Jiang Kanghu

江亢虎

18831954

Lieu d'origine

Yiyang 弋陽

Province d'origine

Jiangxi 江西

Issu d’une famille de lettrés fonctionnaires originaire de Jingde 旌德 (Anhui) et occupant des postes à Pékin, Jiang Kanghu est un enfant surdoué que son milieu destine à la carrière mandarinale. Ses trois séjours au Japon entre 1900 et 1907 lui font découvrir le socialisme, dont il devient le plus important propagateur en Chine. Polyglotte (outre le japonais, il étudie l’anglais, le français et l’allemand), Jiang se rend en Europe où il fréquente les mêmes cercles anarchistes que Wang Jingwei. En novembre 1911, il fonde le Parti socialiste chinois (Zhongguo shehui dang 中國社會黨), mais doit fuir pour le Japon après la dissolution de son parti par Yuan Shikai en août 1913. Jusqu’en 1920, il réside aux États-Unis où il apporte une contribution importante à la sinologie américaine en faisant don des 13 000 volumes de la bibliothèque paternelle à l’Université de Berkeley et en aidant à organiser la collection chinoise de la Librairie du Congrès.

En 1921, Jiang représente le socialisme chinois au IIIe congrès du Komintern. Il rencontre une certaine hostilité, notamment de la part des autres délégués chinois qui l’accusent d’être à la botte du « gouvernement réactionnaire de Pékin » qui, il est vrai, a financé son voyage. Jiang rencontre les principaux dirigeants soviétiques comme Lénine et Trotsky, dont il cherche à obtenir le soutien pour un projet de zone socialiste expérimentale en Mongolie. Il s’agit de mobiliser 50 000 paysans chinois envoyés en Russie pendant la Grande guerre pour former une force encadrée par des officiers chinois et soviétiques, dont le but à court terme serait de chasser les Russes blancs de la région afin d’en faire une zone tampon. Un projet similaire est porté deux ans plus tard par Jiang Jieshi, dépêché à Moscou par Sun Yatsen. Mais l’Armée rouge s’entend finalement avec Zhang Zuolin pour intervenir directement.

Jiang cherche également à convaincre les dirigeants chinois d’appliquer ses idées. C’est le cas notamment du seigneur de la guerre Yan Xishan 閻錫山 (1883-1960), auquel Jiang rend visite à trois reprises dans son fief de Taiyuan (Shanxi) en 1922. Bien que Yan n’ait pas donné suite, il est, semble-t-il, très impressionné par les idées de Jiang. Certains voient en effet l’influence de Jiang dans la redistribution des terres menée par Yan qui, tout en dénonçant le communisme, lance une ambitieuse réforme agraire au nom d’un socialisme confucéen réactivant le système mythique des « champs en carré » (jingtian 井田). Plus largement, le programme de Jiang en faveur d’une industrialisation planifiée par l’État, appuyée sur l’autonomie locale et l’éducation universelle, y compris pour les femmes, est largement repris par Yan Xishan. De fait, en dépit de ses échecs politiques successifs, Jiang n’en demeure pas moins l’un des penseurs marquants de son temps, comme en atteste le témoignage de Mao Zedong qui confiera à Edgar Snow avoir été profondément marqué par les écrits de Jiang durant ses études.

Désormais convaincu que le modèle léniniste n’est pas adapté à la Chine, Jiang forge en 1923 le concept de « nouvelle démocratie » (xin minzhu zhuyi 新民主主義) qu’il diffuse dans les milieux étudiants à la tête de l’Université du Sud (nanfang daxue 南方大學). En juin 1924, il refonde le Parti socialiste bientôt rebaptisé Nouveau parti social-démocrate chinois (Zhongguo xin shehui minzhu dang 中國新社會民主黨). Dans le même temps, il écrit à Puyi 溥儀 (1906-1967) qu’il espère convertir au socialisme. Mal lui en prend : le dernier empereur est chassé le 5 novembre de la Cité interdite par Feng Yuxiang 馮玉祥 (1882-1948) et ses biens saisis. La divulgation en 1925 de ces lettres anodines mais présentées comme visant à restaurer la dynastie mandchoue provoque un scandale qui pousse Jiang à un nouvel exil. Loin des tumultes de la vie politique chinoise, il enseigne à l’Université McGill de Montréal où il cultive un traditionalisme croissant.

