Né à Haimen (Jiangsu), dans l’agglomération de Nantong 南通, au sein d’une famille de petits propriétaires fonciers, Zhang Beisheng sort diplômé en génie minier de l’Université Beiyang 北洋大學堂 (Tianjin) en 1926. Par l’intermédiaire d’un camarade, il fait la connaissance de Chen Lifu 陳立夫 (1900-2001), lui aussi un spécialiste des mines et bras droit de Jiang Jieshi. Grâce à son appui, Zhang obtient des postes dans l’appareil central du GMD, notamment comme responsable de la censure. Il est, en particulier, chargé de contrôler le contenu de la revue Geming pinglun 革命評論 (La Critique révolutionnaire) éditée par Chen Gongbo en 1928. Ne donnant pas satisfaction au Bureau central du parti, Zhang est contraint de quitter son emploi au bout de trois ans. Se tournant à nouveau vers Chen Lifu, il trouve une place comme fonctionnaire subalterne au ministère de l’Intérieur (neizhengbu 內政部). En 1932, il suit pendant six mois une formation politique à l’Académie militaire de Huangpu (Huangpu junxiao 黃埔軍校) avant d’être envoyé dans le Jiangxi où les troupes nationalistes luttent contre les soviets. Par la suite, il est recommandé par Chen Guofu 陳果夫 (1892-1951), alors gouverneur du Jiangsu, à un poste d’instructeur politique dans l’école de formation des cadres militaires et de police de Zhenjiang, puis comme chef de section au bureau de Sûreté publique du gouvernement provincial.
Peu après le déclenchement de la guerre en août 1937, il est nommé magistrat du district de Jiading 嘉定, au nord de Shanghai. Début 1938, Zhang est désigné magistrat dans sa ville natale, Nantong 南通, mais il est démis de ses fonctions un an plus tard en raison de son manque d’énergie dans la résistance au Japon. Désœuvré, il retourne à Shanghai fin 1939 où il croise son compatriote Wu Sibao 吳四寶 (1902-1942), membre de la Bande verte (qingbang 青幫) et principal lieutenant de Li Shiqun au sein de la police secrète du n°76. Zhang cherche à gagner la confiance de ce dernier en l’aidant à piéger, lors d’une partie de mahjong en mai 1940, plusieurs dirigeants locaux du GMD (Ma Yuanfang 馬元放, Zhang Mumin 掌牧民, Shi Shunyuan 石順淵, Cui Buwu 崔步武 et Zhou Xiaobo 周孝伯). À l’exception du premier, tous acceptent rapidement de faire défection. Méfiant, Li Shiqun nomme Zhang Beisheng conseiller au n°76, tout en le plaçant sous surveillance. Il est ensuite désigné chef du bureau des Affaires générales de l’École centrale de la brigade fiscale (zhongyang shuijing xuexiao 中央税警學校), le bras armé de Zhou Fohai au ministère des Finances (caizhengbu 財政部).
Mais c’est à partir du lancement de la Campagne de pacification rurale (qingxiang gongzuo 清鄉工作) à l’été 1941 que, fort de son expérience avant-guerre dans le Jiangxi, Zhang sait se rendre indispensable aussi bien auprès de Li Shiqun que des Japonais, qui voient en lui un « expert de la pacification rurale » (photo ci-dessus au côté de Wang Jingwei). Il occupe des postes importants, notamment comme chef du bureau de la Police (jingwuchu 警務處) du Jiangsu ou responsable de la zone de pacification du Sud-Jiangsu. Début 1943, il est choisi pour superviser l’extension du qingxiang au Nord-Jiangsu. Dans cette région stratégique, car abritant de nombreuses unités de guérilla communistes, Zhang traite directement avec les militaires japonais. Il obtient de pouvoir commander son propre régiment aux dépens de Li Shiqun qui espérait s’appuyer sur lui pour se constituer une armée personnelle. Aussi sa carrière n’est-elle pas affectée par l’assassinat de ce dernier, fin 1943.
Zhang Beisheng est arrêté en octobre 1945 par les autorités nationalistes qui le condamnent à mort l’année suivante. Cette peine est commuée en prison à vie en appel. En 1951, il est transféré de Shanghai à Nantong, où il est condamné à mort puis exécuté en 1954.
Sources : Xu Youchun 2007, p. 1779 ; Yu Huanhuang 1993 ; Cai Dejin 1986, p. 41-43 ; Martin 2001, p. 130 ; Xu Jiajun 2014, p. 337-338. Photo from Wang Jingwei and Lin Baisheng photograph collection, East Asia Library special collections, Stanford University.