[zi, Hanxi 翰西]
Originaire de Wuxi (Jiangsu), Yang Shoumei (plus connu sous son nom de courtoisie Yang Hanxi 楊翰西, sauf dans les sources relatives à la collaboration) naît dans un milieu de lettrés fonctionnaires comptant parmi les plus anciennes familles industrielles de Chine. Proches de Li Hongzhang 李鴻章 (1823-1901), son père et son oncle avaient créé en 1896 l’entreprise Yeqin 業勤 qui avait construit à Wuxi la première filature de coton du pays. Licencié de l’examen provincial en 1902, Yang Shoumei organise le secours aux réfugiés, après la terrible sécheresse qui frappe les provinces du Nord en 1901-1903, avant de travailler au Bureau des télégraphes (dianbaoju 電報局) de sa ville natale. En 1908, le vice-roi de Liangjiang, Duanfang 端方 (1861-1911) l’envoie au Japon pour étudier le système militaire, ce qui l’amène en 1909 à être nommé au ministère des Armées (lujunbu 陸軍部). Il occupe, par la suite, des postes au Guangdong avant de retourner à Wuxi après la chute des Qing.
Yang Shoumei commence alors à travailler pour le groupe industriel familial qui s’étend désormais au secteur bancaire. Durant les deux premières décennies de la République, Yang contribue grandement au développement du groupe et, avec lui, de Wuxi, tout en siégeant dans les organisations locales telles que la chambre de commerce. Profitant de l’âge d’or industriel au moment de la Première guerre mondiale, il construit les filatures Guangqin 廣勤 qui forment une entité indépendante lui permettant de ne pas en partager les profits avec ses cousins. Lorsque Wuxi est encerclée à l’hiver 1924-1925 par les troupes en déroute de Qi Xieyuan, Yang organise une milice qui, pendant une semaine, résiste aux soldats du seigneur de la guerre et protège la population. À l’arrivée des Nationalistes en 1927, il subventionne le comité local d’épuration du GMD. Au tournant des années 1930, Yang parvient à s’imposer comme le principal dirigeant du groupe Yeqin. Après avoir été très rentable au début des années 1920, celui-ci fait faillite et connaît plusieurs réorganisations après 1927. À la veille de la guerre, toutefois, il a repris sa production. Lorsque Wuxi connaît un afflux considérable de réfugiés au moment de l’attaque japonaise contre Shanghai en janvier 1932, Yang joue, à nouveau, un rôle central dans la gestion de la ville en coordonnant le travail des différents organismes de bienfaisance.
Au moment de l’invasion japonaise à l’été 1937, les deux principales filatures du groupe sont entièrement détruites mais la minoterie construite quelques mois plus tôt par Yang Shoumei est épargnée. Décidé à relancer sa production après le début de l’occupation et habitué à gérer les situations de crise que connaît Wuxi, il accepte de collaborer en prenant la direction du comité local de gouvernement autonome (difang zizhi weiyuanhui 地方自治委員會) établi le 10 décembre 1937. Devenu fournisseur de l’armée japonaise, son entreprise connaît une résurrection spectaculaire. Yang occupe divers postes au sein du Gouvernement réformé (weixin zhengfu 維新政府). Il est notamment chargé de diriger les travaux visant à rétablir le cours du Huanghe (fleuve Jaune), suite aux inondations catastrophiques provoquées par la destruction de ses digues sur ordre de Jiang Jieshi en juin 1938. Yang poursuit cette tâche sous le gouvernement de Wang Jingwei dans lequel il devient président du Comité d’hydraulique (shuili weiyuanhui 水利委員會) jusqu’en août 1941. Son quatrième fils, Yang Yanbin 楊彥斌 est nommé magistrat du district de Wuxi en 1942. Arrêté par le GMD à la fin de la guerre, Yang Shoumei est libéré avant l’arrivée des Communistes. Après s’être, un temps, caché à Shanghai, il se réfugie en 1951 à Hong Kong où il décède trois ans plus tard (ou bien à Taiwan en 1960 selon les sources).
Sources : Xu Youchun 2007, p. 2171 ; Lincoln 2015, p. 25, 62, 121, 149 ; ZMSD, p. 881 ; Coble 2003, p. 160-161 ; Ogasawara 2014, p. 56 sqq. ; Sun Yunnian 1987, p. 150-155.