De retour en Chine à l’été 1933, il semble qu’il soit indirectement impliqué dans l’« Incident du Fujian » qui éclate le 22 novembre. Ce jour-là, des officiers de la 19e Armée et leur commandant en chef, le gouverneur du Fujian Jiang Guangnai 蔣光鼐 (1888-1967), proclament la fondation d’un Gouvernement populaire révolutionnaire de la République de Chine (Zhonghua gongheguo renmin geming zhengfu 中華共和國人民革命政府) qui s’oppose à la politique de Jiang Jieshi privilégiant la lutte contre le PCC à la résistance contre le Japon. Après plusieurs semaines de bombardements, les sécessionnistes de Fuzhou prennent la fuite le 14 janvier 1934. Trois jours plus tôt, alors qu’il sort d’un banquet organisé par le président du Yuan exécutif, Wang Jingwei, Jiang est enlevé en pleine rue et jeté dans une prison militaire. À l’issue d’un interrogatoire musclé, il est inculpé d’espionnage en faveur du gouvernement rebelle du Fujian. Alerté par les enfants de Jiang, Wang Jingwei parvient à le faire libérer après douze jours de captivité éprouvants.

Jiang se réfugie alors à Hong Kong où il achève sa reconversion à la tradition confucéenne, dont il fait son fonds de commerce en engageant des disciples. Approché par Lin Baisheng à l’été 1939, Jiang accepte de se rendre à Shanghai en septembre pour rencontrer Wang Jingwei. C’est alors seulement, dira-t-il, qu’il se décide à rallier le Mouvement pour la paix, en partie forcé par l’annonce de sa présence à Shanghai dans la presse locale qui fait de lui une cible pour les sicaires de Chongqing. Jiang rend public son choix de la collaboration en septembre 1939 dans un télégramme au Gouvernement nationaliste intitulé la « Déclaration de la Fête nationale du 10 octobre sur la situation actuelle » (shuangshijie dui shiju xuanyan 雙十節對時局宣言), dans laquelle il défend « une Chine centrée sur la culture fondant l’Ordre nouveau en Asie orientale », faisant écho au discours du premier ministre Konoe Fumimaro un an plus tôt. Il y souligne que le gouvernement que s’apprête à former Wang Jingwei se veut ouvert à tous les partis et à toutes les factions ; ouverture qu’il oppose à la « tutelle politique » du GMD et à un PCC aux ordres de Moscou.

À la fondation du gouvernement de Wang Jingwei, le 30 mars 1940, Jiang est nommé aux postes largement honorifiques de ministre du Personnel (quanxubu 銓敘部) et de vice-président du Yuan d’examen (kaoshiyuan 考試院). Dans cette dernière fonction, il supplée Wang Yitang, qui préfère demeurer à Pékin, avant de le remplacer en mars 1942. N’étant issu ni du GMD, ni des gouvernements collaborateurs dissous en mars 1940, Jiang se trouve d’emblée marginalisé. Il continue à plaider en faveur du multipartisme, notamment dans les pages du mensuel qu’il fonde alors, le Minyishe 民意社 (La volonté du peuple). En effet, le GMD « orthodoxe » de Wang Jingwei s’emploie, dès la seconde moitié de l’année 1940, à imposer son hégémonie contre les autres partis et factions pro-japonais, à rebours de l’idéal d’ouverture politique affiché au moment de sa formation. En février 1941, Jiang publie une critique directe du régime de Nankin, qui lui vaut de voir le Minyishe interdit par le ministère de la Propagande (xuanchuanbu 宣傳部) et ses exemplaires saisis.

