Liping (Guizhou), Zhao Yusong est, avec Zhang Yinghua 張英華 (1886- ?), le principal transfuge du Parti de la jeunesse chinoise (Zhongguo qingnian dang 中國青年黨) au sein du gouvernement collaborateur de Wang Jingwei. Il débute sa carrière sous le patronage de Yuan Zuming 袁祖銘 (1889-1927), avant de s’installer dans le Nord-Est pour travailler comme conseiller pour la clique de l’Anhui. En 1926, il adhère au Parti de la jeunesse chinoise, fondé à Paris en 1923, et rallie, aux côtés de Yuan Zuming, l’Armée nationale révolutionnaire (guomin gemingjun 國民革命軍) au cours de l’Expédition du Nord (beifa 北伐). Suite à l’assassinat de Yuan en 1927, Zhao se réfugie au Sichuan et poursuit ses activités anticommunistes.

Durant la « décennie de Nankin », il est l’un des dirigeants du Parti de la jeunesse et le rédacteur en chef du Xin Zhongguo ribao 新中國日報 (La Nouvelle Chine). En mai 1933, il noue des relations avec les Japonais à Tianjin. Après la défection de Wang Jingwei en décembre 1938, il décide de rallier son Mouvement pour la paix au printemps 1939 avec plusieurs membres de son parti, mais échoue à obtenir la défection de son chef, Zeng Qi 曾琦 (1892-1951). Le Parti de la jeunesse chinoise est alors divisé entre les partisans de la résistance, qui participent au Conseil politique du peuple (guomin canzhenghui 國民參政會) – principale institution du second front uni à Chongqing, d’une part, et ses branches en zone occupée à Pékin et Nankin, d’autre part. Dans une lettre envoyée pour convaincre, en vain, Zuo Shunsheng 左舜生 (1893-1969) et Li Huang 李璜 (1895- 1891) de le suivre dans la collaboration, Zhao justifie son choix par son refus de la dictature de Jiang Jieshi et du GMD. Il y dénonce les contradictions de Chongqing qui, d’un côté, rend obligatoire pour tous les fonctionnaires et enseignants de prendre la carte du Parti nationaliste à partir de mars 1939 et, de l’autre, promet d’organiser une Assemblée nationale constituante l’hiver suivant. À l’inverse, il leur assure que Wang Jingwei tiendra sa promesse de mettre en place un gouvernement constitutionnel (xianzheng 憲政), troisième et dernière phase prévue par Sun Yat-sen.

En novembre 1939, Zhao organise à Shanghai le Comité d’action politique central du Parti de la jeunesse chinoise (Zhongguo qingniandang zhongyang zhengzhi xingdong weiyuanhui 中國青年黨中央行動委員會), dont il prend la tête. Comme pour les autres partis, sa représentation au sein du futur Comité politique central (zhongyang zhengzhi weiyuanhui 中央政治委員會) du régime de Nankin est conditionnée à la publication, le 14 mars 1940, d’un communiqué de soutien au Mouvement pour la paix. Dans les semaines qui précèdent l’inauguration du Gouvernement national réorganisé, le 30 mars 1940, Zhao Yusong visite à plusieurs reprises Zhou Fohai dans le but d’obtenir des postes pour lui et ses proches. La participation de Zhao Yusong au gouvernement de Nankin suscite de vives protestations de la part d’un certain Liu Hsiao-Kun, qui se dit le représentant par intérim du Parti de la jeunesse. Le 6 avril 1940, ce dernier organise une conférence de presse à Pékin pour dénier à Zhao son statut de représentant du Parti de la jeunesse et pour dénoncer le régime de Wang qu’il accuse de reproduire la dictature du GMD. Le fait que cette attaque soit publiée dans le journal officiel de la Xinminhui – principale organisation de masse en Chine du Nord – laisse penser qu’il s’agit d’un moyen pour cette dernière et ses patrons japonais d’affaiblir le nouveau régime au lendemain de son inauguration.

