Originaire de Wuchuan (Guangdong), Peng Dongyuan reçoit une formation militaire à l’Académie des officiers de marine de Huangpu (Huangpu shuishi xuetang 黃埔水師學堂), avant de partir en 1904 au Japon poursuivre ses études à l’École navale (kaigun heigakkō 海軍兵学校) comme boursier du gouvernement Qing. L’année suivante, il adhère en secret à la Ligue jurée (tongmenghui 同盟會). Après avoir pris part à la Révolution de 1911 à Shanghai au côté de Jiang Jieshi, Peng travaille comme conseiller dans le cabinet présidentiel de Li Yuanhong 黎元洪 (1864-1928), avant de suivre Sun Yat-sen à Canton en 1917. Nommé général et conseiller de Sun en 1923, il occupe diverses fonctions administratives durant la « décennie de Nankin », notamment au ministère des Transports.
Au début de la guerre, Peng s’installe à Hong Kong où des agents japonais le recrutent pour diriger le Comité de maintien de l’ordre de Canton (Guangzhou zhi’an weichihui 廣州治安維持會) inauguré le 20 décembre 1938. Le fonctionnement de l’administration cantonaise est d’emblée gêné par les luttes de factions qui opposent Peng à son vice-président, Lü Chunrong. L’arrivée du groupe de Wang Jingwei à l’été 1939 menace sa position. Bénéficiant du soutien du commandant en chef de l’Armée expéditionnaire de Chine du Sud, le général Andō Rikichi 安藤利吉 (1884-1946), Wang cherche à marginaliser Peng. En septembre 1939, il crée un Comité des affaires politiques du Guangdong (Guangdongsheng zhengwu weiyuanhui 廣東省政務委員會), dont Peng n’est qu’un membre parmi d’autres. Ce dernier réagit en abolissant le Comité de maintien de l’ordre le 18 novembre pour le remplacer par un Bureau municipal de Canton (Guangzhoushi gongshu 廣州市公署), dont il prend la tête.
Peng parvient ainsi à conserver un certain pouvoir à Canton, dont il reste le maire après la fondation du Gouvernement national réorganisé de Nankin en mars 1940. Il parvient notamment à placer l’un de ses fidèles, Li Daoxuan 李道軒, au poste de chef de la police dans le gouvernement provincial de Chen Yaozu et de préfet de police de Canton. Chen Bijun, à qui son époux Wang Jingwei délègue la gestion de la région, ne tarde toutefois pas à déloger Peng Dongyuan et Li Daoxuan, grâce à l’appui de Yazaki Kanjū. Le 16 janvier 1941, Peng doit laisser son siège de maire à Guan Zhongyi 關仲義, un commerçant ayant longtemps vécu au Japon, lui-même prestement remplacé par Zhou Huaren. Peng se voit offrir, comme lot de consolation, le poste de consul à Kobe qu’il refuse. Prenant prétexte de son état de santé, il rompt discrètement avec le nouveau régime, au point d’être tenu pour mort en 1944. Il réapparaît en 1948 à Hong Kong où il se retire dans le monastère zen de Tsing Shan (qingshan chanyuan 青山禪院) jusqu’à sa mort en 1954.
Sources : MRDC, p. 1090 ; SSY, p. 189 ; Baidu ; RQGD, p. 243 ; ADF 327 ; Yick 2014 ; MZN, p. 1122.
Originaire du Hebei, diplômé de l’Université de Waseda 早稲田大学 (Tokyo), Pan Yugui se spécialise à son retour en Chine dans l’administration policière d’abord sous les Qing, puis dans la clique du Zhili (直隸系). Conseiller au ministère de l’Armée du gouvernement de Nankin après 1927, il devient, dans les années 1930, conseiller de Song Zheyuan 宋哲元 (1885-1940) qu’il suit au Conseil des affaires politiques du Hebei-Chahar (Ji-Cha zhengwu weiyuanhui 冀察政務委員會). Au début de la guerre, il décide de demeurer à Pékin où il participe au comité local de maintien de l’ordre (zhi’an weichihui 治安維持會). Maire de Tianjin sous le Gouvernement provisoire (linshi zhengfu 臨時政府) à partir de mai 1938, Pan quitte ce poste au moment de la réorganisation qui accompagne l’inauguration du gouvernement de Wang Jingwei en mars 1940. Il siège par la suite au sein du Conseil des affaires politiques de Chine du Nord (Huabei zhengwu weiyuanhui 華北政務委員會). Pan est arrêté pour trahison au lendemain de la guerre. Il demeure en prison à Shanghai jusqu’à sa mort, quinze ans plus tard.
Sources : Xu Youchun 2007, p. 2555 ; SSY, p. 179 ; MZN, p. 1140 ; Wang Shiren 1982.