Son opposition au système de parti unique que tente de mettre en place Wang Jingwei en zone occupée s’exprime de manière plus feutrée au Yuan d’examen, dont le journal officiel (gongbao 公報) est entrecoupé de citations de figures confucéennes, plutôt que de l’habituelle propagande à la gloire du GMD, et qui n’applique par la législation visant à moderniser les documents officiels (gongwen 公文). À la tête du Yuan d’examen, Jiang s’efforce de concilier l’ambition du nouveau régime à réinstaurer le cadre juridique d’avant-guerre, notamment les lois sur l’emploi des fonctionnaires, avec la nécessité de maintenir en place une majorité d’agents recrutés par le Gouvernement réformé (weixin zhengfu 維新政府) entre 1938 et 1940. De même que le Gouvernement nationaliste à son arrivée dans le Jiangnan en 1927, le gouvernement de Wang Jingwei peine à faire appliquer en 1940 la « voie régulière » (zhengtu 正途) de recrutement des serviteurs de l’État, c’est-à-dire la seule titularisation des agents ayant réussi un des concours de la fonction publique. Avant même d’espérer régulariser les autres administrations, qui rechignent à évaluer leurs employés comme l’exige le ministère du Personnel, Jiang se désespère de la situation dans sa propre administration où, se plaint-il en mai 1940, « les intrigants sont légion ». Soucieux d’assurer l’une des fonctions cardinales de l’État en Chine, Jiang organise une séries d’examens, parmi lesquels le gaokao (gaodeng kaoshi 高等考試), destiné à recruter les hauts fonctionnaires. En tout, seules quatre éditions sont organisées à Pékin et Nankin entre 1940 et 1942, auxquelles s’ajoute un gaokao extraordinaire en septembre 1944.

Pédagogue dans l’âme, Jiang inflige régulièrement de longues conférences sur les affaires du monde à ses subalternes. En janvier 1941, il refonde l’Université du Sud, dont il prend la présidence en s’entourant d’un conseil d’administration composé de membres du gouvernement de Nankin. Parmi les enseignants qu’il recrute, le poète Chen Fangke 陳方恪 (1891-1966), frère cadet du célèbre historien Chen Yinke 陳寅恪 (1890-1969), accepte de servir comme doyen de la faculté des arts et des lettres, tout en occupant par ailleurs un poste au sein du Yuan d’examen et en travaillant secrètement pour le Juntong 軍統 de Dai Li. De 192 étudiants en 1941, les effectifs de l’Université du Sud passent à 248 l’année suivante.

Ses copieux émoluments de ministre et sa position de garant de la discipline bureaucratique n’empêchent pas Jiang de se trouver mêlé à une affaire embarrassante, si l’on en croit Wang Manyun. Un jour qu’il se trouve dans une gare quadrillée en raison de l’arrivée de Wang Jingwei, ses bagages sont fouillés par des soldats japonais qui y découvrent des brosses à cheveux ; fourniture de l’armée dont le transport est strictement interdit. Il s’avère que, profitant de ses privilèges de dirigeant pour voyager gratuitement sans être (en principe) importuné par la soldatesque, Jiang arrondissait ses fins de mois en se livrant à ce petit commerce. Son statut lui évite des poursuites judiciaires mais ne le sauve pas du ridicule. Cet épisode traduit l’appauvrissement généralisé qui touche, entre autre, le personnel administratif, en dépit des hausses de salaires régulières, qui ne compensent pas l’inflation galopante. Jiang offre ainsi des demi-journées de congé aux fonctionnaires du Yuan d’examen pour leur permettre de subvenir à leurs besoins en occupant un second emploi.

