Shanghaien de naissance, Ji Guozhen aurait été membre, à la fin du XIXe siècle, de la Bande rouge (hongbang 洪幫) avant de rejoindre la Bande verte (qingbang 青幫), participant à la lutte contre les Mandchous. Après la révolution de 1911, il devient capitaine d’industrie, notamment dans le secteur des lampes à pétrole. Il dirige également le Xin shichang 新市場 (Le Nouveau marché, rebaptisé Minzhong leguan 民眾樂觀, “Au bonheur du peuple”), un centre commercial et culturel d’un genre nouveau à Wuhan. Philanthrope, il est à l’origine de nombreuses œuvres caritatives, en particulier d’un « réseau d’ateliers pour pauvres » qui s’étend à Nankin, Shanghai, Hankou, Changsha et Yichang.
Au début de la guerre, il ouvre à Hankou une branche de la Société Anqing (anqing daoyou zonghui 安慶道友總會) fondée – d’abord sous le nom de Société de la voie jaune (huangdao hui 黃道會) – par Chang Yuqing 常玉清 (1888-1947) ; chef de la Bande verte dans le Nord-Jiangsu chargé par l’occupant d’organiser l’élimination des éléments anti-japonais. Après la prise de la ville en octobre 1938, Ji est choisi par les autorités d’occupation locales pour diriger le Comité de maintien de l’ordre (zhi’an weichihui 治安維持會) de Wuhan, inauguré le 25 novembre 1938.
Si ce choix se fait un peu par défaut, Ji Guozhen a pour lui d’être lié à la pègre qui apparaît aux Japonais comme un relais indispensable dans une ville portuaire où la population de dockers et de bateliers est particulièrement difficile à contrôler. De fait, les services spéciaux japonais participent à la mise en place d’une branche de la Bande verte à Wuhan, dont les membres, à l’exception de Ji, sont des militaires possédant une longue expérience du maintien de l’ordre en Chine du Nord. Lors de la fondation du gouvernement municipal de Wuhan en avril 1939, Ji est nommé à la tête du Bureau des conseillers (canshishi 參事室). Il est, l’année suivante, victime d’un attentat perpétré par les services spéciaux nationalistes.
Sources : JACAR C04121148900 ; Xu Xuyang , p. 426 ; Rowe 1982, p. 494-497 ; Cheng Hua 1990, p. 324 sq. ; Bergère 2002, p. 325 ; Martin 2001, p. 94 sq.
A Shanghai native, Ji Guozhen is said to have been, in the late 19th century, a member of the Red Gang (hongbang 洪幫) before joining the Green Gang (qingbang 青幫), taking part in the struggle against the Manchus. After the 1911 revolution, he became a capitalist, especially in the oil lamp industry. He also ran the Xin shichang 新市場 (The “New Market”, later renamed Minzhong leguan 民眾樂觀, “People’s Happiness”), a new kind of commercial and cultural mall in Wuhan. A philanthropist, he initiated many charities, in particular a “network of workshops for the poor” that branched out to Nanjing, Shanghai, Hankou, Changsha and Yichang.
At the beginning of the war, he opened a branch of the Anqing Society (anqing daoyou zonghui 安慶道友總會) in Hankou, founded – first as the Yellow Way Society (huangdao hui 黃道會) – by Chang Yuqing 常玉清 (1888-1947); leader of the Green Gang in North Jiangsu tasked by the occupiers with organizing the elimination of anti-Japanese elements. After the capture of the city in October 1938, Ji was chosen by the local occupation authorities to head the Wuhan Peace Maintenance Committee (zhi’an weichihui 治安維持會), inaugurated on November 25, 1938.
While this choice was made somewhat by default, Ji was connected to the mob, which the Japanese saw as a crucial asset in a port city where the dockworker and boatman population was particularly difficult to control. The Japanese army special service participated in the establishment of a branch of the Green Gang in Wuhan, whose members, with the exception of Ji, were military personnel with long experience in maintaining order in North China. When the Wuhan municipal government was founded in April 1939, Ji was appointed to head the Councilors’ Office (canshishi 參事室). The following year, he was the victim of an attack by the Nationalist special service.