Membre du Comité pour la mise en place du gouvernement constitutionnel (xianzheng shishi weiyuanhui 憲政實施委員會), Zhao Yusong prône, en vain, l’adoption rapide d’une Constitution face à Zhou Fohai qui souhaite la reporter. En dépit de l’importance qu’il semble accorder au programme constitutionnel, il reste fidèle au gouvernement de Nankin après que ce programme a été enterré. Outre des postes bien rémunérés pour ses cadres, l’organisation de Zhao bénéficie du système de financement mis en place par le groupe de Wang Jingwei pour s’assurer de la loyauté des petits partis, nécessaire pour maintenir la façade du multipartisme. Cette entente passe également par des échanges de bons procédés. Zhao Yusong envoie, par exemple, une pétition au Yuan judiciaire (sifayuan 司法院) demandant la libération de Yang Congren 楊從仁, un membre du Parti de la jeunesse condamné à la prison à vie pour complicité dans un homicide commis en juin 1933 et dont la peine a été réduite à quinze ans par une amnistie prononcée au moment du « retour à la capitale » en mars 1940. Rappelant que Yang a lutté contre le PCC pendant près de dix ans, Zhao ajoute que le Parti de la jeunesse faisant aujourd’hui partie du gouvernement, sa libération serait bénéfique en raison du « besoin urgent d’hommes de talent ». Grâce aux efforts de Zhao, Yang Congren est gracié le 5 mars 1941.

Dénué de tout poids politique, sinon celui que lui confère son rôle de représentant d’un petit parti, Zhao joue les utilités. À la formation du régime, il est nommé ministre de l’Agriculture et des Mines (nongkuangbu 弄礦部) jusqu’à la fusion de ce ministère avec celui de l’Industrie en août 1941. Par la suite, il hérite des maroquins de la Justice (sifa xingzhengbu 司法行政部) jusqu’en novembre 1942, puis du Personnel (quanxubu 銓敘部) jusqu’en août 1943, avant de finir la guerre comme ministre sans portefeuille. Outre le Comité politique central, il siège dans plusieurs instances offrant des sinécures aux personnalités importantes du régime, tels que le Comité de pacification rurale (qingxiang weiyuanhui 清鄉委員會), entre 1941 et 1943, et le Comité du Gouvernement national (guomin zhengfu weiyuanhui 國民政府委員會), à partir de 1943

Après la défaite japonaise, Zhao se cache à Jinan (Shandong) puis s’enfuit à Hong Kong, avant l’arrivée des Communistes. Il s’installe, fin 1950, au Japon où il se lie d’amitié avec l’ancien ministre de l’Économie du Manzhouguo, Han Yunxie 韓雲階 (1894-1982), et rédige des textes de propagande anticommuniste à la demande de l’ancien seigneur de la guerre Yan Xishan 閻錫山 (1883-1960). De même que les quelques dizaines d’anciens collaborateurs chinois réfugiés au Japon, Zhao bénéficie de l’aide financière fournie par l’Association de bon voisinage (zenrin yūgi-kai 善隣友誼会) créée à l’initiative d’anciens diplomates en Chine comme Shimizu Tōzō et Iwai Eiichi. Suite à l’annonce de la visite à venir du président Richard Nixon (1913-1994) à Pékin au milieu de l’année 1971, Zhao tente de se suicider en ingurgitant du poison. Affaibli, il meurt quelques mois plus tard. En 1978, son ami Matsumoto Masuo 松本益雄, ancien haut fonctionnaire du Manzhouguo, traduit et publie ses mémoires sous le titre Geishunka : Chō Ikushō no Chūgoku kakumei kaikoroku 迎春花:趙毓松の中国革命回顧録 (Floraisons printanières : les Mémoires de la révolution chinoise de Zhao Yusong).

Sources : MRDC, p. 1326 ; Huang Meizhen 1987, p. 700 ; Zhongguo di’er lishi dang’anguan 1988, p. 211-217 ; ZR, p. 240, 243 ; ADF 503 ; ZG, n°146, p. 1 ; Horii 2011, p. 85 ; MZN, p. 1034-1035 ; Wikipedia ; Seki 2019, p. 474.

Pour citer cette biographie : David Serfass, "Zhao Yusong  趙毓松 (1897-1971)", Dictionnaire biographique de la Chine occupée, URL : https://bdoc.enpchina.eu/bios/zhao-yusong/, dernière mise à jour le 4 octobre 2023. 

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