En 1944, Jiang se décide à quitter le gouvernement et fait le voyage jusqu’à Nagoya, où Wang Jingwei est hospitalisé, pour lui remettre sa démission. L’état de santé de Wang s’étant détérioré, il transmet sa lettre à ses proches et s’en retourne à Nankin, restant officiellement en fonctions. Après avoir transmis la présidence de l’Université du Sud à Mei Siping, Jiang passe l’été 1945 à Pékin, où il est arrêté le 5 décembre. Certaines sources affirment qu’il se fait passer pour un moine dans le temple Qingliang 清涼 de Nankin, avant de fuir pour Pékin. À l’issue de son procès, Jiang est condamné le 2 septembre 1946 à une peine d’emprisonnement à vie. La clémence relative du verdict s’explique sans doute en partie par le peu de pouvoirs de Jiang dans le gouvernement de Nankin. Durant son procès, il se défend en soulignant que les compétences du Yuan d’examen « n’étant pas liées à la politique intérieure, extérieure, économique et militaire, il n’a pas été placé sous le commandement de l’ennemi et ne s’est donc pas trouvé en situation de collaboration avec l’ennemi ». Cette défense est en partie rejetée par les juges, qui rappellent que le Yuan d’examen a contribué au fonctionnement des autres administrations, sans toutefois réfuter l’argument concernant la collaboration. Transféré à Shanghai après 1949, Jiang meurt dans sa cellule le 7 décembre 1954.

Sources : Xu Youchun 2007, p. 397 ; Henshaw 2019, p. 38-91 ; BDRC, vol. 1, p. 338-344 ; Maitron, p. 280-281 ; Gillin 1967, p. 206, n. 214 ; KG, n°2, p. 61 ; Serfass 2017, p. 638 sqq. ; Wang Manyun 2010, p. 276 ; SWHB, p. 357, 374-376.

Pour citer cette biographie : David Serfass, "Jiang Kanghu  江亢虎 (1883-1954)", Dictionnaire biographique de la Chine occupée, URL : https://bdoc.enpchina.eu/bios/jiang-kanghu/, dernière mise à jour le 7 mars 2024. 

English (automatic translation)

Born into a family of scholar-officials from Jingde 旌德 (Anhui) who held positions in Beijing, Jiang Kanghu was a gifted child destined for a career as a high-level civil servant. His three sojourns in Japan between 1900 and 1907 introduced him to socialism, of which he became the most important propagator in China. A polyglot (besides Japanese, he studied English, French, and German), Jiang traveled to Europe, where he frequented the same anarchist circles as Wang Jingwei. In November 1911, he founded the Chinese Socialist Party (Zhongguo shehui dang 中國社會黨) but had to flee to Japan after the dissolution of his party by Yuan Shikai in August 1913. Until 1920, he resided in the United States, where he made a significant contribution to American sinology by donating the 13,000 volumes of his father’s library to the University of Berkeley and helping to organize the Chinese collection at the Library of Congress.

In 1921, Jiang represented Chinese socialism at the Third Congress of the Comintern. He encountered some hostility, particularly from other Chinese delegates who accused him of being at the beck and call of the “reactionary government of Beijing,” which had indeed financed his trip. Jiang met with leading Soviet figures such as Lenin and Trotsky, from whom he sought support for a project to establish an experimental socialist zone in Mongolia. The plan was to mobilize 50,000 Chinese peasants sent to Russia during the Great War to form a force led by Chinese and Soviet officers, with the short-term goal of expelling the White Russians from the region to create a buffer zone. A similar project was put forward two years later by Jiang Jieshi, who was sent to Moscow by Sun Yat-sen. However, the Red Army ultimately reached an agreement with Zhang Zuolin to intervene directly.

Jiang also sought to convince Chinese leaders to apply his ideas. This was particularly the case with the warlord Yan Xishan 閻錫山 (1883-1960), whom Jiang visited three times in his stronghold of Taiyuan (Shanxi) in 1922. Although Yan did not follow up, he was, it seems, deeply impressed by Jiang’s ideas. Some indeed see Jiang’s influence in the land redistribution carried out by Yan who, while denouncing communism, launched an ambitious land reform in the name of a Confucian socialism reviving the mythical “Well-field system ” (jingtian zhidu 井田制度). More broadly, Jiang’s program in favor of state-planned industrialization, supported by local autonomy and universal education, including for women, was largely adopted by Yan Xishan. In fact, despite his successive political failures, Jiang remained one of the most influential thinkers of his time, as evidenced by the testimony of Mao Zedong, who confided to Edgar Snow that he had been deeply influenced by Jiang’s writings during his studies.

Now convinced that the Leninist model was not suitable for China, Jiang forged the concept of “New Democracy” (xin minzhu zhuyi 新民主主義) in 1923, which he disseminated among student circles as head of the Southern University (Nanfang daxue 南方大學). In June 1924, he re-established the Socialist Party, soon renamed the New Chinese Social-Democratic Party (Zhongguo xin shehui minzhu dang 中國新社會民主黨). At the same time, he wrote to Puyi 溥儀 (1906-1967), whom he hoped to convert to socialism. This was a mistake: the last emperor was driven out of the Forbidden City on November 5 by Feng Yuxiang 馮玉祥 (1882-1948), and his property was seized. The disclosure in 1925 of these innocuous letters, presented as aiming to restore the Manchu dynasty, caused a scandal that forced Jiang into another exile. Far from the tumults of Chinese political life, he taught at McGill University in Montreal, where he started cultivating traditionalism.

Upon his return to China in the summer of 1933, it appears that he was indirectly involved in the “Fujian Incident,” which erupted on November 22. On that day, officers of the 19th Army and their commander-in-chief, the governor of Fujian, Jiang Guangnai 蔣光鼐 (1888-1967), proclaimed the foundation of a People’s Revolutionary Government of the Republic of China (Zhonghua gongheguo renmin geming zhengfu 中華共和國人民革命政府), which opposed Jiang Jieshi‘s policy of prioritizing the fight against the CCP over resistance against Japan. After several weeks of bombardment, the Fuzhou secessionists fled on January 14, 1934. Three days earlier, as he was leaving a banquet organized by the president of the Executive Yuan, Wang Jingwei, Jiang was kidnapped in the middle of the street and thrown into a military prison. Following a tough interrogation, he was charged with espionage on behalf of the rebel government of Fujian. Alerted by Jiang’s children, Wang Jingwei managed to have him released after twelve grueling days of captivity.

Jiang then took refuge in Hong Kong, where he completed his reconversion to the Confucian tradition, which he turned into a business by hiring disciples. Approached by Lin Baisheng in the summer of 1939, Jiang agreed to go to Shanghai in September to meet with Wang Jingwei. It was only then, he would later say, that he decided to join the Peace Movement, partly forced by the announcement of his presence in Shanghai in the local press, which made him a target for Chongqing’s assassins. Jiang made his choice of collaboration public in September 1939 in a telegram to the Nationalist Government entitled “Declaration of the National Day of October 10 on the Current Situation” (shuangshijie dui shiju xuanyan 雙十節對時局宣言), in which he defended “a China centered on culture founding the New Order in East Asia,” echoing the speech of Prime Minister Konoe Fumimaro a year earlier. In it, he emphasized that the government that Wang Jingwei was about to form was intended to be open to all parties and factions, an openness that he contrasted with the “political tutelage” of the GMD and a CCP under Moscow’s orders.

Upon the establishment of the Reorganized National Governement (RNG) on March 30, 1940, Jiang was appointed to the largely honorary positions of Minister of Personnel (quanxubu 銓敘部) and Vice President of the Examination Yuan (kaoshiyuan 考試院). In the latter role, he served as a substitute for Wang Yitang, who preferred to remain in Beijing, before replacing him in March 1942. Not being affiliated with either the GMD or the collaborationist governments dissolved in March 1940, Jiang found himself marginalized from the outset. He continued to advocate for a multi-party system, particularly in the pages of the monthly magazine he founded at the time, Minyishe 民意社 (The People’s Will). Indeed, Wang Jingwei‘s “orthodox” GMD strove, from the second half of 1940 onwards, to impose its hegemony against other pro-Japanese parties and factions, contrary to the ideal of political openness displayed at the time of its formation. In February 1941, Jiang published a direct critique of the Nanjing regime, which resulted in the Minyishe being banned by the Ministry of Propaganda (xuanchuanbu 宣傳部) and its copies seized.

His opposition to the one-party system that Wang Jingwei attempted to establish in the occupied zone was expressed more subtly in the Examination Yuan, whose official journal (gongbao 公報) was interspersed with quotations from Confucian figures, rather than the usual propaganda glorifying the GMD, and which did not apply the legislation aimed at modernizing official documents (gongwen 公文). As the head of the Examination Yuan, Jiang strove to reconcile the new regime’s ambition to reinstate the pre-war legal framework, particularly the laws on the employment of civil servants, with the necessity of maintaining in place a majority of agents recruited by the Reformed Government (weixin zhengfu 維新政府) between 1938 and 1940. Just like the Nationalist Government upon its arrival in Jiangnan in 1927, the RNG struggled in 1940 to enforce the “regular path” (zhengtu 正途) of civil servant recruitment, that is, the sole tenuring of officials who had successfully passed one of the civil service examinations. Even before hoping to regularize other administrations, which were reluctant to evaluate their employees as required by the Ministry of Personnel, Jiang despaired at the situation in his own administration where, he complained in May 1940, “schemers were legion.” Concerned with ensuring one of the cardinal functions of the state in China, Jiang organized a series of examinations, including the gaokao (gaodeng kaoshi 高等考試), intended to recruit high-ranking officials. In total, only four editions were organized in Beijing and Nanjing between 1940 and 1942, with an additional extraordinary gaokao in September 1944.

A pedagogue at heart, Jiang regularly subjected his subordinates to lengthy lectures on world affairs. In January 1941, he re-established the Southern University, assuming its presidency while surrounding himself with an administrative council composed of members of the Nanjing government. Among the instructors he recruited, the poet Chen Fangke 陳方恪 (1891-1966), younger brother of the famous historian Chen Yinke 陳寅恪 (1890-1969), agreed to serve as the dean of the faculty of arts and letters, while also holding a position within the Examination Yuan and secretly working for Dai Li‘s Juntong 軍統. The enrollment of the Southern University increased from 192 students in 1941 to 248 the following year.

His substantial ministerial emoluments and his position as a guarantor of bureaucratic discipline did not prevent Jiang from becoming embroiled in an embarrassing affair, if Wang Manyun is to be believed. One day, while at a railway station under close surveillance due to Wang Jingwei‘s arrival, his luggage was searched by Japanese soldiers who discovered hairbrushes inside; a military supply whose transportation was strictly prohibited. It turned out that Jiang, taking advantage of his privileges to travel for free without being (in theory) harassed by the soldiery, supplemented his income by engaging in this petty trade. His status saved him from legal prosecution but not from ridicule. This episode reflects the general impoverishment that affected, among others, administrative personnel, despite regular salary increases, which did not compensate for the rampant inflation. Jiang thus offered half-days off to Examination Yuan officials to allow them to make ends meet by taking on a second job.

In 1944, Jiang decided to leave the government and traveled to Nagoya, where Wang Jingwei was hospitalized, to submit his resignation. As Wang’s health had deteriorated, he handed his letter to Wang’s close associates and returned to Nanjing, officially remaining in office. After transferring the presidency of the Southern University to Mei Siping, Jiang spent the summer of 1945 in Beijing, where he was arrested on December 5. Some sources claim that he posed as a monk in the Qingliang 清涼 Temple in Nanjing before fleeing to Beijing. At the conclusion of his trial, Jiang was sentenced to life imprisonment on September 2, 1946. The relative leniency of the verdict can likely be explained, in part, by Jiang’s limited powers within the Nanjing government. During his trial, he defended himself by emphasizing that the responsibilities of the Examination Yuan “were not related to domestic, foreign, economic, and military politics, so it was not placed under enemy command and thus did not find itself in a situation of collaboration with the enemy.” This defense was partially rejected by the judges, who pointed out that the Examination Yuan had contributed to the functioning of other administrations, without, however, refuting the argument regarding collaboration. Transferred to Shanghai after 1949, Jiang died in his cell on December 7, 1954.


Biographical Dictionary of Occupied China

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